Par Jalel MESTIRI Quand on est issu du milieu, il y a des techniques à maîtriser, une éthique à respecter. Le football, dit-on, c'est la joie. Mais aujourd'hui, on sait de plus en plus que c'est faux. Les passions semblent s'être apaisées après avoir atteint leur paroxysme au cours d'une saison à garder précieusement dans les oubliettes. L'image peu reluisante que les différentes parties, entre joueurs, entraîneurs, responsables et public, avaient présentée est imputable à ceux qui se voient plus grands que ce qu'ils ne le sont vraiment. Il est devenu ainsi facile de spéculer sur la valeur éducative et l'exemplarité du football tunisien et de ses acteurs. On connaît la célèbre citation : « Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les gros mensonges et les statistiques». Toujours est-il que les véritables bilans se situent au niveau des possibilités et des marges de progression de chaque partie. Et pas ailleurs. Le football est en danger. Cela provient tout particulièrement des personnes qui gravitent tout autour. Il est à présent presque définitivement intégré dans la sphère des conflits, des affrontements et des excès. Tous les aléas et les dépassements qui en découlent nous amènent à nous interroger sur la manière de sa gouvernance et de sa gestion. Il faut dire qu'il est de plus en plus difficile pour un club de boucler une saison sans dégâts. L'équation est presque impossible à tenir. Mais c'est aussi une fausse excuse pour ceux qui cherchent à se cacher derrière les alibis, les diversions et les prétextes. Car à bien se rendre compte des manquements et des défaillances, on comprend les raisons qui ont précipité la chute de beaucoup de clubs. Plus encore : les risques de contamination d'un club à l'autre sont devenus extrêmement élargis. Il est indispensable de tirer les enseignements de ce dérapage et de cette transgression, de ce manquement et de ce glissement sportifs. Voilà qui désapprouve un milieu de plus en plus miné. L'optimisation négative et extrême de presque tous les paramètres sportifs fait sens d'un sport marqué à la fois par des insuffisances et des débordements. La constatation que nous pourrions faire a trait aux actes et aux prises de position sans fondement et qui dénaturent le football. Surtout celles émanant de personnes qui n'ont aucun rapport avec le sport. De près ou de loin. La vérité est que la plupart des clubs investissent sans retour. Avec une rentabilité proche de zéro. Il est indispensable aujourd'hui de mettre fin aux dérives liées à des hommes qui se voient intouchables, plus grands et plus fédérateurs qu'ils ne le sont vraiment. Le sport d'une manière générale, le football particulièrement, ne doivent plus être laissés au pouvoir de quelques personnes et d'une seule vision. Le problème de l'aptitude et de la compétence est bien là. Quand on est issu d'un milieu, il y a des techniques à maîtriser, une éthique à respecter. Le paysage sportif est aujourd'hui particulièrement propice au développement de l'extrémisme et des illégalités. L'idée est là : il n'y a plus de compétition sans cette tendance aux polémiques, aux contestations et au procès de l'autre. Une compétition qui traduit au fond tout ce qui a le plus contribué à dissocier les acteurs de leur environnement. Le football n'est plus une activité de petite taille. Cela veut dire qu'il ne doit plus continuer à être mal géré. La vocation de dirigeant et de responsable sportifs est conditionnée par un passé professionnel dans le milieu. Cette condition ne peut pas cependant être suffisante: un minimum d'intégrité sportive est nécessaire pour pouvoir crédibiliser la fonction. La médiocrité et l'inconscience pourraient tout détruire si nous ne les détruisons pas dans l'œuf. Les mauvaises interprétations nourrissent souvent les polémiques. Tout est question d'attitudes. Attitudes des responsables, des entraîneurs, des sportifs, du public. Il ne faut pas caricaturer. On doit avancer tous dans la même direction. Finalement, on a toujours le droit d'aspirer à un football qui ne soit pas inspiré des polémiques et de la mauvaise foi...