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Emploi : Nous continuons à perdre un temps précieux II
Publié dans Business News le 11 - 03 - 2016


Par Hédi BELGHITH*

Dans l'article précédent, trois idées ont été présentées : bien identifier les problèmes à résoudre, évaluer le système de contrôle à priori et envisager de le remplacer par le contrôle à posteriori, instaurer le système d'évaluation des décisions et projets.
Comme je l'ai dit dans l'article I, l'emploi, problème stratégique relevant de la sécurité nationale, n'a toujours pas été correctement identifié et par suite, aucune solution viable ne peut-être espérée. Ceci peut expliquer et non justifier, l'absence de réalisations pendant ces cinq dernières années et par suite, la perte de temps.

Une identification réaliste des problèmes de l'Emploi

L'analyse des offres d'emplois des diplômés sur une longue période montre qu'en règle générale, les opérateurs économiques recherchent en premier lieu, les profils «bien formés», ayant des qualifications leur permettant d'être immédiatement opérationnels, puis, ceux ayant une formation de base solide leur permettant d'apprendre, de s'adapter et d'évoluer.

Pour les postes d'exécution, les opérateurs recrutent en priorité ceux qui maitrisent déjà un métier, puis ceux qui sont capables d'apprendre ; comme ils peuvent recruter des hommes de peine sans qualification ni formation aucune.

Cette analyse est confortée par la qualité des diplômés (ingénieur, commerce, finances etc.) de certaines institutions de formation professionnelle (FP) ou d'Enseignement Supérieur (ES), prisés par les opérateurs économiques et qui sont souvent recrutés avant même l'obtention du diplôme, dans le cadre de projets de fin d'études ou de stages. Trente mille environ sont recrutés annuellement, sur un total d'environ 80000 diplômés (entre ES et FP).
P1. Pour ces emplois (diplômés bien formés, techniciens qualifiés etc.), l'offre dépend de la croissance, de l'investissement et de l'efficacité de la gestion du marché de l'emploi. Elle en dépend directement.

2. L'analyse du chômage selon la formation reçue, montre que des diplômés de certaines filières de l'ES ou de la FP (sciences fondamentales, humanités, etc.), n'ayant pas de qualifications répondant aux besoins du marché, ne trouvent pas d'emplois malgré leur savoir. Après l'obtention du diplôme, environ 50000 s'installent chaque année, dans le chômage. Aujourd'hui, nous avons un «stock» (Ce terme est utilisé pour des raisons de commodité) d'environ 600000 demandeurs d'emploi de longue durée, dont la moitié est constituée de diplômés, et qui risquent de ne jamais trouver un emploi salarié (l'exception confirmant la règle).
P2. Les Chômeurs de longue durée (CLD) constituent un stock hétérogène : chômeurs depuis différentes durées, diplômés de l'ES ou de la FP, non diplômés, exclus de l'Education Nationale, travailleurs licenciés etc. Ceux-là, il faut reconnaître leur spécificité et ne pas les confondre avec ceux de P1. Ils posent un problème spécifique qui ne peut être résolu ni par le travail salarié, ni par les mécanismes classiques tel que préconisé par la plupart des intervenants. Ils ne sont qu'indirectement et accessoirement concernés par des politiques visant, une reprise significative de l'activité économique, une forte croissance, une augmentation de l'investissement, la promotion des secteurs à haute valeur ajoutée etc. Ceux qui préconisent ces mesures pour résoudre le problème du chômage, sont soit naïfs, soit démagogues. A moins que l'on reconvertisse les non qualifiés ou qu'ils suivent une formation-adaptation.

Le projet de reconversion de 8000 demandeurs d'emplois, piloté par le Ministère des Communications, en est un exemple concret. Mais il faut adopter le principe de l'obligation de résultat : 8000 entrés non qualifiés è 8000 sortis qualifiés. Tous doivent être soit insérés, soit établis à leurs comptes propres.

