NAIROBI (AP) — Le parc national du Serengeti, en Tanzanie, est une vaste plaine ponctuée d'acacias et de trous d'eau où gnous et zèbres se rassemblent en formidables troupeaux pour la migration annuelle. Or, selon les défenseurs de la nature, un projet d'autoroute menace ce rendez-vous spectaculaire et tout l'écosystème de la région. La Société de protection de la faune sauvage (WCS) et la Société zoologique de Londres exhortent le gouvernement à y renoncer. "Le Serengeti est le site de l'une des plus grandes migrations d'ongulés du monde, le symbole exceptionnel de la nature sauvage pour des millions de visiteurs et de téléspectateurs et une source de revenu extrêmement importante pour la population tanzanienne, grâce à l'écotourisme", souligne James Deutsch, directeur exécutif du programme Afrique de WCS. "Menacer cette merveille naturelle avec une route serait une tragédie", estime-t-il. En 2012, la route de 420km relierait Arusha, près du mont Kilimandjaro (Nord-Est), à Musoma, au bord du lac Victoria (Nord). Elle couperait le Nord du Serengeti, menaçant potentiellement deux millions de gnous et de zèbres qui traversent la frontière kényane chaque année pour trouver de l'eau, migrant du sud du Serengeti vers la réserve de Masaï Mara au nord-est. Le gouvernement affirme que cette autoroute est nécessaire pour connecter l'Ouest du pays avec l'activité commerciale de la côte Est, et le Président Jakaya Kikwete est déterminé à la construire, alors que les opposants soutiennent qu'elle pourrait tout aussi bien passer par le Sud du Serengeti, sans toucher la route migratoire. Un porte-parole des Parcs nationaux de Tanzanie, Pascal Shelutete, assure quant à lui que "le projet ne démarrera pas avant que toutes les études (nécessaires) soient réalisées pour en déterminer les conséquences positives et négatives". Mais, selon des responsables cités par les médias, les études sont déjà bouclées et le projet est sur les rails. Les défenseurs de la nature soulignent qu'une route passant par le Nord du Serengeti facilitera l'accès aux braconniers et prédisent "un déclin catastrophique" des populations de gnous et de zèbres, car la migration sera réduite et que des animaux seront heurtés par les véhicules. "Quand ça arrivera, les autorités voudront ériger une clôture et, une fois qu'il y aura une clôture, ça arrêtera complètement la migration", explique Sarah Christie, de la Société zoologique de Londres. La Société zoologique de Francfort a également tiré la sonnette d'alarme quant aux effets désastreux de la route sur l'écosystème de la région. De l'autre côté de la frontière, la porte-parole du Service kényan de la faune, Kentice Tikilo, s'attend à un impact négatif pour la réserve de Masaï Mara. Les animaux ont l'habitude de circuler entre les deux parcs: si la population animale diminue, le parc de Masaï Mara perdra des animaux et attirera moins de touristes. "Nous sommes des défenseurs de la nature et nous voulons être sûrs de protéger notre patrimoine", souligne-t-elle.