L'exportation de nos produits plastiques se tient à un niveau élevé vers l'Ethiopie et l'Algérie, mais elle a chuté pour la Libye Au total, 210 exposants ont participé cette année au Salon Plastic Expo 2017 qui s'est tenu au Parc des Expositions du Kram du 12 au 15 avril, parallèlement au Salon international de l'emballage et de l'imprimerie, Pack Print Tunisia. Une quarantaine d'exposants étrangers ont pris part à ce grand rendez-vous. Ils sont venus de l'Algérie, Maroc, Egypte, France, Italie, Espagne, Allemagne, Turquie, Chine et Taiwan exposer leur savoir-faire dans le domaine de l'industrie plastique. Fabricants, revendeurs, distributeurs, importateurs, exportateurs, grossistes, détaillants en équipement, matériaux, produits, fournitures et service en relation avec le secteur de la plasturgie, ont répondu présent dans un espace privilégié de rencontre et d'échange. Se retourner vers l'Afrique C'est une occasion pour exposer les dernières technologies dans la plasturgie, les innovations et les créations, tant au niveau de la matière première que sur le plan des machines et équipements, ainsi que l'acquisition de nouvelles expériences pour les entreprises nationales. Plastic Expo 2017 est aussi une porte ouverte pour les entrepreneurs étrangers qui sont tentés par l'investissement en Tunisie, ce qui aura un impact positif sur le marché de l'emploi, nous a expliqué M. Arbi Mrabet, directeur de Plastic Expo 2017. La nouvelle loi interdisant les sacs en plastique dans les grandes surfaces dans notre pays explique bien la participation d'entreprises étrangères spécialisées dans la production des sacs biodégradables. M. Arbi Mrabet a fait savoir que le marché de la plasturgie se porte bien en Tunisie, que des Algériens viennent chez nous pour l'acquisition de la matière première plastique qui est meilleure sur le plan de la qualité et moins chère qu'en Algérie au niveau du coût. L'exportation de nos produits plastiques se tient à un niveau élevé vers l'Ethiopie et l'Algérie mais elle a chuté pour la Libye, ajoute M. Mrabet. Il conseille d'ailleurs nos industriels d'exporter vers l'Afrique, c'est le marché du futur. Sacs biodégradables, les Chinois arrivent Pour ce qui est de l'industrie de la plasturgie tunisienne, elle comprend jusqu'à la fin de 2013, 283 entreprises de 10 salariés et plus. Elles emploient 15430 personnes. 70% des unités sont totalement exportatrices et emploient à elles seules 8.197 salariés. Les articles d'emballage en plastique, les pièces techniques et les sacs, sachets et housses en plastique sont les principaux produits fabriqués par les unités tunisiennes selon le nombre d'entreprises. Cependant, après l'interdiction des sacs en plastique, certaines PME devront soit mettre la clé sous la porte soit s'adapter à cette nouvelle situation et opter pour la production de sacs biodégradables. Les Chinois sont présents en force pour leur première participation à ce salon. L'une des représentantes d'une société chinoise spécialisée dans la fabrication de sacs en plastique biodégradables nous a déclaré qu'elle a pris part la semaine dernière à une exposition se rapportant à la plasturgie au Maroc, mais le salon tunisien Plastic Expo 2017 est plus professionnel, commente-t-elle en arabe. Il y a plus de possibilités de conclure des marchés dans votre pays, ajoute-t-elle. L'exposante chinoise fait remarquer que son entreprise a une expérience avérée dans ce domaine, qu'elle n'a pas peur de la concurrence des autres sociétés étrangères. « Nos sacs bio respectent les normes de l'Union européenne, mais nos prix sont les moins chers », confirme-t-elle. Installer des usines en Tunisie spécialisées dans la fabrication des sacs bio ? Pourquoi pas, répond-elle, mais l'heure est à l'étude du marché tunisien. Problèmes d'insolvabilité, de douane et lenteur au port de Radès Le secteur de l'emballage et de l'imprimerie occupe une place importante dans l'industrie du pays. Il compte au total 400 entreprises. C'est un secteur en pleine expansion avec une croissance annuelle de 10%. Il emploie 25.000 personnes et contribue à hauteur de 4% au PIB de l'industrie diverse. La production totale du secteur de l'emballage et de l'imprimerie a atteint une valeur de 1 milliard de dinars en 2016, selon le Centre technique de l'emballage et du conditionnement (packtec). Mais ce secteur connaît bien des problèmes. Selon Adnène Safraoui (expert en solutions d'emballage et directeur commercial à TouPack), il ya une nette baisse au niveau de la demande en raison de la conjoncture économique du pays. Il a évoqué aussi les difficultés que rencontrent les jeunes entrepreneurs en raison du manque de sources de financement. Auparavant, on consacrait deux halls pour les exposants, mais pour cette année, on n'en trouve qu'un seul. Et d'ajouter qu'il y a un grand problème d'insolvabilité actuellement. On ne peut pas passer la vitesse supérieure, c'est-à-dire au développement et à l'acquisition de nouvelles machines en raison de ce problème, insiste-t-il. On travaillait beaucoup par le passé sur le marché libyen, malheureusement, avec la situation qui prévaut dans ce pays, nos chiffres d'affaires ont connu un fléchissement, conclut-il. Safa Ayachi, représentante de la société franco-tunisienne de thermoplastique, a souligné l'importance de raffermir encore plus les liens de coopération avec nos voisins les Algériens à l'occasion de ce salon. Elle a cependant pointé du doigt la lenteur observée au niveau du port de Radès : «C'est une vraie catastrophe, on perd un temps fou pour faire sortir la matière première de ce port», constate-t-elle. Elle a déploré, à son tour, la baisse du nombre d'exposants pour le salon 2017. De son côté, Patrice Collin, expert certifié en colorimétrie et consultant officiel du Centre technique de l'emballage et du conditionnement, Packtec, nous a déclaré que le système de fonctionnement de la douane dans notre pays est très compliqué, «c'est un frein pour l'économie», lance-t-il. Et d'ajouter que faire sortir du matériel du port de Radès n'est pas chose facile et les obstacles à ce niveau sont monnaie courante, ce qui met l'économie du pays en danger, selon ses dires. Il a fait remarquer que les investissements importants réalisés dans le domaine du packaging, l'emballage et l'impression démontrent bien que la Tunisie a d'énormes capacités pour la production interne et surtout l'exportation, d'autant plus que dans la plasturgie tunisienne, de plus en plus d'entreprises européennes jouent le rôle de donneurs d'ordre pour la transformation de matière première plastique et de produits semi-finis . Patrice Collin a aussi soulevé le problème de l'insolvabilité et les délais de paiement. « Il faut attendre des fois jusqu'a dix mois pour payer un fournisseur, chez nous, on dit qui paye ses dettes s'enrichit, malheureusement en Tunisie, on croit que plus on retarde le paiement, plus on est riche, ce qui est faux, c'est tout le système qu'on est en train d'appauvrir», conclut-il.