Un premier exemple de solution basée sur une mauvaise identification

Début février (cf. La Presse du 3 février 2016, page 6), une personnalité connue pour son libéralisme et dont on ne peut nier la pertinence dans le domaine économique, propose la solution suivante pour la résorption du chômage (P2). Elle consiste à demander aux entreprises de recruter en 3 ans, un nombre de personnes sans emploi égal à 15% de son effectif. Cela permettrait de recruter en 3 ans 600000 sans-emploi (soit 15% des 4millions de personnes représentant la population active).

Pour aider les entreprises à faire face aux charges supplémentaires résultant de ces recrutements, l'auteur propose de les déduire du revenu ou bénéfice imposable et ce, durant la période d'apprentissage et de formation, soit 3 à 5 ans.
Mais, avec tout le respect que je dois à l'auteur, je pense que cette solution n'en est pas une. Elle prouve encore une fois, que le problème de l'emploi est mal identifié. En effet :

a)Admettons qu'on arrive à recruter 600000 chômeurs en 3 ans. Pendant cette période, 240000 (=3x80000) nouveaux chômeurs (au moins), viendront remplacer les 600000. Cela veut dire que cet effort ne suffit pas à résorber le chômage.

b) Le recrutement de 200000 chômeurs par an est invraisemblable jamais réalisé même du temps où la croissance était de 5 ou 6%. Le maximum n'a pas dépassé 80000 recrutements par an (la moyenne selon l'INS était de 70000 entre 2005 et 2010). Pourtant, malgré ce miracle, le stock des chômeurs de longue durée se reconstituerait.

c) Comment justifier l'idée de demander cet effort à l'entreprise dans un environnement national et international caractérisé par une morosité persistante ? Si elle devait recruter, prendrait-elle des diplômés en sciences humaines là où des techniciens sont nécessaires ? Non. Aujourd'hui, les entreprises ont besoins de personnel ayant la notion du coût, du temps et capables de calculer et d'apprécier les risques, d'optimiser, bref, d'avoir une vrai valeur ajoutée pour l'entreprise et l'entrepreneur. En tant qu'agent économique rationnel, le chef d'entreprise n'accepterait pas de jouer ce rôle.

d) Une variante de cette idée avait été déjà essayée du temps de l'ancien régime, à un moment où, la Direction de l'UTICA, appuyait à fond le pouvoir, mais sans résultat. Certaines entreprises ont fait semblant d'essayer de jouer le jeu. Elles ont pris des stagiaires SIVP (donc sans charges, sauf peut-être une indemnité complémentaire). Mais, d'une manière générale, le stagiaire n'en profite pas, il est sous-employé ou pas du tout employé et quitte l'entreprise comme il est rentré avec la frustration en plus (toutes les entreprises n'ont pas de personnel destiné à assurer la formation et l'encadrement du stagiaire).

e) Si ce projet voit le jour, l'entreprise qui a un besoin réel de recruter, serait tentée de le faire dans ce cadre-là. C'est-à-dire, elle peut faire supporter par l'Etat les frais d'une formation fictive ou réelle, déduire les charges et salaire payés, alors qu'elle aurait tout supporté, s'il n'y avait pas d'amalgame entre les «bien formés» et les autres.

f) Finalement, par ces temps où les ventes stagnent soit à cause du commerce parallèle, soit à cause du dumping pratiqué par certaines entreprises étrangères, les entreprises tunisiennes rendraient déjà, un précieux service si elles parvenaient à retenir leurs salariés pour éviter de gonfler davantage les chiffres du chômage. Alors évitons de les surcharger et évitons de miroiter aux CLD des solutions non rationnelles économiquement même si arithmétiquement, elles tiennent.

