Une enveloppe de 250 millions de dinars mobilisée par l'Etat pour financer les idées de projets proposés par ou pour les jeunes demandeurs d'emploi. Aux programmes «Forsati» et «Contrat dignité», vient s'ajouter la campagne «Ennajem» Après Sidi Bouzid et Mahdia, la campagne «Ennajem» (Je peux) d'appui à l'initiative privée débarquera, demain, à La Manouba, où le centre de formation sectoriel en électronique à Den Den devra abriter une soirée ramadanesque qui vise à rompre avec la mentalité d'assisté et inciter les jeunes chômeurs à s'installer à leur propre compte. Monter son propre projet, c'est aussi avoir confiance en soi-même. Mais, est-ce suffisant? Il y aura, certes, besoin d'autres moyens inhérents au financement et à l'accompagnement de nouveaux promoteurs, de l'idée à la concrétisation. Cette journée s'inscrit dans le cadre de la stratégie d'entrepreneuriat, lancée début mars dernier par le ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle, avec pour cible les stagiaires et les diplômés de la formation en particulier. N'empêche, elle est ouverte à tous les jeunes dont le rêve d'un travail rémunéré ou d'un poste dans la fonction publique ne tient pas la route. L'administration tunisienne a compté, fin 2016, 800 mille fonctionnaires, soit un effectif excédentaire. Un surplus qui pèse lourd sur le budget de l'Etat, et une charge salariale de plus en plus insupportable. Cependant, tourner vers l'initiative privée semble, jusqu'alors, une alternative peu motivée. Et encore moins encourageante, faute de bonne volonté et d'autofinancement à la hauteur des projets proposés. Les banques, dont notamment la BTS, ne les ont pas bien suivis. Le système du microcrédit pose encore problème, étant perçu, déjà avant la révolution, comme une pierre d'achoppement qui sape l'avancement de toute idée de projet. Combien d'outils de soutien et de formation avaient été mis à disposition pour aider à la création de projets ? Combien de promoteurs en avaient déjà profité, à leurs débuts ? Certes, la liste est longue, mais la réalité en dit long sur un constat peu reluisant. Adhésion conditionnée Aujourd'hui, avec plus de 600 mille chômeurs, dont la moitié ou presque sont diplômés du supérieur, l'Etat arrivera-t-il à rattraper le passé ? Les institutions de financement auront-elles, en cette conjoncture économique si difficile, la capacité de favoriser une ligne de crédit spécifique, à même d'assouplir les formalités et les conditions d'octroi ? Quelles sont les nouvelles facilités et garanties de remboursement ? Serait-il possible d'en finir avec un autofinancement qui n'a cessé d'alourdir le fardeau des jeunes entrepreneurs ? Autant de choses à revoir, dans la mesure où la stratégie nationale d'appui à l'initiative privée gagnerait en efficacité. Son succès est, sans doute, tributaire d'une forte adhésion à une plus large échelle. Le ministre de tutelle, M. Imed Hammami, avait, lors d'une conférence de presse de lancement, indiqué qu'une enveloppe de 250 millions de dinars a déjà été mobilisée à cet effet. C'est là, d'après lui, un mécanisme d'appoint qui s'ajoute aux autres programmes d'emploi élaborés par le ministère, en l'occurrence «Forsati» et «Contrat de la dignité». Toutefois, ces derniers n'ont pas encore révélé leur secret. Quoi qu'il en soit, ladite campagne «Ennajem», devant faire le tour de la République, est une sorte de porte-à-porte qui tend à stimuler chez les jeunes demandeurs d'emploi l'esprit d'entreprise. Elle vise, de surcroît, à multiplier les espaces de l'initiative, les généralisant à toutes les régions du pays. L'on en compte actuellement dix-sept, un nombre qui sera porté à 24 d'ici la fin de cette année. La journée de l'initiative privée, prévue demain à La Manouba, sera une occasion pour accorder une dizaine d'avis de financement au profit des jeunes du Grand Tunis, ceux bénéficiaires des sessions de formation organisées par l'Aneti (Agence nationale de l'emploi et du travail indépendant) relevant du ministère. La journée se déroulera dans une ambiance ramadanesque cérémoniale marquée par un défilé de mode «dernier cri» réalisé par les stagiaires des centres de formation en textile. Une exposition des créations artisanales est aussi au menu.