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M. Youssef Chahed, héros malgré lui !
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 08 - 2017


Par Hédi Ben Abbes
Une économie exsangue, un dinar en chute libre et une absence de visibilité sur l'avenir. Des investissements nationaux et internationaux à l'arrêt, auxquels s'ajoute l'absence de réformes structurelles. Une corruption endémique et un gaspillage des fonds publics. Voici quelques-uns des maux qui précipitent chaque jour un peu plus le pays vers le chaos. Pourtant, tout cela n'est rien face à la crise politique que traverse notre Tunisie.
En effet, les trois hauts lieux du pouvoir sont, sinon en confrontation permanente, du moins, paralysés par la méfiance et la suspicion l'un envers l'autre. Le Parlement se distingue par l'incompétence d'une bonne partie de ses membres, par la corruption de certains, par l'absence du sens de l'intérêt général et de la responsabilité publique. Une présidence de la République dont le seul souci consiste à peaufiner les combines, les règlements de comptes et les manœuvres à des fins personnelles dénuées de tout sens de l'Etat. Enfin, une présidence du gouvernement sans vision claire, sans feuille de route, sans coordination entre ses départements, plombée par l'incompétence de certains de ses membres et le manque de probité de quelques autres. Résultat des comptes, un pays à la dérive, qui se fragilise un peu plus jour après jour et glisse inéluctablement vers l'incertitude.
Un tel environnement politique a donné la possibilité à tous les arrivistes, les combinards et les voyous, de trouver un terrain propice à l'expression de leur « talent » maléfique. Ils semblent assurés d'obtenir une « prime à la médiocrité ». Plus on est médiocre et servile, plus on est récompensé par les deux combinards en chef.
Une véritable voyoucratie est à présent installée à tous les niveaux de responsabilité. Des énergumènes sans vergogne et sans pudeur envahissent quotidiennement les plateaux de télévision et les radios pour se donner une nouvelle virginité et aggraver chaque jour un peu plus la crise de confiance nationale.
Quant aux partis politiques, ils s'illustrent par l'absence de projet pour le pays. Ils gravitent autour du « chef » au lieu de graviter autour d'un projet. Ils ont réussi l'exploit de dégouter les Tunisiens de la politique. Le tout, en un temps record !
Face un tel tableau noir, on se trouve confronté à une situation politique inédite qui mérite que l'on s'y attarde un peu pour mieux comprendre les enjeux et envisager des solutions.
Tout d'abord, la crise est politique et la solution ne peut être que de nature politique ! Pour y voir plus clair, prenons une photographie instantanée du paysage politique tel qu'il se présente à nous aujourd'hui. Tout d'abord, quelle est la nature de l'alliance entre Ennahdha et Nida, les deux détenteurs du pouvoir ? Contrairement à ce que certains pensent, cette alliance est objective et solide car elle repose sur trois piliers essentiels.
Le premier réside dans leur conception de l'Etat. Bien qu'ayant des motivations différentes, les deux formations conçoivent l'Etat de la même manière. A savoir, un Etat sous l'emprise des partis. Nous savons tous avec quel empressement Ennahdha s'était déployée méthodiquement pour phagocyter l'appareil de l'Etat, en mettant la main sur ses rouages les plus sensibles. De l'autre côté, en parfait héritier du régime rcédiste, Nida et son chef œuvrent eux aussi à placer leurs hommes aux postes les plus importants à travers une stratégie clientéliste dont le seul objectif est l'accaparement du pouvoir par la ruse et la roublardise, faute de programme et de compétences pour gérer les affaires publiques.
Dans les deux cas, l'Etat doit être sous la coupe des partis. D'où cette entente objective entre ces deux formations. Il suffit de se rappeler la principale raison du limogeage de M. Habib Essid, dès lors qu'il s'était opposé aux exigences clientélistes de ces deux formations en matière de nomination aux postes clés, pour se rendre compte de cette convergence de points de vue.
Le deuxième pilier repose sur la phobie de la transparence et le rejet de la responsabilité. En effet, les deux grandes formations au pouvoir voient d'un très mauvais œil toute réforme visant à introduire de la transparence et à instaurer le principe de la reddition des comptes. Le financement de ces formations et leur implication dans différentes affaires les incitent à maintenir le système actuel et à se satisfaire d'une « démocratie cosmétique » qui se limiterait au rituel des urnes. Il n'est donc pas question d'indépendance des institutions. Et encore moins, d'un Etat de droit.
Le troisième pilier consiste en l'absence de vision, de programme et de compétences, pour mener une politique publique digne de ce nom. Et par conséquent, assumer un réel bilan. Dès lors que la longévité au pouvoir requiert ces éléments indispensables au renouvellement de la confiance du peuple à ses dirigeants, et du fait que ces deux formations n'ont ni vision, ni programme, ni compétence, elles comptent davantage sur les combines et les manœuvres pour se maintenir au pouvoir plutôt que sur le plein exercice de la responsabilité publique et la revendication d'un bilan.
