Une très bonne énergie, une grande générosité et la musique pour principal langage. Sur scène, l'artiste vit sa musique, respecte son art et son public et le fait sentir. Le catalan Diego El Cigala et ses musiciens ont fait vibrer, mardi dernier, les pierres du théâtre de plein air de Hammamet. Venus nombreux assister au spectacle de celui que l'on nomme la Cigale, les présents n'ont, visiblement, pas regretté le déplacement. Conquis jusqu'au bout, ils ont fini, en guise de remerciements, par inonder la scène de fleurs de jasmins (machmoum) et lui offrir une standing ovation plus que méritée. Le chanteur de flamenco, de son vrai nom Diego Ramón Jiménez Salazar, n'a pas volé son surnom El Cigala. Né en 1968 à Madrid, El Cigala chante depuis toujours le cante jondo, le «chant profond» de l'Andalousie. Comme plusieurs autres chanteurs de flamenco, il a débuté dans la rue, dans les tavernes. Après avoir chanté en arrière-plan de danseurs comme Mario Maya, Faíco, Farruco, El Güito, Manuela Carrasco, Cristóbal Reyes, Carmen Cortés et Manolete, il a voyagé dans une grande partie du monde avant de se décider à «chanter devant». Un de ses grands albums est Lágrimas negras qu'il a réalisé en collaboration avec le pianiste cubain Bebo Valdés et pour lequel il reçoit, en 2004, le Latin Grammy Award du meilleur album musique tropicale traditionnelle. En 2006, il est à nouveau récompensé par le Latin Grammy Award du meilleur album flamenco pour l'album Picasso en mis ojos. Son nouvel album L'indestructible (2016), qu'il est venu présenter, est un véritable voyage évoquant la salsa des années 1970, sensuelle et crue, mais aussi un hommage à ce courant musical né du mélange de la musique afro-cubaine. Une voix puissante, expressive qui sait raconter les passions, de la prestance dans l'attitude, une imposante présence scénique, mais aussi une excellente formation musicale. Entre des titres qui puisent plus dans le flamenco où le chanteur s'est fait accompagner par le son du piano qui vient ici remplacer la traditionnelle guitare flamenca et d'autres titres plus rythmés faisant plus dans la salsa, l'artiste nous a fait voyager pendant plus de deux heures, aux sons d'une ambiance latine. Une ambiance qui raconte la mixité, la générosité, l'amour et le partage. Percussions, batterie, contrebasse, trompettes et autres mouvements synchronisés des choristes n'ont pas manqué de faire déhancher le public. L'excellent jeu du pianiste, qui a accompagné El Cigala tout au long du concert, a su émouvoir avec des notes d'une rare sensibilité donnant plus de «feeling» aux paroles chantées. Une très bonne énergie, une grande générosité et la musique pour principal langage... L'artiste est dans une «tchatche» enjouée certes, mais mesurée. Sur scène, il vit sa musique, respecte son art et son public et le fait sentir. Un finish retentissant et rythmé surtout avec le jeu d'improvisation en diable entre le percussionniste et le batteur qui se sont amusés à s'échanger leurs instruments. Une soirée inoubliable. Merci et bravo !