L'hôpital régional accueille 300 patients par jour. Un nouveau service d'urgence new look serait opérationnel d'ici 2018. Le secteur de la santé au Kef semble à la recherche d'un nouveau souffle, tant les prestations de service laissent encore à désirer. A y voir bien clair, l'on voit mal comment la politique sanitaire pourrait contribuer à un sauvetage d'un secteur à la traîne dans plusieurs régions du pays . Et pourtant, bien des choses ont changé, depuis quelques années, grâce, par exemple, au reclassement de trois services dans la catégorie universitaire à l'image des services de néphrologie, d'urgence et de chirurgie à l'hôpital régional du Kef. Des assistants président aux destinées de tels services, mais cela reste insuffisant vu l'accroissement de la population et ses besoins en matière de santé. Moins pessimiste et l'air plutôt jovial et souriant, le directeur régional de la santé, Mohamed Moncef Haouani, estime que les choses vont plutôt bien et que le secteur de la santé a le vent en poupe dans la région du Kef, en citant les deux acquis accomplis au cours de ce mois de juillet en l'occurrence la mise en service du centre intermédiaire de santé de la cité El Ons au Kef et du dispensaire de Jerissa. Le premier est doté d'un service de consultation générale, d'un service de gynécologie et obstétrique, d'un service d'ophtalmologie et d'un troisième d'ORL (nez et gorge), outre l'aménagement d'un laboratoire d'analyse, d'un poste de radioscopie et d'un service de médecine dentaire. Ce qui va incontestablement desserrer l'étau sur l'hôpital régional et réduire l'encombrement manifeste dont ce dernier souffre, nous explique le responsable. Reste que tous les hôpitaux de la région accusent encore des lacunes en matière de médecine de pointe et de spécialité, ce qui contraint plusieurs malades à se rabattre sur le privé et même à effectuer des déplacements à la capitale pour des traitements appropriés nécessitant par exemple des échos par résonance magnétique (IRM) ou des explorations profondes. D'ailleurs, une visite au service d'urgence montre que l'hôpital du Kef est, de l'avis de plusieurs malades, fort encombré et les deux médecins qui y sont affectés sont lourdement débordés et parfois confrontés à la grogne des malades ou des personnes qui les accompagnent. Ils seront quatre médecins à travailler en même temps au nouveau service d'urgence new-look dont l'achèvement interviendra au plus tard début 2018 comme nous l'a confié le directeur régional. Le calvaire est quotidien pour les patients, non seulement du Kef mais aussi de tous les hôpitaux du Nord-Ouest, voire de l'intérieur où le ministère de la Santé doit faire un surcroît d'effort pour augmenter le nombre de médecins spécialistes et équiper les structures sanitaires de manière adéquate et opportune. Une sage-femme de l'hôpital narre le sort d'une femme qui, suite à la démission des médecins gynécologues a succombé à la mort, il y a quelques années, alors que plusieurs autres ont été transférées vers les hôpitaux de Jendouba ou de la capitale où elles ont accouché non sans peine. Elle ajoute, l'air un peu inquiète, que la médecine est axée en Tunisie au profit des citoyens aisés alors que la filière publique demeure l'issue unique pour les pauvres et les démunis. Ce qui rajoute de l'huile sur le feu c'est que l'hôpital ne fournit pas ou peu des médicaments aux patients qui arrivent en urgence, excepté les piqûres de fortune ou les pansements de circonstance. C'est toujours une ordonnance qui est prescrite au malade qui achètera les médicaments par ses propres moyens. On ne parlera pas encore des zones rurales où les conditions de vie sont dures pour la population et tomber malade pourrait être fatal pour certains habitants, tant l'éloignement et le manque de moyens de transport sont un frein réel et parfois une menace pour leur survie en cas de maladie impromptue ou de crise aiguë. Le gouvernement a beau promettre de pallier ces injustices mais face aux difficultés financières et au refus des médecins spécialistes de travailler dans les régions de l'intérieur, la population dans ces régions devra encore attendre pour avoir accès à des prestations de santé qui répondent à leurs besoins et attentes d'autant que les souffrances matérielles et les conditions économiques et climatiques difficiles ne sont pas pour alléger leur calvaire quotidien.