Les autorités ont engagé une guerre sans merci contre le trafic des produits de contrebande Depuis le début de la révolution, la contrebande de produits de diverses natures a pris des proportions impressionnantes gangrenant progressivement les rouages de l'économie nationale, ce qui a engendré des pertes financières et économiques considérables pour les secteurs économiques réglementés, régis par la loi et dont les produits sont soumis aux taxes. Le secteur informel a fini par s'imbriquer étroitement dans les dispositifs des économies nationales des pays en développement du Maghreb livrant une rude concurrence aux circuits économiques formels qui ont fini par montrer des signes d'essoufflement. Les pertes sont considérables et se chiffrent à des millions de dinars à l'échelle nationale. Baisse des recettes fiscales En effet, alors qu'ils ne sont ni déclarés ni soumis à aucune taxe, les produits de contrebande écoulés sur les circuits informels concurrencent à plus de 50% les articles des circuits formels. Face aux gains considérables générés par ce commerce, des réseaux organisés et influents aux contours flous et aux ramifications interminables se sont mis en place pour bien organiser le trafic des produits provenant de la contrebande. Ce sont les cigarettes qui viennent en tête des articles qui génèrent le plus de gains pour les contrebandiers qui en écoulent des quantités impressionnantes à travers les frontières. Selon une étude récente (Kpmg) sur la consommation illicite de cigarettes dans les pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Libye, Maroc), une cigarette sur cinq provient de la contrebande; or, des quantités considérables de cigarettes sont consommées quotidiennement dans ces pays où le nombre de fumeurs et de fumeuses s'est accru parmi les jeunes et les moins jeunes. Le tribut est lourd dans ces contrées où l'impact de la commercialisation de produits provenant de la contrebande se fait ressentir directement sur les recettes fiscales qui sont grevées de 565 millions de dollars supplémentaires par rapport aux recettes des Etats en 2016, selon les estimations de l'étude qui s'est basée sur une méthodologie rigoureuse combinant des analyses statistiques sur la prévalence de la consommation illégale des cigarettes dans chaque pays ainsi que sur des entretiens avec des experts et des universitaires à propos des tendances de consommation observées dans ces zones, de l'origine des entrées et des destinations des cigarettes de contrebande ainsi que des principales marques impliquées. 5 milliards de cigarettes illicites L'enquête sur le commerce illicite des cigarettes consommées dans les pays du Maghreb a révélé des résultats étonnants. Ainsi, plus de 93% des cigarettes consommées par les Libyens sont d'origine illicite. 7 milliards d'entre elles, non soumises aux taxes, proviennent des zones franches des Emirats arabes unis. Le prix peu élevé de ces cigarettes a fait de l'Algérie un des principaux pays fournisseurs, d'après les derniers chiffres qui révèlent que 5 milliards de cigarettes algériennes ont transité vers plusieurs destinations en 2015 et en 2016. Toutefois, le commerce illicite de cigarettes, qui est devenu une composante essentielle des stratégies de subsistance dans de nombreuses régions frontalières, est appelé à régresser au cours des prochaines années en raison du renforcement de la sécurité au niveau des frontières. «Cette étude, qui a identifié les tendances et les facteurs clés du commerce illicite de cigarettes provenant de la contrebande, souligne l'ampleur et la menace du commerce parallèle de tabac en Afrique du Nord. Il est important d'attirer l'attention sur ce grave problème qui prive les gouvernements d'environ 565 millions de dollars par an de recettes fiscales. Il est également important de faire prendre conscience des rapports suggérant que des groupes criminels organisés utilisent les routes du trafic de cigarettes pour d'autres activités illégales et criminelles», a déclaré Alvise Giustiniani, responsable des opérations anti-commerce illicite de Philip Morris International (PMI). Mais avec le renforcement du dispositif sécuritaire sur les frontières, l'étau a fini par se resserrer autour des contrebandiers comme l'atteste la diminution du volume du trafic illicite de cigarettes qui est passé de 17 millions à 13 millions entre 2015 et 2016.