La population africaine active devrait augmenter de 910 millions entre 2010 et 2050 Selon le rapport «Perspectives économiques en Afrique 2017», publié récemment par la Banque Africaine de Développement (BAD), la croissance économique dans le continent devrait rebondir en 2017 pour atteindre 3,4% contre 2,2% en 2016. Les prévisions tablent sur 4.3% en 2018, si le redressement des cours des matières premières, la reprise économique mondiale et la mise en œuvre de réformes macroéconomiques au niveau national se confirment. Des perspectives encourageantes sont, ainsi, à envisager, selon le rapport, surtout que cette croissance repose de plus en plus sur des facteurs intérieurs. On indique que le dynamisme de la consommation privée et de la consommation publique a contribué à hauteur de 60 % à la croissance du PIB en 2016. Sur le plan du développement humain, 18 pays africains ont atteint un niveau de développement humain moyen ou élevé en 2015. En ce qui concerne l'investissement direct étranger, il s'est maintenu à 56,5 milliards de dollars en 2016 et devrait atteindre 57 milliards de dollars en 2017, attiré par les marchés émergents du continent et son urbanisation rapide. L'investissement s'oriente plus désormais vers le bâtiment, les services financiers, les industries manufacturières, les transports, l'électricité et les technologies de l'information et de la communication. Défi démographique Toutefois, cette performance reste inégale entre les pays africains. Le rapport appelle à un soutien plus intensif à la création d'emplois de la part des gouvernements africains. A noter que 54% de la population de 46 pays africains vivent dans une situation de pauvreté multidimensionnelle, sachant que la population active devrait augmenter de 910 millions entre 2010 et 2050. Un défi démographique qui pourra être transformé en une chance, selon le rapport, si l'Afrique réussit sa nouvelle révolution industrielle. À l'heure actuelle, 26 pays d'Afrique se sont dotés d'une stratégie d'industrialisation. La plupart mettent toutefois l'accent sur les grandes entreprises manufacturières plutôt que sur celles des secteurs présentant un potentiel de croissance élevée et de création d'emplois, essentiellement les start-ups et les petites et moyennes entreprises. Le rapport indique que ce sont les entreprises de moins de 20 salariés et de moins de cinq années d'expérience qui créent la majorité des emplois dans le secteur formel en Afrique. D'autant plus que l'avènement des technologies numériques et de nouveaux modèles d'activité estompe les frontières entre le secteur manufacturier, qui s'est légèrement redressé et atteint désormais 11 % du PIB africain, et les secteurs des services. Avantages comparatifs On précise également que les stratégies d'industrialisation doivent par conséquent soutenir les autres secteurs dans lesquels les économies africaines disposent d'avantages comparatifs, tels que l'agro-alimentaire, les services marchands et les énergies renouvelables. Les nouvelles stratégies doivent en outre éviter de dépendre des activités non respectueuses de l'environnement. D'ailleurs, Mario Pezzini, directeur du Centre de développement de l'Ocde et Conseiller spécial auprès du Secrétaire général de l'Organisation sur les questions de développement, a affirmé que «les économies africaines ne peuvent pas se permettre de rater la prochaine étape de leur transformation productive. Les entrepreneurs doivent être des acteurs de premier plan de la quatrième révolution industrielle en Afrique». A ce niveau, le rapport de la BAD souligne que les entrepreneurs sont un atout largement inexploité en Afrique. Ils représentent 11% de la population en âge de travailler, dans les 18 pays africains pour lesquels des statistiques, contre 8% seulement en Amérique latine et 5% en Asie. Au niveau sectoriel, ils sont peu nombreux à investir dans les secteurs à forte croissance, selon le rapport. Ce qui exige des gouvernements africains l'adoption de mesures pour l'amélioration des compétences des travailleurs, de l'efficience des regroupements d'entreprises — parcs industriels, zones économiques spéciales — et de l'accès des petites et jeunes entreprises au financement, avec des prêts à des conditions abordables et des instruments de financement plus innovants.