La Fédération tunisienne des agences de voyages (Ftav) a tiré la sonnette d'alarme, hier, appelant les autorités publiques à œuvrer d'urgence pour le sauvetage du secteur. L'épuisement du budget consacré à l'activité « outgoing » pour l'année 2017 pourrait entraîner la fermeture d'une quarantaine d'agences et la perte de centaines d'emplois Intervenant, au cours d'une conférence de presse, Mohamed Ali Toumi a indiqué que le ministère du Tourisme et de l'Artisanat a informé la Ftav, le 11 juillet 2017, que les transferts financiers au titre de l'activité des voyages organisés en partance de la Tunisie vers l'étranger sont épuisés. Le budget initial de 25 MDT pour 2017 a été même dépassé de 15 MDT, suite à une augmentation exponentielle des dossiers déposés. Un épuisement qui est intervenu assez tôt cette année et qui a été annoncé le 11 juillet 2017. Une situation qui a mis les agences de voyages en situation de blocage, selon M. Toumi, surtout qu'elles n'ont pas été informées d'avance. Ce qui pose des problèmes sur la question du suivi des dossiers déposés auprès du ministère du Tourisme et de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Etude sans suite A l'origine du blocage actuel, la Ftav blâme les autorités concernées qui n'ont pas procédé à l'augmentation du plafond, bien qu'une étude réalisée en 2014 ait montré que les besoins du secteur s'élèvent à 40 MDT en 2014, 50 MDT en 2017 et 60 MDT en 2018, avant la libéralisation totale en 2019. Les résultats de l'étude sont restés sans suite. Et le dernier Conseil ministériel restreint tenu en février 2017 a augmenté ce plafond seulement de 5 MDT, passant de 20 MDT à 25 MDT. Le blocage actuel tient, selon Fahmi Houki, représentant du ministère du Tourisme, à une évolution importante de l'activité « outgoing » depuis 2006. « Le ministère a soutenu cette activité dans une logique de diversification. Durant les cinq dernières années, la demande a fortement augmenté. Nous avons identifié un plafond pour les transferts en devises, mais depuis 2013 c'est devenu une question compliquée », affirme-t-il. Il ajoute que l'étude menée en 2014 a prévu la libéralisation progressive de l'activité outgoing. Mais vu la conjoncture économique difficile, cette mesure n'a pu être appliquée jusqu'à ce jour. Pour Nada Ghozzi, présidente de la commission outgoing à la Ftav, la situation actuelle est l'objet d'un cumul depuis 2014. « Le montant de 40 MDT a été évalué il y a deux années en arrière. Actuellement, la conjoncture a changé et elle est plus critique avec la dépréciation du dinar. Même ce montant doit être révisé à la lumière de cet indicateur », affirme-t-elle. Risque de fermetures Pour le président de la Ftav, l'impact sur les agences de voyages est considérable. « A ce rythme-là, plusieurs agences de voyages vont fermer. Je vous parle d'au moins une quarantaine de fermetures qui pourraient survenir. Elles ont des engagements qu'ils ne peuvent plus honorer. Nous appelons à une révision du montant et à appliquer les résultats de l'étude. Nous sommes en pleine saison, c'est inconcevable de frapper les entités économiques », souligne-t-il, mettant en cause les activités illicites dans le secteur. Mais l'impact n'est pas seulement sur les engagements de ces entités, mais aussi sur l'emploi dans le secteur. Kamel Saâd, secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), a affirmé que la situation actuelle risque de provoquer une crise sociale avec la perte de centaines d'emplois dans le secteur. A noter que l'Ugtt vient d'entamer les négociations sociales avec la Ftav sur l'augmentation des salaires des employés dans le secteur. M. Houki indique que la priorité actuelle pour le ministère du Tourisme est de traiter certains dossiers en instance avec la Banque centrale de Tunisie (BCT) et de gérer les dossiers qui n'ont pas été signés. De son côté, M. Toumi a averti que les agences de voyages ne resteront pas les bras croisés face à une situation pareille. « Il faut que les autorités prennent conscience de la gravité de la situation. On importe des produits qui ne sont pas nécessaires en devises et on met à risque tout un secteur. Il faut agir et vite », lance-t-il.