Le public a, bien entendu, répondu présent en grand nombre à cet événement, qui n'est plus local ou régional, mais revêt un caractère national. Ils étaient nombreux à assister, samedi dernier, au concert du célèbre Orchestre du bal de l'opéra de Vienne dans le cadre de la 32e édition du Festival international de musique symphonique d'El Jem. Depuis sa première apparition à El Jem en 1998, l'Orchestre du bal de l‘opéra de Vienne s'est présenté au festival à plusieurs reprises. Pendant ces longues années, une affection réciproque s'est développée entre l'orchestre et le public tunisien. L'ensemble a ainsi tenu à non seulement continuer la tradition de ses tournées, mais à donner aussi un signe de solidarité particulière avec la Tunisie. Le public a, bien entendu, répondu présent en grand nombre à cet événement, qui n'est plus local ou régional, mais revêt un caractère national connaissant, d'une année à l'autre, une grande affluence non seulement des Tunisiens et des résidents à l'étranger mais aussi des touristes. Mélomanes de la musique populaire viennoise et du patrimoine musical universel, en général, ont apprécié le programme présenté par l'orchestre dirigé par le prof. Uwe Theimer. Au menu, plus de 20 morceaux de « musique viennoise» de la période de 1840 à 2017, œuvres de 14 compositeurs, la plupart d'entre eux de la région de l'ancienne monarchie austro-hongroise. Et avec la participation des deux talentueux solistes, la soprano Brigitta Simon et le baryton Till von Orlowsky. L'orchestre entame son voyage musical avec la valse « La Belle Narenta verte » de Karl Komzak(1850 – 1905). Né à Prague, Komzak était l'un des plus fameux chefs d'orchestre militaire de l'armée austro-hongroise. La composition s'inspire du Narenta, un fleuve traversant la Bosnie- Herzegovine, où il était stationné avec son régiment à Mostar en 1895. La « Marche Sarajevo », une composition d'un autre tchècque Julius Fučik (1872 – 1916), également chef d'orchestre d'un régiment en Bosnie, était au programme. Comme toujours, l'orchestre n'a pas oublié de jouer des compositions de Johann Strauss fils (1825 – 1899), maître de la valse viennoise en présentant pour la première fois à El Jem sa valse « Conte de l'Orient » dédiée au Sultan de l'Empire ottoman Abdul Hamid Khan (1842 – 1918) à l'occasion de son 50e anniversaire en 1892, avec la participation du luthiste Riadh Fehri. Le public a eu droit à une belle polka de ce dernier intitulée « Tonnerre et éclair », ainsi que l'interprétation des airs de ses opérettes le «Baron tsigane» et la « Chauve-souris » avec la participation de deux magnifiques solistes. L'on a pu apprécier, également, « Ma vie est amour et joie» (1869), une des valses composées par Josef Strauss (1827 – 1870), frère cadet de Johann. Ingénieur de formation, il se consacra à la carrière musicale au départ pour assister son frère Johann à la direction de l'orchestre de la famille Strauss. Ses valses ont parfois dépassé en beauté celles de son frère. Les musiciens viennois nous ont proposé aussi la « Marche Radetzky », une composition très populaire de Johann Strauss père, qui a pour tradition d'être jouée, par l'ensemble, à la fin du concert du nouvel an à Vienne. Dans la deuxième partie du concert, l'orchestre a présenté la marche « C.A.F.E. » (l'œuvre la plus jeune du programme) composée pour le bal des cafetiers de Vienne en 2017 par Uwe Theimer, professeur à l'Université de musique de Vienne et chef d'orchestre du bal de l'opéra. Un air pour baryton de l'œuvre « La veuve joyeuse» de Franz Lehar (1870 – 1948). Fils d'un chef d'orchestre militaire, choisit d'abord la même profession et devenait plus tard le plus grand compositeur d'opérettes du XXe siècle de son œuvre la plus célèbre. En guise de petite gâterie, le grand chef d'orchestre invite le luthiste et non moins compositeur tunisien Riadh Fehri pour un échange musical et une interprétation orchestrale de sa composition « Sidi Bousaïd » et on poursuit la soirée avec la belle Brigitte Simon qui nous régale avec l'air pour soprano « Amour, ciel sur la terre», pris de l'opérette « Paganini» (Vienne 1925) . L'orchestre nous a mené dans un succulent voyage musical admirablement guidé par le prof. Uwe Theimer, et finit par jouer, comme à son habitude, "Le Danube bleu", une célèbre valse viennoise de Johann Strauss composée en 1866, avant de clôturer la soirée avec la marche de Radetsky, longuement applaudie par un public plus que conquis.