• Aujourd'hui, en avant-première, au CinémAfricArt Certes, les hommes maltraités par leurs épouses existent, mais ils ne font presque pas entendre leurs voix, d'abord par pudeur ou par honte, ensuite, parce qu'ils savent qu'ils sont minoritaires par rapport aux femmes battues, pour la défense desquelles les sociétés civiles, dans tous les pays du monde, se mobilisent avec tout leur poids. A juste titre d'ailleurs. Et comme le cinéma, comme tout autre art, n'est pas toujours destiné à traiter des phénomènes dominants, Malik Amara a choisi, lui, de parler dans son court métrage Linge sale, de ces hommes silencieux qui souffrent de l'autorité exagérée de leurs partenaires, à travers l'histoire de Si Radhi (Jamel Sassi), un quinquagénaire trop posé et trop soumis à une femme (Wajiha Jendoubi) qui lui en fait voir de toutes les couleurs. Masochiste ? Pas du tout, puisqu'il profitera d'un banal accident «domestique», pour essayer de vaincre son caractère de faible et pour renverser la vapeur. En effet, suite à une chute où sa «mégère» se foule le poignet, ce qui atténue sa mainmise sur la maison et sur Si Radhi, ce dernier se booste et commence à lui tendre de petits pièges, souvent, bien maladroits, davantage pour l'embarrasser que pour se venger vraiment. En tout cas, ces gestes, à la limite de l'absurde, procurent à notre homme un sentiment de satisfaction et une impression d'un semblant de liberté retrouvée. Ils donnent également l'occasion au spectateur d'assister à des scènes loufoques, presque d'une autre époque. Quoi qu'il en soit, dès l'écriture du scénario, ce projet a intéressé Imed Marzouk, le jeune producteur qui nous a révélé le fameux documentaire-fiction Kahloucha de Néjib Belkadhi. On découvrira, aujourd'hui, à 11h00, lors de la projection destinée aux médias, au CinémaAfricArt, si Linge sale est de la même trempe, bien que l'approche soit, à l'évidence, différente, ne serait-ce que parce que ce court métrage est une fiction.A noter que Malik Amara est à l'origine un chef opérateur qui a suivi des études à l'Ecole des arts et du cinéma de Tunis, puis à l'école Louis-Lumière de Paris. Ce réalisateur compte aujourd'hui trois courts métrages dont deux montés en France. Son troisième, Le poisson noyé, a laissé de très bonnes impressions, obtenant au passage, et entre autres, les prix du meilleur court métrage au festival international de Beyrouth et celui du public à Angers. Linge sale, son quatrième, aura-t-il le même parcours ? Nous le lui souhaitons.