La maison de la culture Ibn Rachiq a abrité, samedi matin, une manifestation sur le thème «Le langage des signes: identité des jeunes sourds-muets», organisée par l'Association tunisienne «La voix du sourd», sous l'égide de la Fédération mondiale des sourds. Présidant l'ouverture de cette rencontre, M. Samir Laâbidi, ministre de la Jeunesse, des Sports et de l'Education physique, a souligné que cette manifestation qui s'inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale des sourds, traduit l'intérêt particulier qu'accorde la Tunisie aux catégories à besoins spécifiques. Il a mis en exergue la sollicitude constante dont le Président Zine El Abidine Ben Ali et son épouse, Madame Leïla Ben Ali, entourent cette frange de la société, illustrée par un train de mesures favorisant son adhésion au tissu social, par souci d'égalité des chances. M. Laâbidi a rappelé le rôle important joué par l'Association tunisienne «La voix du sourd» dans l'encadrement et la formation de cette catégorie sociale dans les différents domaines, précisant que les jeunes sourds sont capables de briller et d'épanouir leurs talents dans tous les domaines, notamment dans le domaine du sport. Le ministre a cité, à cet égard, en exemple la performance accomplie par l'équipe de football à cinq de cette association qui a réussi à remporter le championnat arabe organisé en mars dernier en Jordanie. Il a appelé à l'élaboration d'un programme riche et varié de manifestations et d'excursions afin d'associer les jeunes à besoins spécifiques à la célébration de l'Anné internationale de la jeunesse, dont le coup d'envoi a été donné le 12 août dernier, sur initiative du Président de la République, réaffirmant la disposition de son ministère à soutenir les activités de cette association. Une langue à part entière De son côté, l'Association tunisienne «Voix du sourd» (Avst) a célébré, samedi, la Journée mondiale de la langue des signes. A cette occasion, une campagne de sensibilisation a été organisée dans les écoles, lycées et maisons de la culture, avec au programme des interventions assurées par des sourds et des entendants sur les thèmes: «l'entourage du sourd», «le sida et la prévention», «la réussite et l'échec chez les sourds» et «le sourd et la religion». En outre, une conférence sur le thème «la langue des signes: identité des jeunes sourds» a été organisée par l'Avst, hier, à la maison de la culture Ibn Rachiq, en présence de parents de malentendants, de médecins spécialistes des problèmes auditifs et d'universitaires. M. Moncef Ezzeddine, président de l'Avst, a fait savoir que la célébration de la Journée mondiale de la langue des signes, anciennement appelée Journée mondiale des sourds, est organisée chaque année, le dernier samedi de septembre, à l'initiative de la Fédération mondiale des sourds, dans l'ambition de sensibiliser la société à l'identité de la communauté des sourds, d'accroître la notoriété du langage des signes auprès de l'opinion publique et de le faire reconnaître comme langue à part entière qui distingue une communauté, voire une importante frange de la société. En Tunisie, il existe plus de 40.000 sourds et malentendants. Le conférencier a défini la notion de langue des signes comme étant un langage visuel utilisé par les sourds pour traduire leur pensée. C'est une langue à part entière et un des piliers de l'identité culturelle des sourds, a-t-il ajouté. Par ailleurs, il a appelé à la sensibilisation des responsables en charge des programmes d'éducation et d'enseignement de par le monde pour reconnaître même implicitement le langage des signes comme langue officielle garantissant aux malentendants un minimum de communication. De son côté, M. Lotfi Zekri, audio-prothésiste, bioacousticien médical, a affirmé clairement que «oui», le signe est capable de se substituer au mot et qu'il le peut, aussi, pour le conceptuel, si la recherche scientifique avec l'aide des sourds le prennent en charge. Il a exhorté la société civile à s'impliquer davantage dans la promotion de l'autonomie des sourds et leur intégration dans la vie socioprofessionnelle. Il a appelé à l'élaboration de programmes pédagogiques qui tiennent compte des besoins spécifiques des sourds, afin que l'école puisse les intégrer avec leur différence. La conférence a été, aussi, l'occasion de faire une brève immersion dans l'univers des sourds à travers une prestation sur scène baptisée «Le cri des mains» de Fatma Kharrat, jeune artiste sourde.