Le secteur des hydrocarbures constitue sans doute un secteur stratégique pour l'économie tunisienne, avec d'importantes recettes versées à l'Etat. Mais des questionnements émergent de toutes parts sur la réelle importance de ces recettes, surtout après le débat farouche provoqué ces dernières semaines sur le potentiel des ressources énergétiques en Tunisie Le total des revenus du secteur des hydrocarbures (pétrole, gaz et gaz liquéfié) est de 2,424 MDT en 2016 contre 3,349 MDT en 2015 et 6,698 MDT en 2012 Le potentiel du secteur tunisien des hydrocarbures a été longuement présenté hier, lors de la 2e journée du séminaire sur «Le rôle des syndicats dans le maintien des ressources naturelles et du secteur des hydrocarbures», organisé par l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), avec une présence en force de responsables du ministère de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables. Une présence qui dénote une volonté de la part du ministère de couper court aux suspicions. D‘ailleurs, Hela Cheikhrouhou, ministre de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables, sera présente aussi à la clôture du séminaire, prévue pour aujourd'hui. Selon Mehdi Ben Ameur, directeur du service des affaires fiscales et économiques au ministère, le total des recettes de l'Etat du secteur sont de l'ordre de 865 MDT en 2016 contre 1.197 MDT en 2015 et 3.054 MDT en 2012. Ces recettes sont calculées sur la base d'une soustraction entre le total des revenus et le total des charges. Ainsi, le total des revenus du secteur des hydrocarbures (pétrole, gaz et gaz liquéfié) est de 2,424 MDT en 2016 contre 3,349 MDT en 2015 et 6,698 MDT en 2012. Difficultés conjoncturelles Cette régression est due, selon M. Ben Ameur, à l'augmentation du prix de change, la baisse du prix de vente du pétrole (44 dollar en 2016 contre 52 dollars en 2015, 111 dollars en 2012), la baisse de la production pétrolière (45.800 barils par jour contre 49.000 barils en 2015 et 66.800 barils en 2012). S'y ajoutent la baisse du prix de vente du gaz (148 dollars par tonne équivalent Pétrole (TPE) contre 262 dollars par TPE en 2015 et 490 dollars par TPE en 2012), la baisse de la production du gaz (2,3 millions TPE en 2015 contre 2,6 millions TPE en 2015 et 3,2 millions TPE en 2012) et aussi du prix de vente du gaz liquéfié (200 dollars par m3 en 2016 contre 360 dollars par m3 en 2015 et 500 dollars par m3 en 2012). Ainsi, M. Ben Ameur précise que les recettes de l'Etat proviennent essentiellement des impôts sur le bénéfice payés par l'Entreprise tunisienne des activités pétrolières (Etap) et les sociétés pétrolières. Elle est entre 50% et 75% des revenus pour le pétrole et 50% et 65% pour le gaz. Elle est estimée en 2016 à 455 MDT contre 589 MDT en 2015 et 1.560 MDT en 2012. Il s'agit aussi de la redevance sur les hydrocarbures qui est payée par l'Entreprise tunisienne des activités pétrolières (Etap) et les sociétés pétrolières en nature pour le pétrole et commercialisée ensuite par l'Etap pour le compte de l'Etat et en espèces pour le gaz, après évaluation par les autorités concernées. Cette redevance est de 287 MDT en 2016 contre 281 MDT en 2015 et 617 MDT en 2012. Ajoutons à cela d'autres recettes, à savoir les bénéfices de l'Etap, la différence de prix du pétrole d'El Borma et Sidi Litayem et aussi la différence de prix du pétrole destiné au marché local. Ces revenus sont passés de 875 MDT en 2012 à 327 MDT en 2015 et 114 MDT en 2016. Par rapport au positionnement de la Tunisie entre ses voisins, l'Algérie, la Libye et l'Egypte, M. Ben Ameur a indiqué qu'une étude du cabinet Mckenzie, datant de 2007, sur les potentialités énergétiques et l'attractivité fiscale dans la région de l'Afrique du Nord a montré que la Tunisie se positionne en médiane sur la base de la moyenne des revenus des pays indiqués, soit 70%, et la moyenne de 17 dollars par baril pour l'investisseur potentiel. Il affirme que cette position garantit l'intérêt de l'Etat tunisien et aussi l'intérêt de l'investisseur.