Ouverture de «Tunis capitale de la danse», avant-hier soir au Théâtre municipal de Tunis. Une vraie fête où le corps revendique et impose ses écritures les plus modernes. Presque concomitante avec le spectacle au 4e art d'Imène Samaoui, l'ouverture de «Tunis capitale de la danse» au Théâtre municipal a vu autant de monde venu assister à l'événement. La fondatrice du festival Sihem Belkhodja prendra la parole pour présenter le programme de la soirée: «Merci de participer à l'aventure, n'oubliez pas que c'est une compétition tunisienne», conclut-elle avant de donner la parole à Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur de France en Tunisie : «Tunis capitale de la danse est à un événement que nous avons toujours accompagné, dit-il. Cet événement est une manifestation de la liberté, de l'espace, du corps, des femmes et des hommes et...? vous en verrez ce soir une formidable expression». C'est Nawel Lagraâ qui ouvrira le bal avec un solo d'une extrême justesse dans le geste, un geste qui, à mesure que l'artiste évolue sur scène, devient une expression de l'intérieur du personnage et de son état d'âme car ce solo décrit l'errance d'une femme prise dans les tempêtes de la vie. «Sans défense, comme une solitude arrachée après une catastrophe, un tremblement de terre. Et le corps se remet à parler là où la voix n'est plus là, le temps de retrouver ses marques, ses appuis, de se réhabituer aux vertiges et de s'inscrire, de nouveau, dans la réalité». Pendant une vingtaine de minutes Nawal Lagraâ à livré une performance de très haut niveau et a réussi cette difficile écriture avec le corps de toutes les fragilités féminines. La deuxième partie de la soirée sera assurée par un spectacle d'Angelin Preljocaj «Play-list 2» avec une interprétation de Mirea Delogu, Isabelle Garcia Lopez, Giulia Strambini, Idir Chatar, Jean Baptiste de Gimel. Sur des extraits de 1985, à l'instar de «Peur bleue» jusqu'à des extraits de 2016 comme «La fresque» ces jeunes danseurs du Ballet Preljocaj junior ont présenté un projet inédit dans le domaine de la danse. On constate, de nouveau, à quel point Angelin Preljocaj est doué pour raconter des histoires sans rien céder d'une exigence chorégraphique fondamentale. C'est justement tout l'art de la narration qui a fait le succès d'Angelin Preljocaj qu'on retrouve sur la scène du Théâtre municipal avec une troupe de jeunes qui semble assurer une vraie relève du fameux ballet. C'est, ensuite, autour du spectacle «Dakhla» de Abou Lagraâ de conclure le triptyque. Un voyage chorégraphique entre Alger la blanche, New York qui ne dort jamais et Hambourg la plus grande scène techno d'Europe. Ce qui nous retient dans cette chorégraphie, c'est sa capacité à avoir fusionné le hip-hop à la danse contemporaine. Une chorégraphie qui aurait pu tomber dans le piège de l'assemblage de genres, mais, grâce à une écriture sonore et visuelle très exigeante, elle a réussi à relever le défi. Aucun moment, on ressent un décalage, tellement on était pris dans ce va-et-vient entre les «villes» et les corps qui ne connaissent plus de limites.