Pour toutes ces raisons, et bien d'autres, l'alliance Ennahdha-Nidaa est plus solide que l'on croit. D'autant qu'elle nous rappelle une certaine« guerre froide » et « l'équilibre de la terreur », sachant que les deux formations savent à quel point elles peuvent nuire l'une à l'autre si elles venaient à se confronter. Le mieux est donc de choisir la voie de « l'entente cordiale », tout en se méfiant l'un de l'autre, car comme le dit l'expression tunisienne : « Chacun a son diable dans la poche ».
Nous l'avons vu, le véritable enjeu est un enjeu politique et démocratique, de vision, portée par un projet pour le pays. Il est évident que ces deux formations s'illustrent aujourd'hui par leur incompétence. Par leur manque du sens de la responsabilité et ce, en dépit d'une majorité écrasante au Parlement et d'une opposition quasi-inexistante. Que pourraient-elles faire demain de ce qu'elles n'ont pas pu faire aujourd'hui ? Rien, des combines, rien que des combines et pendant ce temps-là, le pays continue sa descente aux enfers.
Face à une aussi désastreuse photographie, M. Youssef Chahed se trouve, probablement malgré lui, face à trois options dont la dernière me paraît appropriée, voire indispensable.
Pour les raisons invoquées ci-dessus — la conception de l'Etat, la phobie de la transparence, l'absence de vision et de projet pour le pays—, les deux formations vont tout faire pour que M. Chahed se plie à leur volonté. Soit il se résigne, accepte le diktat de ces formations en changeant d'agenda politique et en acceptant une feuille de route confectionnée dans les obscures officines des combinards en chef. Soit il claque la porte, en refusant d'être sous la tutelle de ces deux formations et il sort ainsi par la grande porte. Une telle réaction ferait tout de même l'affaire des deux formations qui peuvent l'accabler d'incompétence pour s'en débarrasser et l'empêcher de passer pour un « héros ». Elles pourront alors trouver un « tartempion » comme il y en a beaucoup dans ce pays, pour faire la sale besogne de conduire les affaires jusqu'aux prochaines élections. Soit alors, M. Chahed assume ses responsabilités, compte ses troupes, et va à la confrontation avec comme seul et unique objectif : sauver le pays.
Cette troisième option mérite que l'on esquisse les tenants et les aboutissants de cette hypothèse certes, séduisante, mais ô combien difficile à mettre en œuvre. En effet, M. Chahed se trouve aujourd'hui dans une position très difficile, mais il détient entre ses mains des atouts non négligeables. Sous le parapluie de la lutte contre la corruption, il peut se frayer un chemin vers un double objectif, le salut de la Tunisie et une carrière politique respectable.
Nombreux sont ceux qui n'ont aucun intérêt à ce que le pays se transforme réellement en un Etat de droit. Les lobbies de toutes sortes feront tout pour préserver leurs intérêts en empêchant M. Chahed d'aller jusqu'au bout de ce projet. Dans cette équation à plusieurs variables, M. Chahed peut compter sur l'opinion publique qui lui est aujourd'hui acquise ainsi que sur le soutien de l'Ugtt, à en croire les dernières déclarations de ses responsables ! L'opposition dans sa diversité, les sincères et les populistes seront eux aussi contraints de se positionner selon le clivage « pour ou contre la corruption ? » ! Pour ce faire, il faudrait maintenir le cap de la lutte contre la corruption, d'être également sincère dans cette démarche et de présenter une feuille de route programmatique pour les deux années à venir, tout en mettant en place une véritable stratégie de communication visant à impliquer l'opinion publique dans ce projet et ayant comme devise : « Probité et efficacité ».
Cette troisième option mériterait un développement à elle toute seule que je ne peux présenter ici. Néanmoins, elle ne pourra voir le jour que si M. Chahed répond de la manière la plus claire à la question suivante : « Êtes-vous prêt, M. Chahed, à y aller ? ».
Si la réponse est positive, vous pourrez compter sur le soutien de tous les patriotes désintéressés qui ne visent ni poste, ni position d'influence, ainsi que de tous ceux qui ont conscience des enjeux actuels et qui aiment leur pays par-dessus tout. Dans le cas contraire, le pays s'engagera davantage dans une voie sans issue et les chantres de l'immobilisme et de la corruption sortiraient vainqueurs. Alors, le pays aura raté une énième occasion de s'en sortir. Et pour M. Chahed, l'occasion de marquer l'histoire de son empreinte.
Notre Tunisie et les Tunisiens sont fatigués. Nous ne voulons plus avoir à choisir, encore une fois, entre la peste et le choléra !


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