L'Afrique, en dépit de la richesse de ses ressources naturelles et de la jeunesse de sa population souffre de plusieurs contraintes d'ordre socioéconomique, à même de freiner son processus de développement économique et d'ouverture à l'international. La solution consiste à aider le continent noir à promouvoir des industries compétitives à même de garantir un développement durable aux populations africaines. Dans la perspective de mieux appréhender cette démarche, un séminaire sur le thème « Les industries compétitives pour le développement de l'Afrique », a été organisé, hier, à Tunis, par l'Association des Tunisiens des grandes écoles(Atuge) avec le concours de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica). Cette manifestation a pour objectif d'approfondir la réflexion sur les moyens devant améliorer le processus d'industrialisation de l'Afrique et de faire le point sur les efforts déployés en vue de garantir un développement industriel durable dans le continent. Elle constitue également une occasion pour la communauté internationale et les différents organismes spécialisés, à l'instar de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi), la Banque africaine de développement (BAD)et la commission économique pour l'Afrique, de réaffirmer leur engagement en faveur de l'industrialisation de l'Afrique. Les représentants de ces organismes ont renouvelé, à cette occasion, leur engagement à mettre en œuvre le plan d'action de l'Union africaine pour le développement industriel accéléré de l'Afrique. Gouvernance industrielle Dans son intervention, Mme Monica Carco, représentante de l'Onudi à Tunis, a souligné que cette stratégie repose sur une mobilisation judicieuse des ressources financières et non financières (ressources humaines, technologiques..) et leur affectation à la transformation industrielle des ressources du continent. Cette démarche, a-t-elle poursuivi, vise également à jeter les bases d'une gouvernance industrielle en Afrique, à développer une infrastructure de base propice au développement économique du continent, à promouvoir les ressources humaines, à accroître la valeur ajoutée de la production et à stimuler les investissements, notamment dans les secteurs énergétiques (promotion des énergies renouvelables, transformation des ressources énergétiques) et des industries minières et manufacturières. La représentante de l'Onudi a appelé, à cette occasion, les partenaires du développement de l'Afrique ainsi que le secteur privé à soutenir ces efforts et à concrétiser, en projets bancables, la stratégie de mise en œuvre du plan d'action de l'Union africaine pour le développement industriel accéléré en Afrique, qui, a-t-elle, dit, constitue un «cadre stratégique essentiel pour promouvoir des industries compétitives pour le développement de l'Afrique». Une meilleure intégration africaine Ce forum a permis également de passer en revue les obstacles qui entravent le processus de développement de l'Afrique, dont l'absence de complémentarité entre les systèmes économiques africains, infrastructures peu développées (routes, transport ferroviaire inexistant), la formation des ressources humaines, en plus des contraintes socioéconomiques (taux de pauvreté élevé, analphabétisme..). Face à cette situation, les conférenciers ont recommandé de développer davantage l'infrastructure de base, de mettre à niveau le tissu industriel des pays africains, de soutenir et d'assister techniquement les PME et PMI africaines, de favoriser une meilleure intégration africaine, d'éliminer les barrières douanières, de renforcer le partenariat public-privé et de mettre en place un environnement des affaires propice au développement du continent (cadre institutionnel, réglementaireà). Analysant l'ensemble de ces contraintes, Mme Neïla Amara, experte à l'Onudi, a indiqué que ces insuffisances ont un impact très significatif sur le rendement de l'industrie africaine dont le coût de production est le plus élevé au monde et que les entreprises africaines supportent des coûts directs et indirects estimés à 50% de leur chiffre d'affaires. La conférencière a avancé, à cet effet, qu'en moyenne (+13%) des heures de travail sont perdues en raison du manque de fiabilité de l'infrastructure, plus particulièrement à cause des coupures d'électricité. Du fait de ce manque à gagner, a-t-elle dit, les entreprises africaines sont 20% moins compétitives que celles du reste du monde. La Tunisie, plateforme technologique Dans son intervention M. Afif Chelbi, ministre de l'Industrie et de la Technologie, a indiqué que l'Afrique, malgré sa faible contribution à la richesse mondiale (2,5%) et aux exportations internationales (3,5%) ne manque pas d'atouts pour le développement d'une industrie compétitive à même de booster sa croissance économique et d'améliorer les conditions de vie de ses populations. Il a évoqué, dans ce cadre, l'expérience tunisienne dans ce domaine ainsi que les différents programmes engagés en vue de positionner l'industrie tunisienne sur une nouvelle orbite de compétitivité, basée sur l'innovation, la créativité et la maîtrise des technologies. Le ministre a indiqué que ces programmes s'articulent autour du renforcement de l'infrastructure technologique (pôles de compétitivité, centres techniques, laboratoires), du développement du réseau université-entreprises, de la mise en place de mécanismes de financement de l'innovation et de la promotion de la Tunisie en plate-forme industrielle et technologique. 30 entreprises tunisiennes en Afrique M. Chelbi a rappelé que la Tunisie n'a cessé d'œuvrer à la consolidation de sa coopération avec l'ensemble des pays africains, notamment dans le domaine de l'industrie, relevant que cette démarche a permis d'accroître les échanges commerciaux avec l'Afrique à 4,405 MD en 2009 contre 2,334 MD en 2005. Parallèlement, cette démarche a été accompagnée, a-t-il dit, par l'accélération du rythme d'investissement tunisien en Afrique, notamment dans le secteur industriel, avec quelque 30 entreprises tunisiennes actuellement implantées en Afrique, soulignant que ce nombre était insignifiant au début des années 90. Pour sa part M. Hédi Djilani, président de l'Utica, a appelé dans ce cadre, à favoriser l'échange d'expertises et de technologies de l'Afrique du Nord vers les autres pays du continent dans le cadre d'une approche de codéveloppement. Il a souligné que la compétitivité en Afrique ne saurait reposer uniquement sur les avantages comparatifs existants, en l'occurrence le grand réservoir de richesses dont regorge le continent, mais devrait s'appuyer sur la création d'avantages comparatifs dynamiques (compétences techniques, capacités technologiques) à même d'assurer la compétitivité de l'Afrique et de consolider son positionnement dans le système économique international.