La fin de la semaine écoulée, nous avions brusquement ressenti que les événements se précipitaient et que l'ambiance n'était plus ce qu'elle était. La ferveur, qui avait régné à la suite de la «romontada» face au Congo et de la qualification des quatre formations tunisiennes engagées en compétitions africaines, s'est brusquement estompée avec l'élimination de l'Espérance et du Club Sportif Sfaxien. Ajoutons à cette élimination l'annonce d'une possible démission du président d'un des clubs les plus influents du pays, à savoir l'Espérance, qui est venue plomber cette ambiance. Quelle pourrait être la raison de ce pressentiment, de cette secousse tellurique qui a plongé le football tunisien dans un drôle de climat? Les deux événements nous ont semblé être une source de soucis pour les joueurs, dont les équipes sont éliminées et pour ceux qui sont K.-O. debout à la suite de l'annonce du départ d'un dirigeant, dont l'œuvre et l'impact ne sont un secret pour personne. Comment ces joueurs vont-ils encaisser le coup et se retremper dans l'ambiance de la préparation de l'équipe de Tunisie ? Comment pourront-ils se retremper dans le travail qui les attend, alors qu'une élimination ou un départ d'une personne influente qui tient les cordons de la bourse représentent bien des engagements et des prévisions faussées du moins remises en question ? Homme de terrain, Maâloul a immédiatement réagi pour retirer les éléments dont il a besoin de l'infernale polémique qui allait s'engager pour charger les uns et disculper, à tort ou à raison, les autres. Par ce réflexe, il a pris les choses en main pour raccommoder le moral et se donner le temps qu'il faut pour préparer la prochaine sortie du onze national, loin de toute pression de la rue. Une pression qu'il lui sera malheureusement difficile d'éviter et avec laquelle il sera bien obligé de composer. Dans ce décor campé en plein doute et encore tout embué par le manque de visibilité dans laquelle sont plongés des joueurs et non des moindres, la préparation sera encore plus difficile. Le sélectionneur aura à redresser, en priorité, cette situation qui risque de porter du tort à une formation qui jouera pour son avenir car il n'est nullement question de laisser échapper cette occasion en or pour terminer le travail et d'éviter de laisser son sort entre les mains de nos adversaires. C'est dire que l'Equipe de Tunisie jouera sans calcul et que pour elle, il s‘agit bien d'une mission dont sont chargés les joueurs et que l'issue ne pourrait être que positive. Il semble de toute évidence que ce sont bien là les objectifs du sélectionneur et des joueurs qui ont été appelés. Une liste quand même assez large pour inciter les uns et les autres à se donner à fond à l'effet de conquérir une place et permettre à la sélection tunisienne de voir venir, sans inquiétude aucune. Maâloul a bien précisé dans une de ses interventions que son groupe est «solide et homogène». Il a, en effet, reconduit à quelques éléments près, la même liste de joueurs-cadre qui seront à la pointe du combat. Les échos à propos du comportement de ces joueurs au sein de leurs clubs respectifs sont assez positifs. On ne craindra que les impondérables, car en compétiteurs avertis et rompus aux rudes assauts d'une compétition qui ne pardonne aucun passage à vide, chacun se sent dans la peau d'un responsable pleinement engagé pour veiller au devenir de cette Equipe nationale en reconquête de son lustre et de ses fans les plus acharnés. Beaucoup de chemin a été fait dans ce sens, et si Maâloul a su piocher dans ce cru en pleine ascension et qui possède, d'après les techniciens les plus avertis, une large marge de progression, cette sortie en terre africaine revêt quand même des risques. L'Equipe de Tunisie est celle que l'on doit battre. Elle ne prendra jamais assez de précautions pour s'éviter des désagréments inutiles alors qu'elle est si près du but. Ses adversaires potentiels savent que les Tunisiens sont sur orbite. Haut perchés dans le classement, il ne leur reste plus qu'un dernier coup de rein pour rejoindre les élus au Mondial russe. Mais en sport, il n'y a que des pronostics basés sur des éléments certes réalistes, mais insuffisants pour conduire à une situation de sacre définitif où interviennent ces sacrés impondérables. Ce qui a permis aux Tunisiens d'impressionner par leur fougue et leur volonté est bien cette humilité et cette froide détermination qui ont stabilisé les esprits et poussé ces jeunes à bousculer les a priori. Ni les guinéens ni encore moins les Congolais n'ont compris d'où venaient cette fougue et cette assurance qui ont tout renversé sur leur passage, déblayant un chemin que l'on avait emprunté avec une appréhension mal contenue. Si près du but, le dernier sursaut annonciateur de qualification est entre les mains des joueurs qui sauront sans aucun doute faire valoir leur ascendant et leur savoir-faire. Une responsabilité collective et indivisible qui unit et motive un groupe qui a su jusque-là trouver cette symbiose qui secoue les consciences et ébranle les certitudes de n'importe quel adversaire.