La Tunisie prépare sa transition vers une économie verte. L'accès au Fonds climat permettra, en retour, d'avoir de l'argent pour financer des projets écologiques d'atténuation et de résilience. Pour ce faire, 100 milliards de dollars seront mis à la disposition des pays les plus vulnérables aux conséquences climatiques La planète se réchauffe gravement, à un rythme croissant et désastreux. L'expression est ici à prendre au pied de la lettre. Ce à quoi interpellent, au fil des jours, scientifiques et climatologues. Soit une vérité unanimement confirmée, à l'aune des impacts climatiques qui se profilent à l'horizon et qui risquent de plonger toute l'humanité dans l'inconnu. Pourtant, ce danger, bien réel, menace plus particulièrement les pays sensiblement vulnérables aux caprices de la nature. Certes, la responsabilité de ces changements climatiques est quasiment imputée au monde industrialisé, dont les activités sont hostiles à l'écosystème naturel, mais ses effets ravageurs ne vont épargner aucun coin du globe. La Tunisie, si consciente soit-elle d'un tel défi universel, passera-t-elle au vert ? Cela dit, a-t-elle les moyens de sa politique de lutte, en termes d'atténuation et d'adaptation ? Avec l'influence manifeste des séquelles écologiques cumulées, sous nos cieux, l'on ne peut point douter de l'ampleur de ce phénomène. Inondations récurrentes, désertification, érosion des sols, terrain accidenté, rareté de l'eau, déforestation, de quoi, alors, s'en tenir en priorité pour parer au plus urgent ? La réponse doit être globale, de façon que l'approche de traitement soit nécessairement transversale. On parle, ici, d'une stratégie sectorielle à l'échelle nationale. Ce faisant, tous les mécanismes de l'Etat devraient s'aligner sur la même ligne droite. Société civile et médias sont aussi appelés à y mettre du sien. Mais, comment la financer afin de mieux s'adapter aux retombées du climat et de bénéficier, par ricochet, de la manne du Fonds vert pour le climat (FVC) ? Point focal, accès principal au FVC Dans ce sens, l'assistance matérielle semble aller de soi, mais l'accès à ce fonds n'est pas aussi fortuit. Il y a du chemin à parcourir ! Et en premier lieu, la sensibilisation quant à la nécessité d'appui et d'accompagnement. Le ministère des Affaires locales et de l'Environnement s'apprête à baliser la voie menant au Fonds vert pour le climat dont le siège est en Corée du Sud. Son principal point focal en Tunisie, M. Chokri Mezghenni, fraîchement nommé à ce poste, est en quête d'un montage financier, aidant à créer des projets de résilience censés réduire, autant que possible, les émissions de gaz à effet de serre. Un souci commun d'atténuation visant à limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2 degrés Celsius au maximum. Au-delà, des pronostics apocalyptiques ont été projetés, il y a des années, afin d'attirer l'attention sur les préparatifs qu'il faudrait désormais engager. La COP 21 de Paris et celle de Marrakech avaient bien défriché le terrain, suite auxquelles la finance climat demeure une clé de succès. Avoir accès au FVC commande une bonne volonté d'acier à remplir les conditions d'éligibilité. Cela s'appelle « Autorité nationale désignée» (AND) qui s'explique par le fait d'impliquer, dans la lutte contre les changements climatiques, institutions publiques et financières, à part entière. L'OSS, parrain du climat en Tunisie Pour ce faire, le pays a demandé un soutien auprès de ce fonds, le but étant de conduire un projet en vue de la préparation de la Tunisie à l'accès au financement vert et son appui à la mise en place de l'AND. Cela a été annoncé lors d'un atelier de formation destiné tant aux médias qu'à la société civile. Il a été organisé avec le ministère de tutelle, en collaboration avec l'Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS) qui vient d'être accrédité en tant qu'agence régionale de mise en œuvre du Fonds vert pour le climat. Selon son secrétaire exécutif M. Khatim Kherraz, d'origine algérienne, l'OSS est la 4e institution régionale africaine à avoir répondu aux exigences du FVC, principal instrument multilatéral de financement des actions climatiques, ce qui l'érige en un des acteurs clés dans l'accès au financement climatique en Afrique. Basé à Tunis, cet organisme se fait, alors, passer pour intermédiaire garant d'octroi des fonds. En soutien préparatoire au financement d'activités liées au climat, le projet «Readiness-Tunisie» contribuera à combler les lacunes en termes de capacités et à renforcer l'engagement effectif des parties prenantes concernées. «L'OSS fournit à la Tunisie, comme aux autres pays africains, l'assistance dans la gestion durable de leurs ressources naturelles et leurs efforts dans la transition vers une économie verte», fait valoir M. Kherraz. Qu'en est-il du rôle des médias? Son apport consiste à vulgariser le sens de la finance climat et faire connaître à l'opinion publique le FVC, en vue d'assurer une communication élargie sur les résultats du projet «Readiness-Tunisie». Et la société civile ? Celle-ci devrait faire de son mieux pour s'impliquer dans la stratégie de protection des effets des changements climatiques. Elle est appelée à réfléchir sur les bonnes idées des projets éligibles au financement-climat. Car, tout pays développé aura le droit d'en tirer profit. Les fonds réservés à pareil investissement s'élèvent à hauteur de 100 milliards de dollars qui seront, à partir de 2020, distribués aux pays sensiblement exposés aux risques des changements climatiques. Servis par le biais du FVC, ces fonds seront destinés à financer des projets d'atténuation et d'adaptation avec les aléas du climat.