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Faouzi Ben Abderrahman : La faillite du «régime des partis»
Publié dans Leaders le 11 - 10 - 2016

Depuis 2011, Sept gouvernements se sont succédé sur le pouvoir exécutif. Les résultats sont jugés plus que mitigés par l'opinion publique, et la situation actuelle du pays fruit des politiques passées ne laisse pas un grand espace d'optimisme dans l'avenir immédiat du pays et surtout de ses équilibres financiers.
Tous les baromètres politiques jugent très sévèrement les partis politiques et l'indice de confiance n'a jamais été aussi bas dans l'opinion publique.
Devant cet échec, de nombreuses voix s'élèvent pour appeler à la modification de la constitution et de son régime semi-parlementaire. Mais la question non débattue et sans réponse devrait être : ‘ Sommes-nous en train d'exercer réellement le régime semi-parlementaire ?'.
Et pourtant, la réponse est évidente. Notre régime politique est différent de celui de la nouvelle constitution de la 2e République et c'est une des causes majeures de la très mauvaise gouvernance du pays et de l'absence totale de leadership politique source de l'instabilité que nous vivons. En réalité, on s'apparente beaucoup plus à un régime d'assemblée ou un régime des partis.
Il est malheureux de constater aujourd'hui que dans leur ensemble, les partis politiques n'ont pas les compétences nécessaires pour gérer le pays et qu'ils ne le reconnaissent pas. Ils n'ont pas une bonne compréhension de leur rôle, ni du fonctionnement des institutions. Les partis politiques n'ont pas de vision pour le pays, ne font rien pour préparer et former les futurs cadres du pays ni pour élaborer les programmes qui permettent de mettre le pays sur la voie du progrès intégral, économique et social et pallier aux dysfonctionnements divers.
Les partis politiques dans leur ensemble n'ont aucune conception pour instituer un état moderne et qui sert l'intérêt commun tout en se référant à la seule légitimité de la loi. Cette notion de l'Etat est tellement importante qu'elle aurait mérité un vrai débat national. On doit y revenir.
Ainsi, dans la pratique de tous les jours, la seule bataille des partis devient les nominations aux postes-clés des institutions politiques et économiques du pays avec comme seul critère, la loyauté aux partis.
Cette situation engendre tous les maux que nous vivons aujourd'hui : la désaffection de la population de la politique, l'absence de débats sur les questions majeures du pays et surtout le manque de cohérence des politiques économiques et sociales et leur manque d'ambition.
Et pourtant, la démocratie et la souveraineté nationale ne peuvent pas s'exercer sans partis politiques, mais des partis véritables qui ont les ressources humaines, intellectuelles, matérielles et structurelles solides afin de jouer pleinement leur rôle.
Le premier fondement d'un parti politique est son idéologie. On se réunit autour de quelques idées simples. Le point commun des partis en Tunisie est qu'aucun Parti n'assume son positionnement ni ne s'assume pleinement. Ni les islamistes n'assument leur islamisme, ni les libéraux n'assument leur libéralisme, ni les socialistes n'assument leur socialisme, ni les marxistes n'assument leur marxisme, ni les nationalistes leur arabisme.
La majorité des partis s'agglutinent dans un même espace communément appelé : social-démocratie. Ce chapeau idéologique et qui est bien dans l'air du temps est tout à fait commode pour être la feuille de vigne qui cache le désarroi idéologique des partis politiques.
Ceux qui ont lu les programmes politiques des partis qui ont pris la peine d'en élaborer ne peuvent que constater le patchwork sans ligne directrice des visions sous-jacentes.
Quand les partis se réunissent dans une coalition gouvernementale, cette absence de projets et de débats est affligeante et ne peut que conduire vers une absence totale d'une ambition pour le pays accompagnant un consensus aussi mou que paralysant.
Le deuxième pilier des partis politiques et qui devrait être au centre de leurs objectifs est la formation des cadres et l'encadrement de leurs militants. A cet effet, l'institution clé devrait être l'école du parti et ceci se justifie d'autant plus dans notre pays vidé de sa substance politique depuis des décennies malgré. Les vestiges de l'école de l'ex RCD fait l'essentiel de la pépinière des jeunes cadres courtisés par l'ensemble des partis.
Les partis politiques se lancent dans une course effrénée pour nommer des cadres manquant cruellement de formation dans tous les postes qu'il est admis ou toléré d'avoir y compris en bravant les lois universelles de la neutralité de l'administration. A titre d'exemple, le décret N°87 du 24 septembre 2011 organisant les partis politiques stipule clairement dans son article 7 tous les agents de sécurité intérieure en activité mais aussi les gouverneurs, les secrétaires généraux, les délégués et les omdas. Ce décret a été élaboré en 2011 pour assurer la neutralité de l'état et pourtant qui s'en soucie aujourd'hui ? Dans les pays démocratiques, cette question a été débattue, a fait l'objet de recherches et en général les élites du pays ont fini par trouver un compromis entre ‘postes politiques' et ‘postes non politiques'. Ce débat primordial et occulté fait le lit des partis qui adoptent une approche totalitaire totalement dépassée dans le monde.
Le troisième pilier des partis est la question de leur gouvernance interne. Sans congrès électif, ces ensembles sont au mieux des bandes de copains, au pire des individus réunis autour d'un chef qui n'a pas intégré en général le mot alternance dans son vocabulaire.
