Destinées au jour de l'Aïd Essghir, des préparations alimentaires (génoises, gâteaux....) ont été confectionnées deux mois à l'avance. Ces derniers jours, les agents de contrôle sont allés à la chasse des contrevenants... L'arnaque et la tricherie constituent des pratiques courantes dans certaines pâtisseries que nous avons visitées avec l'équipe sanitaire de La Manouba. La veille de l'aïd, la tournée des agents du contrôle économique relevant de la direction régionale du commerce de La Manouba nous a conduits vers les pâtisseries de Borj El Amri et La Mornaguia. Cette année, malgré la fixation des prix des fruits secs, les prix qui ont été relevés par l'équipe de contrôle dans les commerces visités sont élevés, à l'instar des noisettes écoulées à 34d le kilo, des pistaches à 70d et des pignons à 80d le kilo. Mauvaises conditions de conservation Outre le non-respect des prix, d'autres infractions ont été relevées, relatives notamment aux normes d'hygiène, de conservation et de stockage. Dans l'une des pâtisseries visitées, les agents de contrôle économique ont remarqué que des gâteaux non conservés dans des vitrines réfrigérées étaient exposés à la poussière et aux mouches. «L'absence d'hygiène est due au manque de contrôle », note l'un des agents de contrôle. Il considère que la fraude est devenue monnaie courante. Dans une autre pâtisserie, une cliente intervient pour déplorer la mauvaise qualité des pièces exposées.«Il n'y a aucun rapport entre la qualité et le prix », explique-t-elle. «Je ne peux pas acheter à mes enfants des gâteaux dont l'aspect est douteux. Je suis obligée de préparer mes gâteaux à la maison», assène-t-elle. Certes, de grandes quantités sont impropres à la consommation. L'équipe économique a enregistré, au cours des vingt premiers jours du mois dernier, 83 infractions économiques et effectué la saisie de 15.25 tonnes de farine subventionnée, 1.550 kg de sucre, 1.109 litres d'huile subventionnée, 25 kg d'arôme et 300 litres de lait. «La plupart des infractions commises ont concerné le non-respect des prix, l'utilisation de produits subventionnés et le non-respect des normes d'hygiène et de salubrité des produits exposés», a indiqué Yasser Ben Khelifa, directeur régional du commerce à La Manouba. Cette campagne de contrôle économique, organisée avec l'appui des forces sécuritaires, a pour objectif de protéger le consommateur des pratiques anticoncurrentielles et de garantir le respect des normes d'hygiène, a ajouté notre interlocuteur. Huile végétale compensée utilisée par des pâtissiers La tournée a permis de relever aussi qu'un pâtissier fabrique ses gâteaux à partir de farine et de levure impropres à la consommation. En outre, l'huile subventionnée, qui est destinée aux ménages, est utilisée pour la préparation des gâteaux. Les agents du contrôle sanitaire ont remarqué que certaines génoises présentent des traces de moisissure. La crème dont ont été nappées ces gourmandises avait, par ailleurs, changé de couleur. Les agents ont contrôlé également la qualité des matières premières, les conditions de conservation et de stockage des produits dans les locaux, ainsi que l'affichage des prix et les instruments de pesage. Des infractions ont été relevées dans ce domaine. En outre, l'équipe du contrôle économique a saisi des litres de citronnade, de jus de fraise, stockés et congelés dans des sacs non alimentaires. Après avoir contrôlé les conditions de conservation et de stockage des préparations alimentaires utilisées dans la fabrication des gâteaux et des confiseries, les agents de contrôle ont exigé de voir les factures d'achat des sacs de farine, afin de vérifier si le propriétaire de la pâtisserie utilisait ou non de la farine subventionnée dans la préparation des gâteaux. «Les propriétaires de boulangeries et de pâtisseries ont nié l'utilisation de la farine subventionnée pour la fabrication des pains spéciaux et des pâtisseries. Il faut savoir que l'usage de la farine subventionnée est strictement interdit pour la préparation de ces deux types de produits», a conclu l'un des agents.