Au CA, les présidents défilent, les bureaux directeurs aussi, mais quelque chose se prolonge depuis des années. On parle de ce modèle de direction des affaires du club qui produit systématiquement des crises, quels que soient le nom et les choix des différents présidents. Le CA, qui dominait le sport tunisien à un certain moment de son histoire grâce au charisme et aux compétences de certains présidents et à leur tête le légendaire Azouz Lasram, est depuis des années l'«otage» de crises de gestion et de problèmes internes de tous genres. Lasram, Férid Mokhtar, Chérif Bellamine, Férid Abbès, Hammouda Ben Ammar, Kamel Idir, ont marqué, chacun à sa manière, son époque, permettant au club de gagner des titres, mais aussi de bien gérer ses finances, son infrastructure et son aura. Et même certains de ces présidents glorieux ont dû quitter par la petite porte tellement le public du CA est si exigeant et rebelle même. Les présidents défilent, les problèmes aussi, les «magouilles», les bras de fer entre clans et mécènes du club (l'éternel duel Boussbï-Abbès)... et le résultat, une défaillance de gestion qui dure depuis pratiquement plus de 20 ans. Même dans les moments de gloire, dans les moments de titres, il y avait toujours quelque chose qui gâchait la fête. Contrairement à l'EST ou l'ESS qui passent, elles aussi, par des crises de gestion et qui souffrent par moments, au CA, les problèmes et les moments de tension sont plus atroces, plus douloureux. Jusqu'à maintenant, le modèle du CA en gestion est «unique». Les performances, les contreperformances, les erreurs, les détails sont gérés d'une manière personnifiée, à la limite irrationnelle. Ce qui s'est passé avec Slim Riahi à l'assemblée générale évaluative? C'était attendu, prévisible après «l'iceberg» des erreurs, les sautes d'humeur, les fausses promesses du président clubiste qui a tout fait pour «déclencher» des crises, semer le doute et le malheur en football, handball et basket-ball. Gestion de l'effectif, des résultats, désignation des responsables de sections, des dérapages ont été commis par l'unique décideur au nom d'un monopole de financement (qui reste à prouver). Aujourd'hui, et au bout de 5 ans, des dizaines de milliards ont été jetés pour le bonheur d'agents de joueurs et de dirigeants qui ont fait fortune sur le dos du club. Equipe moyenne en football, carnaval d'entraîneurs, de dirigeants et de joueurs (toutes valeurs confondues), une équipe de handball vidée de ses cadres, tout comme en basket malgré de grandes performances, Slim Riahi est face à la colère d'une frange importante du public qui croyait beaucoup en lui. Une seule et petite question. Où sont passées ses promesses de développer le CA et de créer des revenus stables (complexe du club, magasin moderne...)? Encore un président au CA qui a fini par payer cher sa mauvaise gestion. La manière peut être condamnée, mais au CA, des présidents plus prestigieux n'ont pas été ménagés.