Sur le plan nutritionnel, le mois de Ramadan entraîne forcément des changements dans les habitudes alimentaires et requiert, ainsi, une vigilance et une hygiène de vie appropriées afin de préserver notre bonne santé. Cette exigence concerne bien évidemment plus les personnes diabétiques pour lesquelles le jeûne pourrait être d'une gravité lourde de conséquences sur leur santé. Tel est, en somme, le message véhiculé par la campagne de sensibilisation, menée, à l'orée du mois de Ramadan à Sfax, par les laboratoires Novo Nordisk Tunisie & Libye en partenariat avec l'Amicale des endocrinologues diabétologues de Sfax et la Maison du diabète. «Pareille campagne, organisée à Sousse comme à Tunis, a un double objectif, la sensibilisation et le dépistage des cas de diabète, généralement méconnus. A Sfax, l'action a permis de dépister près de 600 participants, dont 113 patients diabétiques mal équilibrés, qui ont pu profiter des conseils diététiques et thérapeutiques nécessaires à l'équilibre de leur diabète. Mieux même, elle a permis de diagnostiquer 42 nouveaux diabétiques», souligne Dr Mohamed Belassoued, président de l'Amicale des endocrinologues et diabétologues de Sfax. Consulter son médecin traitant Le programme de la journée a comporté des conseils diététiques, un dépistage gratuit du diabète et de l'hypertension artérielle, un atelier de discussion ouverte avec des médecins spécialistes (cardiologues, néphrologues, diabétologues et nutritionnistes), ainsi qu'un professeur de l'Institut supérieur de théologie, en plus d'exercices et d'ateliers nutritionnels et éducatifs. Autant d'actions de sensibilisation sur le diabète destinées à «Promouvoir un mode de vie sain lors du mois de Ramadan et à éduquer le grand public, ainsi que le patient diabétique sur les bonnes habitudes nutritionnelles». Ce qu'il conviendrait de retenir notamment de cette campagne, c'est le message destiné à combattre les idées reçues. «Même si les vertus du jeûne sont incontestables, les recommandations concernant l'abstinence ne sont pas valables pour les personnes atteintes de diabète, du moins pour tous les malades, en raison des risques potentiels de complications», précise le Dr Belassoued. Seul, le médecin est habilité à catégoriser les patients. Il est fortement recommandé, toutefois, de consulter son médecin traitant, deux mois avec le début du mois de carême, pour préparer le jeûne dans les conditions requises , dans la mesure où, «le jeûne du patient diabétique nécessite un suivi encore plus rapproché et une préparation préalable impliquant patient et soignant». Sinon, ce ne serait pas bien sérieux. Le diabète : l'une des plus grandes pandémies du siècle En tout état de cause, les malades présentant des risques de complications élevés, devraient s'abstenir impérativement de jeûner. Par contre, pour les autres cas, le jeûne pourrait être autorisé dans le strict respect de certaines règles. A ce propos, le président de l'Amicale des endocrinologues et diabétologues de Sfax conseille de modifier un peu le traitement pendant le mois de Ramadan et de suivre un régime alimentaire correct et équilibré, exempt de sucreries et de matières grasses. A l'iftar, il est recommandé de prendre des aliments liquides (soupe, potage, etc.) et un tout petit peu de sucreries. Le régime alimentaire doit comporter des fibres, des légumes, du poisson, de la viande et des fruits, sachant que les mêmes conseils sont valables pour ce qui est du repas du Shour. Il est très important aussi que le jeûneur diabétique boive de l'eau, en grandes quantités. En cas de non-observance desdites recommandations, le malade s'expose aux risques d'hypo et d'hyperglycémie. Toujours, selon le Dr Belassoued, ce risque pourrait être, cependant, évité grâce à l'auto-surveillance. Le malade a, en effet, la possibilité de suivre sa glycémie. Il est nécessaire, pour ce faire, d'avoir un appareil de mesure de la glycémie capillaire et de mesurer soi-même sa glycémie sanguine au moins quatre fois par jour, soit vers 11h30, 16h00, avant l'iftar, après l'iftar et au Shour. Il est à signaler, enfin, que, selon l'Association des endocrinologues et diabétologues, le diabète est actuellement l'une des plus grandes pandémies du XXe siècle. Il présente une évolution exponentielle en Tunisie depuis quelques années. En effet, son incidence est passé de 13 à 15% entre 1997 et 2005, et elle est estimée à 27% en 2027. Avec une telle évolution, la prise en charge des complications dues au diabète représente de plus en plus un fardeau pour le système de santé tunisien.