L'avancée scientifique (médicale et technique) met à la disposition de la population diabétique une pompe à insuline et des médicaments dits «inhibiteurs de la DPP4, deux produits efficaces pour le contrôle du diabète. Des produits qui ne sont toujours pas remboursables par la Cnam. La célébration, le 14 novembre, de la Journée mondiale du diabète constitue une occasion mondiale pour condenser l'intérêt que portent les politiques de la santé à la lutte contre l'évolution ô combien alarmante de l'une des maladies des temps modernes. En Tunisie, cette évolution se traduit par l'augmentation de la prévalence, laquelle était de seulement 7% en 2004/ 2005 pour avoisiner, actuellement, les 11%. Face à cette réalité, la politique sanitaire menée par les spécialistes, tel un défi, repose sur maints volets, lesquels concourent vers une meilleure maîtrise de cette maladie et vers la limitation de son amplification. «La mobilisation des spécialistes se passait uniquement sous l'égide de la Société tunisienne d'endocrinologie et avec le concours des sociétés pharmaceutiques. Depuis 2012, et avec la création et de l'Amicale des diabétologues de Tunisie et de la Maison du diabète, les actions de sensibilisation, d'information et de dépistage du diabète ne se restreignent plus à cette célébration annuelle. La Maison du diabète ouvre ses portes tout au long de l'année pour offrir aux diabétiques, aux parents des enfants diabétiques comme pour les personnes suspectant cette maladie les prestations et l'encadrement précité à titre gratuit», indique le Dr. Néjib Ben Abdallah, président de l'Amicale et fondateur de la Maison du diabète. En 2012, la Maison du diabète avait accueilli près de 400 bénéficiaires. Faute d'une bonne communication, ce nombre a dégringolé quelque peu pour atteindre 350, en 2015. Pourtant, très nombreuses sont les personnes qui seraient ravies de bénéficier d'un bon consulting et d'un dépistage gratuits du diabète. Une diète personnalisée Il faut dire que l'information et l'encadrement des diabétiques représentent deux pivots essentiels à la maîtrise de cette maladie chronique. Selon Mme Amira Doghmene, diététicienne, la qualité de l'hygiène comprend aussi bien le régime diététique approprié, l'activité physique que la régularité du traitement. «La qualité de l'alimentation est valable pour tous les diabétiques. Sauf que le régime doit être personnalisé conformément à l'état du patient en question, de son poids, de sa pratique — ou non — des activités physiques régulières ainsi que de la nature du traitement auquel il est soumis», indique-t-elle. La diététicienne insiste sur l'importance, pour le régime alimentaire prescrit aux enfants diabétiques, de tenir compte des besoins de croissance de l'enfant. Glycémie : déceler «l'hypo» et «l'hyper» La communication sur le diabète a pour finalité d'éclairer le malade sur les spécificités de sa maladie, mais aussi de l'avertir sur les éventuelles complications et les gestes susceptibles de les éviter, notamment sur les signes avant-coureurs de l'hypoglycémie et sur l'hyperglycémie. L'hypoglycémie se traduit, en effet, par une sensation de fatigue, des sueurs froides, une faim douloureuse, une pâleur ainsi que des troubles visuels et un manque de concentration. Là, le diabétique doit consommer des sucres, tout en misant sur les sucres naturels qu'on trouve dans les fruits par exemple. «Il est préférable, pour les personnes diabétiques, de choisir des produits bio et d'éviter de consommer le sucre blanc. Opter pour un fruit ou encore pour des quantités réduites de sucre brun ou de miel bio serait une bonne alternative au sucre blanc», renchérit le diabétologue. Quant à l'hyperglycémie, elle est décelable via le syndrome poly-uro-poly-dypsique. Lequel apparaît sous forme d'une sensation de soif persistante et un besoin récurrent d'uriner. La pompe à insuline et les inhibiteurs de DPP4 non remboursés par la Cnam ! S'agissant du traitement du diabète, il diffère selon le type de diabète en question. Les diabétiques de type 1 sont essentiellement soumis à l'insulinothérapie. «Nous avons une nette préférence pour les analogues de l'insuline, disponibles d'ailleurs sous forme de stylos injecteurs. Dans de rares cas, la pompe à insuline est recommandée. Il s'agit d'un appareil coûteux, qui permet de détecter en permanence les éventuelles hypoglycémies et hyperglycémies à l'aide d'un capteur spécifique dit «censor» afin d'y pallier ipso facto via l'injection automatique de doses d'insuline», explique le Dr. Ben Abdallah. Ce nouveau produit, bien que pratique et efficace, n'est, toutefois, pas pris en charge par la Cnam. De même d'ailleurs pour les médicaments dits «inhibiteurs de la DPP4», présents sur le marché depuis cinq ans et dont l'efficience en matière de contrôle glycémique est indéniable. Quant aux diabétiques de type 2, le traitement indiqué comprend aussi bien les médicaments que la bonne hygiène de vie. Le malade doit se soumettre à la lettre aux règles hygiéno-diététiques préconisées par le médecin ou par le paramédical averti. «L'activité physique est fort recommandée surtout pour les diabétiques souffrant d'obésité», note le spécialiste. Parallèlement, l'administration d'anti-diabétiques oraux (ADO) s'impose comme le traitement médical adéquat. «Après quelque temps — lequel dépend de chaque personne —, les ADO perdent en efficacité, ce qui implique le recours à un traitement mixte, regroupant et les ADO et l'insulinothérapie, ou encore à l'insulinothérapie seule», explique le Dr. Ben Abdallah. Le spécialiste tient à rectifier une fausse perception du passage à l'insulinothérapie. «Les diabétiques doivent comprendre que ce passage ne constitue point les prémices d'une mort imminente. D'où le rôle du médecin traitant à corriger cette fausse perception», renchérit le diabétologue.