L'Avenir Sportif de La Marsa a toujours enfanté de grands sportifs dans plusieurs disciplines. Aujourd'hui, nous allons honorer, par notre rubrique «Souvenirs, souvenirs», Amor Jebali, l'ex-défenseur axial de l'«Avenir» et de l'équipe nationale qui est entré dans l'histoire un certain 28 février 1977 La glorieuse épopée de notre sélection nationale, vécue en 1978 lors de la Coupe du monde qui a eu lieu en Argentine, a été l'œuvre de plusieurs hommes ayant marqué l'histoire de notre football. Et parmi ces hommes, il y a Amor Jebali, le défenseur axial de l'ASM et de l'équipe nationale, dont l'apport était en quelque sorte déterminant dans la performance inoubliable de notre «onze» national. En effet, avec un peu de recul, on réalise que son but marqué à Alger contre l'Algérie, le 28 février 1977, avait vraiment son pesant d'or, car il fut synonyme d'une douche écossaise pour les Algériens qui misaient énormément sur leur match retour valable pour les éliminatoires de la Coupe du monde de 1978, et ce, après leur cuisante défaite à l'aller à Tunis (2-0). Et Amor Jebali de rappeler «qu'en effet, l'Algérie comptait à tout prix renverser la vapeur en mobilisant tous les facteurs de réussite pour ce faire, en particulier par l'appel à la rescousse de ses joueurs professionnels et à leur tête, la vedette du PSG Mustapha Dahleb le "Zidane" de l'époque. Mais c'était sans compter avec la détermination des Tunisiens et avec leur supériorité sur tous les plans». Menés au score (1-0), les Tunisiens allaient se rebiffer et défier l'ambiance enflammée du stade 5 juillet 1962 d'Alger pour égaliser (1-1) et briser le rêve des protégés de Rachid Makhloufi. L'auteur du but tunisien n'était donc autre que le jeune Amor Jebali, âgé d'à peine 21 ans à l'époque. «Face à l'amère déception de nos frères algériens, notre joie était immense et indescriptible. C'était l'un des plus grands moments pour moi personnellement et pour toute l'équipe nationale. Faire tomber l'Algérie nous a aguerris pour la suite de notre aventure mondiale au terme de laquelle nous avons prouvé que nous étions de loin les meilleurs d'Afrique en balayant de notre chemin tour à tour le Maroc, l'Algérie, la Guinée, le Nigeria et l'Egypte. Et il ne faut pas perdre de vue qu'à l'époque, une seule nation avait le droit de se qualifier à la phase finale de la coupe du monde. On était donc loin du luxe d'aujourd'hui avec les cinq places accordées à l'Afrique et les chances nettement augmentées pour accéder à la cour des grands». Quand l'ASM était une vraie équipe de coupe Amor Jebali est de ces joueurs fidèles aux couleurs de leur équipe d'origine au sein de laquelle ils ont appris à taper dans un ballon. Il a commencé avec l'AS Marsa dans la catégorie «écoles» en 1966 quand il avait tout juste dix ans. Et aujourd'hui il occupe le poste d'accompagnateur de l'équipe fanion des «Vert et Jaune». «Mine de rien, ma belle idylle avec la "Gnaouia" dure depuis cinquante et un ans et elle se prolongera jusqu'à la fin de mes jours. Effectivement, en Tunisie, je n'ai porté les couleurs d'aucun autre club malgré les nombreuses sollicitations. Je n'ai quitté l'ASM que pour un bref passage de deux saison à Nadi Al-Aïn (Dubaï) en 1981-82 et à Nadi Al Jazira (Abou Dhabi) en 1982-83. Ce fut seulement dans le but d'améliorer ma situation sociale. Je suis vraiment fier de cette appartenance et de cette fidelité à l'"Avenir" dont l'amour que je lui voue n'a d'égal que celui que j'éprouve pour l'équipe nationale». Amor Jébali, qui est né à La Marsa en 1956, est le benjamin d'une fratrie de trois joueurs ayant porté le maillot de la «Gnaouia», en l'occurrence Chedly, Taoufik et Amor. En abordant le sujet des années fastes de l'ASM, Amor Jebali s'est généreusement étalé à propos de la belle ère de gloire de son club, connu pour être une équipe de coupe par excellence. Là, il suffit de rappeler que l'«Avenir» a goûté aux charmes de Dame coupe par cinq fois (1961, 1977, 1984, 1990 et 1994) tout en perdant huit finales entre 1965 et 2013. «Mais pour moi, la plus belle consécration fut celle de 1977 lorsque nous avons battu en finale le grand CSS, qui comptait dans ses rangs une pléiade d'excellents joueurs, à l'instar de Hamadi Agrebi, Mokhtar Dhouib et feu Mohamed Ali Akid. Ce jour-là l'ASM avait enchanté tous les férus de football en Tunisie grâce à sa victoire éloquente sur le score sans appel de trois buts à zéro». L'équipe banlieusarde était connue pour son statut de trouble-fête, voire d'outsider capable de tenir la dragée haute aux clubs huppés surtout sur sa pelouse à La Marsa. «Nous étions habitués au milieu du tableau et arrivions aisément à imposer le respect à chaque match pendant plusieurs décennies en convoitant presqu'à chaque saison la coupe de Tunisie qui était en quelques sorte notre violon d'Ingres. L'ASM a toujours été une grande école de football féconde en joueurs talentueux à l'instar de Ammar Merrichko, Toto Klibi, Taoufik Ben Othman, Abdessalem Chamam, Hédi Douiri, Tahar Aniba, Mourad Mejdoub, Mohamed Ali Mahjoubi, et la liste est trop longue pour être citée en entier». Pour Amor Jébali, l'ASMarsa c'est aussi des responsables et des entraîneurs qui ont inscrit leurs noms en lettres d'or grâce à leur dévouement et à leurs sacrifices. «Mondher Ben Ammar, Hammouda Belkhoja comme présidents et Taoufik Ben Othman, Ali Selmi et Rachid Makhloufi — comme entraîneurs — se sont succédé parmi tant d'autres grands hommes et figures emblématiques au service de l'ASM. Et pour revenir au savoureux souvenir de Amor Jebali avec l'équipe nationale en Argentine, le défenseur baroudeur garde toujours en mémoire le grand message de galvanisation lancé par le coach Abdelmajid Chettali à la mi-temps lors du match de Tunisie-Mexique à Rosario en 1978 lorsque le onze national était mené au score (0-1). «Si Majid, tenant le drapeau de la Tunisie dans ses mains, nous a juste rappelé que tout le peuple tunisien attend un sursaut d'orgueil et de fierté de notre part. Ce qui fut fait, Dieu merci, puisqu'à la reprise nous avions réussi une extraordinaire remontée ponctuée de trois buts. Ce genre de souvenir, on le vit avec à tout jamais».