Combien de partis sont réellement institutionnels ? Très peu pour ne pas être sévère. Dans notre pays, on tolère des partis participant aux élections et bénéficiant de financements publics sur une simple déclaration des fondateurs.
Le quatrième et dernier pilier est la finance permettant au parti de faire face à ses obligations et lui permettant de jouer son rôle et sur ce point tout est à faire dans notre pays tant au niveau des lois et réglementations, qu'au niveau des mécanismes de contrôle. Les partis politiques sont les otages et les créanciers politiques de leurs donateurs. Sur ce plan le décret des partis n'est simplement pas appliqué.
Nos partis politiques se gardent bien de faire leur bilan et d'examiner l'impact de leurs défaillances multiples sur la situation générale du pays.
Ainsi, la situation de la Tunisie est similaire à la quatrième république française et je voudrais citer ci-après sans commentaire l'analyse faite de ce régime :
Sous la IVe république, la chambre basse, légifère, exécute, et contrôle. Comme nous avons essayé de le montrer, il n'y a pas de contre-pouvoir réel: l'exécutif est totalement assujetti, le peuple n'est jamais sollicité en dehors des élections générales (…) En ce sens, en dépit defondements constitutionnels instituant un véritable régime parlementaire, les faits consacrent un régime d'assemblée, ou, pour utiliser un euphémisme, un régime parlementaire dévoyé.
De plus, nous avons vu que derrière ce régime d'assemblée se cache un régime des partis. Les partis politiques sont instables, capricieux, et dominés par des lobbies exerçant de réelles pressions. Les diverses tentatives de réformes, notamment celle menée par Pierre Mendès-France, ont échoué, et le régime, confronté à une réelle instabilité avec vingt-et-un gouvernements en douze ans d'existence, disparaitra le 4 octobre 1958 avec l'adoption d'une nouvelle constitution sous l'impulsion du général de Gaulle. Celle-ci confèrera au pouvoir exécutif une grande légitimité, une forme d'autonomie, et permettra une plus grande stabilité avec un réel équilibre des pouvoirs.
Notre situation est similaire dans la mesure où ce n'est pas tant le régime semi-parlementaire qui est mis en cause –quoiqu'il mérite d'être revu par certains de ses aspects- mais la pratique du pouvoir telle qu'exercée par les acteurs politiques et institutionnels et dont les partis politiques ont totalement dévoyé l'esprit. Dans notre pays, il y a de quoi écrire des livres sur les situations caricaturales d'incompétence, d'instabilité, d'illettrisme politique et surtout économique, de corruption et de médiocrité dans l'exercice du pouvoir.
L'intelligence publique –qui se trompe rarement- le voit, le constate et fait ce qui correspond le mieux à la nature des tunisiens et de ses jeunes, les gratifie de la meilleure expression du mépris : l'ignorance.
Le pays a besoin d'un souffle rénovateur qui ne peut être apporté que par des élites et des énergies organisés en partis politiques ayant les moyens de leurs ambitions. Cette construction nécessite du temps et beaucoup de sagesse et de clarté de vision, d'amour pour ce pays et ses citoyens, d'abnégation et surtout d'un grand sens de l'éthique.
Les lois peuvent aider et accélérer cette remise en cause salutaire, mais ceci ne se fera pas sans une remise en cause réelle et objective de la situation actuelle dans le sens des réflexions suivantes pour ébaucher ce débat stratégique pour l'avenir de la gouvernance du pays.
* Revoir le décret organisant la création et l'organisation des partis pour en faire une loi applicable dans la réalité et assurant leur institutionnalisation.
* Revoir les modalités de financement des partis politiques et veiller à l'application stricte de la loi
* Ne permettre qu'aux partis ayant eu leur congrès électif de participer aux élections et de bénéficier du financement public
* Créer des cursus d'études politiques dans les universités
* Etablir la liste des postes dits ‘politiques' de l'appareil de l'état en spécifiant les critères de compétences
* Lancer le chantier du ‘référentiel de compétences' dans l'administration et institutionnaliser les nominations en commençant par les postes des hauts cadres
* Lancer la consultation sur la réforme de l'état avec les acteurs politiques et les citoyens
* Planifier la formation préalable des conseillers municipaux sur la gestion des collectivités locales et lancer un vaste programme à cet effet
* Encourager les partis politiques à recruter des cadres compétents et à former leurs cadres
* Mettre en place l'environnement règlementaire et de sensibilisation afin d'assurer la neutralité de l'état.
* Revoir la loi électorale afin d'assurer une expression diversifiée mais significative et forte des différentes écoles de pensées.
En conclusion, on aime tous réussir notre démocratie, mais nous nous sommes mal engagés jusqu'à présent car nous ne discutons pas les problèmes de fond et la manière de les résoudre. Notre recherche de consensus mous aligne le pays par le bas.
Le problème des partis politiques est très sérieux car il s'agit de la gouvernance du pays (Que ce soit au sein de la majorité ou dans l'opposition).
Pour réussir, nous avons besoin d'un régime politique avec des pouvoirs forts et indépendants. Le régime des partis a montré ses limites. Il va falloir nous en sortir et vite.


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