Le village artisanal de Denden s'est transformé, le temps des journées exceptionnelles, en un lieu magique où l'artisanat revisité s'exprime dans toute sa splendeur à travers les belles créations d'artisans et d'artisanes qui y sont exposées Le collectif « Be Tounsi » a organisé récemment, en partenariat avec le village artisanal de Denden et l'Office national de l'artisanat (ONA), les journées exceptionnelles aux jardins de Denden. Ces journées qui s'étalent sur tout le mois d'août se sont articulées autour de plusieurs thèmes dont celui de la décoration d'intérieur et d'extérieur. Nous avons fait un tour dans l'enceinte du village de l'artisanat. En ce début de matinée, les clients commencent à affluer en grand nombre. Le stand produits utilitaires et produits décoratifs en céramique retient l'attention. Et pour cause : Monia Rassâa est céramiste, universitaire. Elle a 25 ans d'expérience. Elle se plaît à créer et à réinventer des formes baignant dans un univers à double sens qui vous font vivre une expérience unique à chaque utilisation. Monia est spécialiste de la création d'articles en faïence. Elle s'ouvre aussi à d'autres matériaux et diversifie ses produits basés sur les principes du design sensitif où chaque produit éveille les sens. « Mes produits portent mon empreinte, nous explique-t-elle sur un ton plein d'assurance et de fierté. Ils sont singuliers, épurés, adaptables. Ils véhiculent le sens de la créativité et de la fonctionnalité ». Sa collection en poterie culinaire, faite à la main, a de quoi séduire les adeptes de la gastronomie, qui sont à la recherche d'une cuisson douce et saine. « J'utilise des matériaux qui préservent bien les qualités organoleptiques des aliments », ajoute notre interlocutrice. L'art de la table est son point fort. Elle éveille,avec sa collection préparée minutieusement à la main et passé au four, vos sens au quotidien. Dotée d'un savoir –faire sans égal, Monia innove et produit à chaque fois des services à table qui se multiplient mais ne se ressemblent pas. «La tasse coûte 7d. Elle est 100% faite à la main. On peut même composer un service personnalisé qui répond au goût du client. J'ai déjà exposé à la foire du Kram. Mon premier rapport avec la céramique remonte à mon enfance, plus précisément lorsque j'étais à l'école primaire. Depuis, je me suis rendu compte que l'argile est une matière vivante. Dans ma collection, je me suis ouverte sur le bois. Je suis la première productrice de design produit. Par ailleurs, les artisanes manquent de support, notamment dans les régions. Etre artisan c'est faire preuve de beaucoup de patience », explique-t-elle sur un ton de connaisseuse en la matière. Son concept : le modulaire et le combinatoire. Son stand regorge non seulement de services à table mais aussi de lanternes et d'abat-jour qui sont écoulés comme des petits pains. Raja Attaya est une autre artisane. Elle s'est autoformée dans le domaine et la fabrication de poupées à chiffon, inspirées de notre héritage ancestral. Professeur de maths, notre jeune femme révèle ses créations qui s'inspirent de la tradition orale et écrite de Tunisie. Ainsi, le personnage de « daggaza » (voyante) est inspiré des histoires qui ont baigné son enfance, révèle-t-elle souriante. Pour ce faire, elle a confectionné une poupée en chiffon, habillée de récupération de tissu de « malia ». « Ces personnages sont en voie de disparition. Une poupée en chiffon coûte 30d. ‘‘Omi Sissi'' ou encore ‘‘Omek tangou'' sont fortement représentées dans ma collection », souligne Raja. Son stand suscite l'admiration. Sa collection est faite entièrement à la main et est 100% tunisienne. «Le porte-clé ‘‘daggaza'' est très demandé par les clients. Il a été vite écoulé à la foire du Kram. Son prix varie entre 7 et 9d et ce selon l'habillement et le costume», renchérit-elle. Dans son stand, la poupée pour bébé « dada », multicolore, fait le bonheur des enfants et des femmes enceintes. C'est un joli cadeau qu'on pourrait offrir à une future maman ou un nouveau né, explique notre jeune femme avec un large sourire. Rim Fedhila, une autre artisane, jouit d'un sens développé de la créativité. Son stand est original. Son mari qui est designer s'est inspiré de la poterie fine, raffinée pour concevoir une jarre à huile entièrement artisanale. C'est une nouvelle création de la poterie. Un nouveau concept de design. La jarre à huile a le vent en poupe. Sa toile de jute, son emballage en bois permettent de mettre davantage en valeur cette dernière. Les trois jarres sont vendues à 29d.900. Monia , Nagra et Feten Abelkefi, respectivement membres de l'association du village et fondatrices de collectif « Be tounsi », indiquent qu'il s'agit d'un événement annuel spécifique qui cible les Tunisiens à l'étranger et tous les citoyens. Le troisième thème s'articulera autour du textile et le quatrième portera sur les bijoux. Mme Monia souligne que les artisanes viennent de tous les gouvernorats du pays, ajoutant que l'association projette de faire de la maison de l'artisanat de Denden un village pilote.