«Aoudatou al rouh» : Un retour enchanteur vers le passé sous le signe de la nostalgie et de la découverte... Nous nous attendions à ce que le musée Safia Farhat abrite, d'un temps à un autre, des expositions temporaires, mais voilà que Aïcha Filali, maîtresse des lieux, nous surprend en y organisant, depuis quelques mois, des concerts mensuels. Une très belle initiative, c'est le moins que nous puissions dire ! Vendredi dernier, le public a été entraîné dans une virée musicale au goût du tarab des années 30-40 par la troupe Al Amal qui a présenté Aoudatou al rouh (Le retour de l'âme), un récital sous le signe de la nostalgie et de la découverte. Pour le plus grand plaisir des mélomanes, les artistes ont, en effet, dépoussiéré et dévoilé quelques-unes des œuvres de la musique arabe savante, signées par de grands musiciens comme Mohamed Abdelwahab, Mohamed Kassabji, Daoud Hassan ou Riadh Sombati. Un bouquet de chansons et de morceaux instrumentaux joués dans différents maqams qui ne sont pas très connus du grand public. Des airs qui n'ont pas été médiatisés, transmis et réinterprétés contrairement aux autres, mais qui n'en révèlent pas moins le génie de leurs compositeurs. Nous citerons Yalli widadi, Ya tir ya ayech, Bellil ya rouhi, Ya fouedi et bien d'autres. Aoudatou al rouh est ainsi un retour enchanteur vers le passé, un passé qu'est la première moitié du XXe siècle, marquée par une grande effervescence dans la création et une vitalité de la scène musicale dans le monde arabe, en Egypte en particulier. Le spectacle a été clôturé en beauté avec Ya wardata al hob de Mohamed Abdelwahab. Debout, le public qui semblait conquis a ovationné les artistes pendant plusieurs minutes. Sinon, le récital a aussi été l'occasion pour apprécier autrement, «sous un nouveau soir», les tapisseries monumentales de Safia Farhat (collection permanente du musée) dont certaines nous ont révélé des détails insoupçonnés dans les textures et les matières que nous n'avons pas remarqués jusque-là, à la lumière du jour. Outrepasser la fonction classique des musées, diversifier le rôle de ces lieux de mémoires, de ces lieux pour l'Histoire de plus en plus controversés, devient de nos jours une nécessité. Le Centre des arts vivant de Radès l'a fait. Alors, des concerts dans les musées, c'est une approche singulière de la culture et des lieux de culture qui n'a pas souvent cours, à saluer, à encourager et, pourquoi pas, à vulgariser...