Imed Daimi (dirigeant au parti Tounès Al-Irada) Il est clair que ce remaniement ministériel n'est pas le fruit d'une évaluation du bilan de chaque ministère. Il est clair également que c'est un remaniement imposé par les lobbies dans le cadre d'une guerre de positionnement au sommet de l'Etat. Il est clair aussi que ce remaniement n'est pas du tout radical et n'aura aucun effet positif sur la santé de notre économie. Dans une première lecture, je dirai que la nomination d'un sécuritaire à la tête du ministère de l'Intérieur est inquiétante. M. Lotfi Brahem, commandant en chef de la Garde nationale, à la tête du ministère de l'Intérieur est un véritable coup porté à l'idée d'une police républicaine et à la stabilité de l'institution sécuritaire. Ce monsieur a des relations conflictuelles avec plusieurs cadres de l'Intérieur et entretient des relations douteuses avec certains lobbies. Je ne comprends pas non plus pour quelles raisons le ministre de la Défense a été remplacé alors que son ministère faisait un travail correct. Mohsen Hassen (dirigeant au sein de Nida Tounès) Je tiens tout d'abord à féliciter l'ensemble des ministres qui ont été nommés et ceux qui ont été maintenus à leurs postes. Je leur souhaite beaucoup de réussite dans leur mission qui n'est pas du tout facile. Pour moi, le dossier économique revêt une importance capitale et j'ose espérer que ce gouvernement permettra de redresser la situation économique du pays. Le parti Nida Tounès et moi à titre personnel, nous sommes satisfaits des choix qui ont été faits et nous allons soutenir ce nouveau gouvernement, tout en étant une véritable force de propositions. Mon souhait est de voir l'ensemble des partis politiques appuyer le gouvernement pour qu'il puisse relever les défis auxquels il fera face. Bien évidemment, le soutien des organisations nationales sera également un atout considérable. Ridha Belhadj (ex-dirigeant de Nida Tounès et coordinateur général du parti Tounès Awalan) Comme première lecture de ce remaniement ministériel, je dirai sincèrement que c'est en deçà des attentes. Une telle approche dans la formation d'un nouveau gouvernement ne pourra, malheureusement, pas permettre le redressement économique que nous attendons. Notre parti a, dès le départ, demandé que les négociations et les consensus se fassent sur la base d'une feuille de route, à propos de ce que devra faire le gouvernement. Mais nous constatons aujourd'hui que non seulement le souci majeur de ce remaniement était le quota à allouer à chaque parti, mais s'est également ingénié à satisfaire la représentation des clans. Ce n'est pas ce que nous attendions, c'est à peu près décevant. Fathia Saidi (membre du bureau exécutif d'Al-Massar) Lors de nos entretiens avec Youssef Chahed, nous n'avons voulu proposer aucun nom. Notre seule demande était que ce gouvernement poursuive sa guerre contre le terrorisme et contre la corruption. Il était important pour nous que le gouvernement Chahed garde cette dynamique, tout en continuant à appliquer le Document de Carthage. Nous avons également exigé que les solutions pour le redressement de l'économie ne se fassent pas au détriment des plus démunis. A titre personnel, je crois que les nominations à la tête des ministères de l'Intérieur et de la Défense traduisent clairement une volonté de poursuivre la guerre contre la corruption et le terrorisme. D'après ce que je sais, le ministre de l'Intérieur nommé a été le fer de lance du gouvernement dans sa guerre contre la corruption et il n'a pas été étranger aux arrestations spectaculaires. D'un autre côté, je constate que Chahed a gardé les mêmes équilibres politiques à l'intérieur du gouvernement. Cependant, certains ministres très contestés ont bizarrement été maintenus à leurs postes. Enfin, je n'ai pas du tout apprécié la manière dont la composition du gouvernement a été annoncée. La communication de l'Etat doit passer par les agences de presse et les médias publics.