Deuxième exemple

Le Ministre de l'Emploi vient de lancer, pour 2016, le Programme Forsati en faveur de 50000 chômeurs inscrits dans les Bureaux d'Emploi (BE) depuis 2013, et ambitionne d'atteindre 120 mille personnes fin 2017. Mais à quelle population est-il destiné ?

a. Comme le dit le Ministre de l'Emploi (cf. site du Ministère), FORSATI vise à instaurer un équilibre entre l'offre et la demande sur le marché du travail à travers un soutien continu aux jeunes à la recherche d'un emploi. C'est-à-dire, adapter des demandes d'emploi à des offres concrètes ou prévisibles, qui ne trouvent pas preneurs. Forsati n'est donc pas spécifique aux CLD dont la plupart, n'est probablement pas inscrite aux BE. Un CLD est dans la rue, il manifeste, il est dans l'informel etc. La situation du pays exige qu'on aille vers lui car, il se considère victime du système.
b. Toujours selon le site, le projet doit être en harmonie avec les souhaits du demandeur d'emploi, ses compétences et ses aptitudes ainsi qu'avec les exigences du marché de travail. Autrement dit, aucun diplômé du stock n'est concerné puisque la plupart d'entre eux n'a pas de compétences répondant aux besoins de l'économie. Un diplôme scientifique ou littéraire ne sert pas. Mais, la formation de l'esprit permet au titulaire d'acquérir des compétences. Il ne s'agit pas d'adaptation, mais de reconversion, de changement de cap. Cela nécessite du courage et de la volonté.

c. Les critères élaborés par l'Administration Centrale visent à établir les priorités. Mais ils sont exclusifs. Pourquoi faut-il être chercheur d'emploi actif en 2015 ? Pourquoi exclure ceux qui ont pris conscience en 2012 ou avant, qu'ils ne sont pas employables, ont perdu espoir et ne se sont plus présentés à un BE ni en 2013 ni après ? Admettons que des CLD postulent, n'y-a-t-il pas un risque qu'ils remettent en cause la liste des candidats retenus ? Rappelons-nous ce qui s'est passé avec les concours de la CPG. La confiance n'y est pas !
Par ailleurs, en deux ans, Forsati concernera au mieux 120000 individus. Pendant cette période, 100000 (sur les 160000 diplômés de l'ES et des Centres de FP), rejoindront le stock qui n'aura baissé que de 20000, avec l'hypothèse quasi invraisemblable que tous ceux qui auront bénéficié de Forsati, sont insérés ou se sont établis à leur compte propre (soit un rendement de 100%).

d. Enfin, à ma connaissance, il y a toujours eu des mécanismes d'aide à l'emploi prenant en charge l'adaptation d'un demandeur d'emploi à une offre précise ou potentielle. Pourquoi les intégrer dans Forsati ?

En définitive, Forsati n'est pas approprié pour les CLD :
- le projet n'est pas pour eux.
- Sa gestion n'est pas participative et ne s'impose pas l'obligation de résultat. On risque donc de dépenser de l'argent pour un faible rendement.

Conclusion

Cet exposé aura permis d'identifier deux problèmes directs, de l'emploi (P1) et (P2). Empêcher la reconstitution du stock est un problème indirect. C'est le troisième (P3). Il s'énonce :
- comment mettre en place un processus pour arrêter les flux de diplômés « mal formés », sortant chaque année du système national d'éducation et de qualification, regroupant l'Education, la Formation Professionnelle et l'Enseignement Supérieur ?
- comment réduire le nombre inquiétant de demandeurs d'emplois quasi analphabètes renvoyés de l'Education Nationale pour inaptitude à être éduqués et/ou formés !
- Enfin, comme nous le verrons, la recherche de solutions pour (P2) nous amènera à examiner le rôle du développement inclusif aux niveaux local et régional. Ce sera le quatrième problème de l'emploi (P4).

L'analyse de chaque problème, fera dégager d'une manière naturelle une solution durable. Mais seule une politique volontariste fondée sur un consensus national et inscrite dans une approche participative, dynamique dans le temps où, ceux qui posaient problème, deviendraient une partie de la solution, la rendrait réalisable.


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