Les Aigles se sont réconciliés avec leur public en produisant une copie propre. Le meilleur départ qui soit sous la houlette du nouveau sélectionneur. Réussir la gageure d'asphyxier l'Egypte, de la mettre sous l'éteignoir et de ne lui concéder pratiquement aucune occasion n'est pas donné à tout le monde. Surtout pour une première sortie de la nouvelle ère drivée par Nabil Maâloul, quand bien même les Pharaons parurent hors du coup. Nous entendons beaucoup de gens mettre l'accent sur la déconcertante faiblesse du vice-champion d'Afrique, avant-hier dans la cuvette de Radès qui n'était pas très loin de faire le plein, et relativiser par conséquent l'ampleur de l'exploit réussi par les partenaires de Youssef Msakni. Pourquoi donc se priver de saluer la belle sortie des Aigles de Carthage et jouer les rabat-joie quand il faut au contraire se réjouir pour la qualité physique, technique et tactique de la production du team national qui confirme son statut de bête noire des Pharaons ? Certes, tout n'a pas été parfait, il y a encore du travail à faire. Toutefois, force est de constater qu'au bout de 90 minutes pleines et gérées intelligemment, l'équipe de Tunisie a su se réconcilier avec son public, ce qui est de bon augure avant la double confrontation des 28 août et 2 septembre prochains contre les Léopards de la République démocratique du Congo, décisive pour la qualification au Mondial 2018. Maâloul sait qu'il doit se racheter et qu'il a une dette envers le team national : après avoir échoué à aller au Mondial 2014, au Brésil, il n'a sans doute de pensée que pour celui de 2018, en Russie. Les chemins de la rédemption vont passer par Radès, le 28 août et par Kinshasa, le 2 septembre. En attendant, un nouveau team prend forme, de nouvelles ambitions se dessinent. L'équipe revue et corrigée par Maâloul a rendu une copie propre, mais guère parfaite, avant-hier. Mais peut-on raisonnablement attendre d'elle qu'elle tutoie la perfection au bout de deux petites semaines de travail. Voici pêle-mêle ce que nous avons aimé, et ce que nous n'avons pas aimé lors du match d'ouverture des éliminatoires de la CAN 2019. Fraîcheur et mental de fer Premier grand acquis, un remarquable fighting-spirit. Nos représentants furent constamment les premiers sur le ballon, mettant beaucoup d'impact physique. Ils ont remporté presque tous les duels, et couru énormément. Bref, ils ont joué en conquérants, dans un excellent état d'esprit. Il y eut jusqu'à Youssef Msakni, certes un surdoué mais qui évolue parfois en dilettante, se contentant d'assumer les charges offensives, à s'impliquer à fond, comme si le brassard de capitaine l'a subitement transformé. On l'a vu revenir en arrière, courir comme un damné durant 90 minutes de jeu et s'investir comme il ne l'avait jamais fait. Le onze tunisien a témoigné d'une fraîcheur remarquable qui lui a permis de mettre en place un pressing asphyxiant et de créer le surnombre à tous les coins du terrain. Volet physique, les hommes de Maâloul furent remarquables, le premier stage réservé à une liste élargie ayant sans doute beaucoup aidé à atteindre une telle dimension physique malgré la fatigue de la fin de saison. Sur le plan stratégique, en gagnant la bataille du milieu, les Aigles ont gagné le reste. A cet effet, Maâloul a innové en alignant Ghaylène Chaâlali, jusque-là ignoré à la place d'un Hamza Lahmar pas convoqué au sein d'un trio royal de milieux récupérateurs-relanceurs-constructeurs, aussi habiles au rayon défensif qu'offensif et dotés d'un sens de l'éclectisme remarquable. Ce trio constitue le socle sur lequel peut s'appuyer toute l'équipe dans la reconversion rapide du jeu. Le vice-champion d'Afrique n'a d'ailleurs pas la chance de posséder en son sein un tel trésor. Ni du reste un tel latéral gauche monstrueux de dynamisme, d'énergie, d'endurance et d'esprit d'entreprise comme Ali Maâloul, Monsieur 100 mille volts auquel le match de dimanche tenait à cœur afin de prouver à son coach à Al Ahly, Houssem Badry, qu'il avait largement sa place au sein de l'effectif du champion d'Egypte. L'ancien défenseur gauche du club sfaxien a été l'auteur d'une double performance : museler son adversaire direct qui n'est autre que la star des Pharaons, Mohamed Salah, tout en répondant présent en phase offensive, combinant à l'envi avec Msakni. comment passer sous silence la prestation de l'arrière-garde qui a réussi presque un sans-faute, notamment le tandem axial Syam Ben Youssef-Yassine Meriah, impérial et explosif, bien couvert, faut-il le rappeler par la triplette de demis récupérateurs qui faisaient l'accordéon en se projetant vers l'attaque après avoir récupéré le ballon. Parler de ces trois pivots se révèle par conséquent abusif. Equipe unijambiste Ce qui reste à améliorer, c'est surtout l'animation offensive dans les 30 derniers mètres où il y eut beaucoup de déchets. Les joueurs de l'attaque n'ont pas toujours pris la décision juste aux abords de la zone de vérité, alors que très souvent, la défense adverse paraissait débordée et perdue. Ensuite, il faut remédier à un côté droit nettement moins entreprenant, ce qui fait que l'équipe paraît unijambiste, ne passant que par le côté gauche. Il faut par ailleurs ne pas brader le choix représenté par Hamza Lahmar très utile sur les balles arrêtées. Avec le retour des blessés, les Aigles de Carthage bénéficieront d'une importante marge de manœuvre qui peut les mener très loin. Ça promet !