Aux yeux du président de la commission technique de l'ASM, l'équipe a raté sa préparation à l'intersaison. «Je craignais, dès le départ, la nomination de l'entraîneur. J'étais persuadé que Gérard Buscher n'allait pas apporter le plus escompté à l'Avenir de La Marsa. Mes présomptions se sont confirmées par la suite. Au départ, il s'est fait discret et se comportait comme l'exigeait de lui la direction du club. Après, il n'écoutait plus personne. Il n'a fait profiter l'équipe d'aucun stage, ce qui a fait qu'elle a raté sa préparation à l'intersaison. Bref, il nous a fait perdre trois mois. Il a recruté des joueurs qu'il a mis par la suite sur le banc des remplaçants. Je fais allusion entre autres à Mohamed Amine Aouichaoui. Il a écarté également le buteur du club, Mohamed Ali Ben Hammouda. Ce dernier est parti par la suite. A cause d'une mauvaise entame de la saison, nous sommes entrés dans un cercle vicieux, celui de changer les entraîneurs. Or, nous n'avons pas l'habitude à La Marsa de changer quatre entraîneurs en une saison. Nous avons pris un mauvais chemin. Nous aurions pu éviter le pire, mais la défaite concédée à Zarzis alors que nous menions par deux buts à zéro est, à mon avis, l'une des deux contreperformances qui ont causé la relégation. Le match perdu contre la JSK au Chtioui était l'autre match qu'il ne fallait pas rater. En général, les clubs de la capitale et pas seulement l'ASM et le CSHL sont en voie de disparition. En tout cas, ils perdent successivement leur place en Ligue 1. Le Stade Tunisien a été relégué et heureusement qu'il a vite retrouvé son rang parmi l'élite. Le COT a perdu sa place en Ligue 1 et a beaucoup régressé. La cause principale de ce fléau, c'est le manque d'appartenance. Auparavant, on connaissait les quartiers qui soutenaient le Club Africain. On connaissait également les quartiers fiefs de l'Espérance de Tunis. La banlieue nord était acquise à l'Avenir Sportif de La Marsa. Le Club Sportif d'Hammam-Lif était le club de la banlieue sud par excellence. L'ossature de chaque équipe était constituée d'enfants du club. Chaque équipe avait donc une identité distincte. La donne a changé, notamment avec l'avènement du professionnalisme. Les meilleurs éléments partent tenter des expériences chez les deux grands clubs de la capitale, le CA et l'EST, ou endossent les maillots des équipes du sud qui ont désormais les moyens. L'Etoile Sportive de Métlaoui ou encore l'Union Sportive de Ben Guerdane mettent le paquet. Nos clubs de la capitale, notamment l'ASM, manquent d'encadrement dans les catégories des jeunes. De plus, il n'y a plus d'engouement pour présider un club comme l'Avenir Sportif de La Marsa, comme c'était le cas par le passé. Les gens fuient désormais la responsabilité sportive. On n'a plus cette trempe de présidents passionnés, qui ont les moyens d'investir ou de ramener des sponsors. Des présidents capables de prendre des décisions et de créer de la cohésion autour de leurs clubs. Des clubs comme l'ASM et le CSHL n'ont plus les moyens de recruter. Il faut qu'ils revoient leur politique de formation en recrutant des entraîneurs-formateurs qui privilégient l'encadrement des jeunes et leur apprentissage que l'obtention des résultats. Quand on n'a pas les moyens de recruter, il faut instaurer une politique générale qui repose essentiellement sur la formation en imposant à l'entraîneur de l'équipe première de faire monter des jeunes des catégories junior et élite. Il faut prendre le temps de former un jeune qui a besoin d'un travail spécifique, tout en sachant le lancer au moment opportun. En misant sur la formation, on équilibre le budget et on donne une identité à l'équipe. Pour revenir à la relégation de l'ASM, le fait est là. Il faut s'inspirer du parcours du Stade Tunisien qui a réussi à remonter en l'espace d'une saison. Avec la cohésion entre anciens et actuels dirigeants, mais aussi entraîneurs et joueurs, l'Avenir Sportif de La Marsa retrouvera sa place naturelle parmi l'élite. J'émets le même souhait pour le CSHL et l'Olympique de Béja».