Les blocages administratifs et le manque d'accès au financement constituent les principales difficultés rencontrées par les jeunes entrepreneurs tunisiens, et encore plus pour les start-up. Ces nouvelles formes d'entreprises qui ont émergé ces dernières années sont de réelles opportunités pour les jeunes talents tunisiens, mais elles requièrent un cadre juridique particulier, leur permettant de se développer Les opportunités que présentent les start-up sont bien réelles, si elles sont bien exploitées. Selon le magazine britannique «The Economist», la part des clusters de start-up dans le PIB est de 16% pour la Silicon Valley aux Etats-Unis. De même, la part des start-up et des jeunes entreprises dans les nouveaux emplois aux Etats-Unis est de 24%, selon le ministère de l'Emploi américain. L'Estonie est aussi un exemple très important pour montrer le rôle de la dynamique entrepreneuriale dans la génération de richesse, avec une part de 15% dans le PIB, généré par le cluster des start-up « Tallin ». La création de l'unicorne "Skype", en 2013, a également été le déclencheur d'une révolution culturelle, qui a catalysé la dynamique entrepreneuriale dans le pays. C'est le cas également de la Jordanie qui figure parmi le Top 10 des pays les plus favorables pour lancer sa start-up. Elle attire 45% de l'investissement «Venture Capital» et produit 75% du contenu internet dans la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Dynamique faible Pour la Tunisie, cette dynamique reste encore faible, bien que le potentiel soit très grand. Selon le Global Entrepreneurship Monitor pour l'année 2012, la part de la population (18-64 ans) exerçant une activité entrepreneuriale early stage par opportunité est seulement de 2%, parmi les économies qu'on appelle «efficiency driven economies». Une performance qui nous place loin derrière le Chili où ce taux s'élève à 15,4%, le Brésil (9,1%), l'Estonie (7%), la Turquie (6,7%), la Chine (5,1%) et la Malaisie (4,2%). Selon le ministère des Technologies de la communication et de l'Economie numérique, trois obstacles majeurs entravent l'émergence de jeunes entrepreneurs. En premier, les barrières psychologiques traduites par un manque d'inspiration et peu de visibilité des success stories locales ou internationales, l'absence d'un filet de sauvetage en cas d'échec et la peur de la précarité financière pour les entrepreneurs durant l'étape early stage. Il s'agit également d'un manque d'accompagnement des start-up. Il existe peu d'initiatives de qualité et intégrées dans la chaîne de valeur entrepreneuriale pour cet accompagnement ainsi que peu d'accélérateurs de qualité et une offre de financement non adaptée. Le cadre juridique et administratif reste aussi un handicap. Il est peu adapté à l'émergence des start-up locales et internationales, qui sont caractérisées par l'agilité économique. Start-up Act Une situation à laquelle le projet de «Start-up Act» tente de pallier. Selon Anouar Maarouf, ministre des Technologies de la communication et de l'Economie numérique, cette approche se base sur quatre piliers : le cadre juridique, les véhicules d'accompagnement, un environnement dynamique et un système éducatif faisant de la créativité une culture et une mentalité. "Ce projet n'est pas un concurrent à la loi sur l'investissement. Mais il s'agit d'une brèche pour une catégorie bien précise d'entrepreneurs. Dans plusieurs pays dans le monde, la révolution numérique a été possible grâce aux start-up", indique-t-il. Ce projet vise, d'un côté, les start-up locales afin de créer en Tunisie un écosystème vibrant et dynamique avec le but qu'elle soit la première en Afrique et la 2e dans la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord en termes de nombre de start-up par mille habitants. D'un autre côté, les start-up internationales, faisant de la Tunisie une rampe de lancement pour les start-up d'envergure internationale et à terme, devenir un hub entrepreneurial dans la région d'ici 2020, selon la vision du ministère des Technologies de la communication et de l'Economie numérique. Les dispositions de "Start-up Act" se déclinent en trois axes. En premier lieu, la modernisation du cadre juridique. En second lieu, la simplification des procédures administratives. En troisième lieu, la création d'un écosystème d'exellence permettant la labellisation des start-up. Il est prévu également la création du Collège des start-up, une instance nationale dépendant du ministère des Technologies de la communication et de l'Economie numérique. Il sera chargé de la labellisation, du fonctionnement du guichet des start-up, de l'octroi d'avantages aux start-up et de la gestion du Fonds de garantie pour l'innovation. Des avantages fiscaux sont également proposés, à savoir l'exonération de l'impôt sur les sociétés et l'exonération des charges salariales et patronales.