Par Dr Férid RACHDI (Directeur de recherche au CNRS Université de Montpellier-France) La Tunisie est déterminée à inscrire les actions de formation et de recherche dans le double cadre d'une économie et d'une société de la connaissance. La notion d'économie de la connaissance repose sur l'idée que, dans les sociétés contemporaines, les facteurs-clés qui confèrent un avantage compétitif aux acteurs économiques ne sont pas seulement de l'ordre du matériel (démographie, matières premières, sources d'énergie), mais d'abord et avant tout de nature immatérielle (information, savoir-faire, compétences scientifiques et organisationnelles). La notion de société de la connaissance, trop souvent entendue en un sens exclusivement économique, est plus large : c'est l'idée d'une société qui, à tous ses niveaux d'organisation, valorise la production, l'utilisation, la diffusion et le juste partage des connaissances. L'Etat tunisien a engagé ses universités dans une réforme ambitieuse qui vise à les placer au cœur de l'économie et de la société du savoir. Ainsi l'université est appelée à devenir un des grands outils de la croissance économique sachant que la connaissance est source de richesses. Cette réforme favorise le développement du partenariat universités-entreprises qui doit passer d'abord par un dialogue stratégique en amont destiné à identifier les attentes des entreprises et à contribuer à la définition de la stratégie de la formation et de la recherche. Les universités ont rapidement pris la mesure de l'enjeu et ont transformé leurs filières courtes en licences appliquées et ont créé des Masters professionnels en s'ouvrant fortement sur l'environnement socioéconomique à travers ces formations. Ceci a généré de fortes interactions avec des entreprises nationales dans différents domaines tels que la biotechnologie, les télécommunications, l'agroalimentaire, la chimie, etc. Ces efforts doivent être poursuivis et renforcés pour que l'université tunisienne gagne définitivement la confiance des entreprises qui ne devraient plus hésiter à lui confier leurs projets de recherche développement et contribuer à l'effort national de financement de la recherche. Dans le cadre de cet article que j'ai voulu succinct et introductif de quelques idées pertinentes sur le projet de développement de la recherche scientifique et la formation dans notre pays, je me limite à mentionner ces idées que j'espère pouvoir développer dans un prochain article : – Poursuivre l'organisation des établissements publics de recherche scientifique avec la création de laboratoires et d'unités de recherche se consacrant à des activités de recherche qui répondent aux priorités nationales, dotés de ressources humaines et matériels significatives et avec l'objectif de mutualisation des moyens de la recherche. – Renforcer la coordination entre les différentes composantes du système national de la recherche scientifique afin de créer les synergies nécessaires pour une meilleure valorisation des compétences et des moyens financiers et matériels qui lui sont consacrés. – Favoriser le développement des compétences pour consolider le système national de la recherche scientifique. – Inciter les chercheurs à développer des projets pluridisciplinaires qui soient fédérateurs et sources d'enrichissement et d'innovation. – Simplifier les procédures d'exécution des programmes de recherche dans les laboratoires et unités de recherche et assouplir les procédures d'utilisation des fonds qui leur sont alloués. – Promouvoir l'innovation et le développement technologique à travers le soutien aux entreprises innovantes et la valorisation des résultats de la recherche et renforcer le partenariat université-entreprise. – Evaluer les activités de recherche des laboratoires et des chercheurs par des structures composées d'experts nationaux et internationaux du public et du privé. – Développer la coopération internationale pour permettre aux chercheurs tunisiens de s'ouvrir sur les projets de recherche de leurs partenaires étrangers, s'enrichir de leurs compétences et leurs expériences et bénéficier des financements internationaux de la recherche. Les universités tunisiennes se sont engagées dans cette ambition. Je suis convaincu qu'elles rempliront leur mission et contribueront à l'édification de la société du savoir qui fera la fierté de tous les Tunisiens.