Les académies de football, il en pousse comme des champignons ! Dans le Grand Tunis, au Lac, comme dans les grandes autres agglomérations et les chefs-lieux de gouvernorat, on les reconnaît surtout à l'immense filet qui recouvre l'aire de jeu pour empêcher les ballons d'aller se perdre au loin. Un excellent filon qui ouvre des perspectives pour les ...milliers de techniciens qui quittent les écoles de formation et qui ne trouvent pas d'emploi. Il suffit d'avoir, ou de louer, un terrain bien placé et assez spacieux, un vis-à-vis convaincu et le tour est joué. Le public est demandeur et avec les sommes folles que l'on dépense pour avoir à ses services tel ou tel joueur, l'investissement paraît pouvoir dégager un retour sur investissement intéressant. Une anecdote vraie : un père de famille a demandé à son voisin s'il avait inscrit son fils à l'école, s'est vu répondre : «Je crois que je vais l'inscrire dans une académie de football. Il a du talent et gagnera largement sa vie. Avec le chômage qui règne, l'avenir est dans le sport !». Ce n'est point là un exemple à prendre, mais le créneau est aussi tentant que motivant et les pères de famille inquiets investissent aussi bien dans l'enseignement privé que dans le sport où les places sont chères au sein des équipes formatrices. Mais de toutes ces installations qui sont plus ou moins bien dotées, jaillit un geyser de questions. Nous pensons que la principale et qui pourrait expliquer tout le reste est bien celle qui porte sur les objectifs de ces «académies». Les premières de ces cellules de formation ont vu le jour en Hollande, en Allemagne puis en France où l'arrivée du Roumain Kovacs avait fait comprendre à la direction technique française après la déroute au Mondial face à la Bulgarie, que le secret de la réussite était bien dans la formation. Le message est passé. Aujourd'hui, le football français est un des plus performants au monde et les joueurs de l'Hexagone évoluent dans le haut niveau sur tous les terrains de la planète. L'équipe de France peut aligner deux formations presque d'égale valeur et même si on soulève le cas des joueurs subsahariens venant des centres de formation créés par des équipes françaises, Fontainebleau demeure le phare pour cette remarquable formation à la base d'éléments performants et compétitifs. Plusieurs centres sont associés aux plus grandes équipes de la planète auxquelles ils fournissent des éléments de première main. Le Paris Saint-Germain lors de son dernier passage à Tunis, pour jouer contre le Club Africain, a créé une académie en son nom à Tunis. On a inauguré jeudi soir à Lisbonne la première académie pour jeunes au Portugal. La cérémonie de lancement s'est déroulée en présence de l'ancien attaquant Pedro Miguel Pauleta, ambassadeur officiel du club francilien. Le réseau d'académies du PSG couvre désormais une dizaine de pays (Qatar, Etats-Unis, Canada, Maroc, Inde, Tunisie...). A Lisbonne, le PSG s'appuiera sur une structure de foot à 5 en extérieur pour accueillir garçons et filles de 5 à 14 ans. Quels sont les objectifs des académies de football dans le monde? En voici quelques-uns : – Former de jeunes joueurs talentueux pour devenir les meilleurs joueurs de football. – Rechercher un type de joueur pas forcément physique, mais bon penseur, prêt à prendre des décisions, qui à du talent, de la technique et de l'agilité. – Faire en sorte que les jeunes choisis, aient le meilleur développement dans le club de football. Des objectifs clairs qui n'ont rien de génial. Les quelques indications qui ressortent de ces objectifs veulent tout dire : devenir les meilleurs, trouver des talents, dénicher des penseurs ou stratèges, mettre la main sur des éléments décisifs, des techniciens habiles et agiles avec une marge de progression respectable. Que veut-on de plus ? Ces objectifs sont déjà tout un programme que les meilleurs techniciens du monde mettent en forme et s'appliquent à réaliser dans le cadre d'un programme de formation, où tout est au service du gamin pris au berceau et sur lequel il y a un consensus : il porte en lui les gènes d'un futur grand joueur. Des indices... Au sein de ces académies, l'enfant apprend comment améliorer sa condition physique, sa technique et sa technique collective, l'esprit d'équipe, la motivation, l'organisation, la responsabilité, la concentration et la gestion de la pression. Cela suppose : – La présence de compétence reconnues et prestigieuses et non des animateurs qui lui apprennent à taper simplement dans un ballon. Nous retrouvons dans ces centres prestigieux les meilleurs entraîneurs formateurs du monde et beaucoup d'entre eux ont joué en haute compétition durant de longues années. En visite dans une de ces académies, nous avons vu des gamins courir en groupe derrière un ballon alors que leurs «entraîneurs» discutaient de la pluie et du beau temps ! – Des installations de qualité, modernes et spacieuses et où l'enfant peut se reconnaître et évoluer. Les jeunes surtout dans les clubs souffrent et ont des difficultés de progresser plus vite. C'est la raison pour laquelle les parents commencent à bouder les clubs et se jettent pieds et poings liés dans les bras de ces académies privées qui leur font payer les yeux de la tête. – La possibilité de s'entraîner avec les futurs joueurs du football professionnel. Qui peut approcher une vedette dans nos murs ? – Une éducation académique couplée avec une éducation de football. On ne demande pas toujours ce qu'il en est des résultats scolaires. – De fréquentes participations aux tournois de renom. Heureusement que l'on commence à s'intéresser à ce genre de tournois. Les joueurs de football de la catégorie Ecole U12 du Club Africain se sont envolés vers les Etats-Unis pour participer à la coupe du monde Danone Nation Cup fixée entre les 20 et 26 septembre 2017 à New Jersey. Le Club Africain fera partie du groupe B avec le Brésil, la Bulgarie et l'Autriche. – Un modèle de formation qui met l'accent sur l'amélioration des compétences techniques à travers plus entraînements et moins de matches. C'est là un des secrets de cette formation qui donne la priorité à la formation et ne se fixe pas sur la compétition qui déforme et qui peut nuire à ce programme de responsabilisation du futur joueur. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe autour des terrains des matchs entre «écoles» ou «minimes» la réaction et l'attitude des parents et du personnel d'encadrement pour comprendre que l'on est encore loin du compte. Il faut absolument éviter de croire que ces académies ne rendent pas service, mais il faudrait que l'on sache ce qu'elles font, comment elles préparent leur programme de formation, qui est le personnel d'encadrement technique à son service. La qualité du programme et du personnel d'encadrement sont des conditions sine qua non de leur réussite. Elles ont certainement leur place, puisque les clubs sont à court de moyens ou trop subjugués par les résultats immédiats au détriment de la formation. Considérant qu'elles sont en mesure de dénicher des talents, elles peuvent contribuer à la prospection des valeurs dans une population très importante. Cette mission ne doit en aucun cas se laisser polluer par l'aspect financier (c'est malheureusement le cas !) car si c'est un véritable filon pour leurs entrepreneurs, elles constituent un véritable gouffre pour les parents. Si on autorise leur création, il faudrait les surveiller pour qu'elles ne deviennent pas de simples garderies de luxe. C'est tout un programme !