Les incendies qui ont ravagé nos forêts au cours de la première décade de ce mois d'août ont été fort destructeurs pour le couvert végétal et tout le patrimoine forestier, provoquant même de graves atteintes à l'écosystème national dont les arbres sont la composante majeure et engendrant des émanations de gaz à effet de serre. Mais si les superficies incendiées n'ont pas été encore définitivement cernées, elles sont estimées entre 2.500 et 3.000 ha, ce qui représente, aux yeux des responsables des services forestiers, un énorme gâchis pour le pays en matière de préservation du couvert végétal. La plupart des forêts incendiées sont plantées de pin d'Alep résineux, de chêne, de chêne-liège et d'arbustes typiques de la flore méditerranéenne. On ignore le nombre total d'arbres brûlés et, seul, un travail sur le terrain peut donner une idée précise sur l'ampleur de la catastrophe. Les responsables des services forestiers sont, cependant, unanimes sur les conséquences dramatiques de ces incendies sur la vie des hommes et des femmes d'autant plus que, selon les études scientifiques, la régénération d'une forêt nécessite près de 60 ans. Destruction du couvert végétal Si l'on considère, d'après moult études scientifiques, que l'arbre produit entre 15 et 30 kg d'oxygène par jour, l'on comprend alors les pertes engendrées par tous ces incendies (plus d'une centaine en une semaine) qui ont détruit notre couvert végétal. Sachant encore que deux arbres peuvent fournir assez d'oxygène pour une famille de quatre personnes et qu'une personne adulte consomme, toujours selon des études scientifiques, 700 grammes d'oxygène par jour et 15 à 30 kg par mois, l'on imagine alors que la perte provoquée par ces incendies pour le bien-être de la population est énorme. Selon le chef de la division des forêts du Kef, Amor Ferchichi, un arbre consomme en moyenne une demi tonne de carbone par jour et fournit d'importantes quantités d'oxygène surtout lorsqu'il est en phase de croissance. Il estime que les forêts du Kef consomment, selon des études effectuées en collaboration avec le département de la Seine-Maritime en France en 2017, près de 80% du carbone produit par la région, ce qui représente à ses yeux, un bienfait à préserver et à consolider afin de lutter contre les gaz à effet de serre. Le responsable régional des forêts explique aussi que la régénération d'une forêt en pin d'Alep nécessite entre 70 et 80 ans alors que la mise en défense pour le renouvellement de la forêt incendiée mobilisera, en chiffres constants, près de 30 mille dinars, si tout va bien, nous confie-t-il. Il cite à titre de rappel l'incendie qui a ravagé les forêts de Ouergha en 1922 et dont la régénération n'a eu lieu qu'à la fin du siècle dernier, selon ses propos, citant à titre d'exemple les forêts de Ardhia, Dhallia, Sahlia et Garn Kleb pour ne citer que ces forêts-là, qui ont eu leur couvert végétal renouvelé totalement. Un mot d'ordre : reboisement Néanmoins, l'on considère que, depuis l'avènement de la révolution du 14 janvier, les choses ont empiré et près de 3.000 ha de forêt de pin d'Alep ont été détruits par le feu au Kef. Pour cet été, la région a enregistré plus de 50 ha qui ont raison de près de 60 ha seulement, et ce, grâce à la mobilisation optimale des équipes et des moyens d'intervention disponibles. Mais comment peut-on envisager l'avenir de nos malfaiteurs et autres pyromanes ? Pour Amor Ferchichi, l'action individuelle est incapable de remettre la forêt à son état initial, mais il faut des programmes nationaux de reboisement des forêts détruites. Cela dit, plusieurs associations ont lancé le mot d'ordre: reboisement des forêts détruites par les incendies. Une action de grande envergure est envisagée au mois de novembre où interviennent la fête de l'arbre et la période de plantation des jeunes plants. Dans cet état de dépit et d'inquiétude, l'appel est lancé partout dans les régions du nord pour protéger les forêts de Ouergha, de Kroumirie, de Béja et de Sejnane vu qu'elles représentent un Eden et un lieu de la production de l'oxygène que l'on respire, voire un Eden où les écrins de verdure donnent la joie de vivre aussi bien pour l'homme que pour l'animal, car les forêts du nord sont un lieu où vit une faune sauvage hétéroclite, dont le chacal, le renard, le sanglier, l'hyène rayé, le lièvre et les tortues, sans négliger la panoplie d'oiseaux sédentaires ou migrateurs, tout comme les reptiles et autres insectes utiles à la survie de certaines populations animales.