On dit souvent que le football a la mémoire courte. Car il aura suffi d'un « cleensheet » clubiste en Coupe de Tunisie pour se faire taxer d'équipe compétitive. La saison clubiste est désormais terminée (répit d'un mois) et les premiers enseignements sont tombés. Si généralement il convient de prendre son temps avant de pouvoir tirer les véritables leçons, nous nous permettons juste de faire un bilan de la saison sans concession. Sans parti pris aucun. Malgré toutes les inepties entendues notamment sur le manque de bravoure et d'ambition des joueurs, le CA a globalement sauvé sa saison en renouant avec les sacres en Coupe de Tunisie. Evidemment, nous avons eu droit à certains matchs soporifiques sur fond de déboires et désillusions, notamment en championnat. En clair, le CA achève encore sa saison au pied de la Ligue des Champions où seuls les deux premiers du classement compostent leurs billets pour la reine des compétitions continentales. En début d'exercice, les principales interrogations portaient sur la qualité du groupe sous la main, la profondeur du banc, la stratégie des tenants et les objectifs à court et moyen terme. Avec un effectif « bankable» comme on dit, le CA allait-il pouvoir accrocher une place au sein de la lucrative Champions League ? Et dans une moindre mesure, allait-il confirmer ses ambitions grandissantes proférées lors de la grand-messe clubiste estivale, l'Assemblée générale ? Les deux réponses peuvent varier car les Clubistes se sont encore arrêtés aux portes du final du championnat. Doit-on pour autant évoquer un quelconque échec quand on sait qu'à deux ou trois journées près, cette équipe était taillée pour se mêler à la course au titre ? La seconde interrogation porte, quant à elle, sur le niveau de performances du Club Africain. Avec des recrues onéreuses et la tête de gondole, Oussama Darragi, le CA intriguait. Et si le résultat final n'est pas à la mesure des attentes, 3es du championnat, les Clubistes ont cependant réussi à tenir la dragée haute face à leurs rivaux en Coupe de la CAF. En alliant parfois réalisme et qualité de jeu, le CA promet, même s'il n'a pas pleinement convaincu face aux gros bras en Ligue 1. Bref, le groupe semblait perfectible mais pas jusqu'à devenir un épouvantail et être craint par la concurrence. L'opprobre et le soupçon Les autres questions de la saison clubiste restent concentrées sur « le fait du prince », la stabilité au sein de l'exécutif et la pérennité des ressources du CA en vue de faire face aux frais de fonctionnement. Parallèlement, et comme à l'accoutumée, les moindres gestes au sein de la bulle clubiste étaient scrutés avec attention. Beaucoup de buzz et de communication au tournant, mais peu de convictions et de sérénité au bout. Oui, au final, le CA est à l'image de ses tenants et aboutissants, supporters compris. Une équipe irrégulière mais un titre à l'arrivée tout de même. Et on ne peut faire de bilan, aussi court soit-il, sans mentionner le parcours atypique en championnat. Car sans une ou deux glissades malheureuses face aux ténors que sont l'Etoile et l'EST, les Fans auraient davantage cru au miracle. Et c'est dire combien le CA gagnerait à prôner la stabilité de son effectif. Plus d'un taulier actuellement en place en vaut la chandelle. Ça vaut le détour de les maintenir. Mais encore faut-il croire en leur potentiel. Cela nous amène bien entendu au mercato d'été clubiste. Mais aussi aux flux sortants annoncés çà et là. Tout d'abord volet staff technique avec la probable arrivée de Paolo Duarte et sa mallette « beau jeu, nouveau look pour une nouvelle vie ». Il faut comprendre que Chiheb Ellili est actuellement sur la sellette, même si le technicien Clubiste n'est pas à blâmer, mais à saluer, surtout pour l'ensemble de ce qui a été réalisé cette année. Sauf qu'on ne lui pardonnera pas cette décompression express en championnat qui a fait totalement perdre pied au CA, laissant un goût amer chez les Clubistes de tout bord. Davantage que le résultat brut, la manière a aussi froissé les esprits du CA. Dans un contexte où il était attendu que le CA fasse plier ses rivaux que sont le trident EST-ESS-CSS lors de la manche retour, c'est tout le contraire qui s'est produit. En clair, la bipolarisation du football tunisien est telle que le couple EST-ESS s'est de nouveau rendu la tâche facile en profitant des faiblesses récurrentes du CA. On retiendra au final que le Club Africain a tenu son rang de troisième équipe référence du pays, glanant au passage une Coupe de Tunisie. Bref, le CA a assuré, à défaut d'enchanter, même s'il n'a pas pu se glisser dans le duo infernal menant au sacre final !