Il est le sportif aux multiples facettes par excellence. Il a touché à presque toutes les disciplines pour enfin se diriger vers le handball. La carrière de «Sabata» est riche en événements. Ce pur produit de l'AS Marsa, qui s'est fait un nom à l'Espérance, a quand même un pincement au cœur. Celui de n'avoir pas été honoré par le club de Bab Souika dont il a écrit l'histoire en lettres d'or. A découvrir Son parcours sportif est étonnant à plus d'un titre. Omnisports, Faouzi Sbabti n'était pas au départ destiné à cette fameuse carrière de handballeur. Retour sur ses débuts : «C'est à partir de la 5e année primaire à l'école de La Goulette que j'ai commencé à pratiquer le handball sous la férule de notre professeur d'éducation physique, M. Michel». A cette époque, le futur grand handballeur que sera Faouzi Sbabti avait signé une licence en gymnastique. C'était en 1960. Il avait à peine 8 ans. «Je cumulais hand et gymnastique en parallèle», ajoute-t-il. «J'ai aussi pratiqué le basket-ball en scolaire et le handball en remportant deux coupes». Sbabti était pratiquement le joker du lycée. Il a même pratiqué l'athlétisme et est champion de Tunisie du relais 4x100 mètres et champion de natation en scolaire évidemment. Changement de cap Nul doute que Faouzi Sbabti est le sportif complet par excellence. Il était même destiné à une carrière de footballeur. «J'ai même pratiqué le football en civil sous les couleurs du club de La Goulette. J'étais arrière central et de surcroît international cadet. Mais c'est feu Hédi Malek qui, a découvert mes dons de handballeur lors des compétitions inter-scolaires et qui m'a fait changer de cap», reprend Faouzi Sbabti. Et c'est le directeur du collège de La Goulette, un coopérant français, M. Denis en l'occurrence, qui le pousse à signer sa première licence de handballeur à l'Avenir Sportif de La Marsa en 1966. Faouzi Sbabti était alors cadet. A la suite d'une double visite médicale, il était désormais qualifié à jouer avec les seniors. Depuis, ce fut l'entame de la belle aventure. «J'ai disputé mon premier match avec les seniors de l'ASM en 1967 contre la Zitouna Sports. Je m'en souviens comme si c'était hier. En 1968, je fus convoqué en équipe nationale seniors sous la férule du Roumain Firan Haralambi qui est le bâtisseur du handball tunisien. C'est lui qui a hissé notre pays au niveau international». Puis vint la gloire ! Faouzi Sbabti se souvient bien de sa première récompense avec la sélection nationale. «Nous avons remporté la médaille d'or du championnat maghrébin des nations à Rabat en 1969. Nous avons récidivé en 1971 à Alger et en 1973 à Tunis. Puis, on ne sait pourquoi, cette compétition a été dissoute» confie notre interlocuteur. Il faut rappeler que le championnat maghrébin de 1971 était qualificatif aux Jeux olympiques de Munich et que la Tunisie était le seul pays arabe et africain à y participer. Lors des JO de 1972 à Munich, Faouzi Sbabti allait faire parler de lui. Il sera le 5e meilleur buteur du tournoi avec 24 buts. Après quatre saisons de bons et loyaux services à l'ASM, il va changer de cap et connaître la gloire. Le Club Africain et l'Espérance Sportive de Tunis étaient en concurrence pour s'attacher ses services. «Mon premier rendez-vous fut avec un responsable du CA. Malheureusement, il n'a pas cru en mes moyens. En descendant de son bureau, un dirigeant espérantiste m'attendait dans sa voiture. Je fus illico-presto emmené au bureau de feu Hassène Belkhodja où j'ai signé une licence au profit de l'Espérance. Nous étions en 1971», confie Sbabti. Sa carrière durera 15 bonnes saisons et ce fut son véritable décollage. «J'ai tout gagné avec l'Espérance, 13 doublés au total et 4 coupes arabes en 1976, 1977, 1978 et 1979, respectivement en Egypte, en Syrie, en Libye et à Tunis» se souvient-il. Faouzi Sbabti a même gagné une coupe arabe avec Al Ahly Jeddah dont il a porté les couleurs en battant l'Espérance en finale de l'épreuve en 1980 au Bahrein. Nostalgique, Faouzi Sbabti se souvient de son parcours aux Jeux olympiques de Munich : «Le bloc de l'Est faisait fureur à l'époque, formé par la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, la Russie et la Roumanie. Malgré tout, je suis parvenu à être le 5e meilleur buteur du tournoi olympique avec 24 réalisations en 5 matches». C'est sans doute le meilleur souvenir de sa carrière, tout comme celui d'avoir été grandement honoré par le président d'Al Ahly Jeddah. Ce joueur racé à la technique raffinée, qui jouissait d'une double détente, était la terreur des gardiens de but. Les supporters de l'Espérance, qui ont vite fait de l'adopter, ne juraient que par lui au point de le surnommer «Sabata», du nom du fameux film western de Clint Estwood, ou encore «Sam 6», le fameux missile, tellement ses tirs étaient puissants. Un point noir restera quand même gravé dans sa mémoire, sa blessure aux ligaments croisés contractée en 1985 lors d'une séance d'entraînement à la veille d'un derby face au Club Africain. «J'avais 37 ans et demi et ce fut le début de la fin de ma carrière. Sans cette maudite blessure, je me sentais capable de continuer». Voilà le destin de Faouzi Sbabti.