À l'occasion de la Journée mondiale de la femme rurale, le ministère de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydrauliques a organisé avec le concours de l'ONG et incubateur ENDA- inter-arabe, une foire sur le thème «Les journées de la femme agricultrice». L'exposition s'est déroulée sur trois jours, du 15 au 17 octobre, au centre-ville de Tunis, durant lesquels une cinquantaine d'agricultrices sont venues pour commercialiser leurs produits. Reportage. C'est le dernier jour de la foire. La tente qui gît, face à la gigantesque montre de l'avenue Habib Bourguiba ‘Monguela ‘, et faisant objet du local de l'exposition, grouille de monde. Le ministre de l'Agriculture, Samir Taieb, n'a pas manqué l'évènement et y était présent. Passant d'un étal à un autre, il met un point d'honneur à encourager les agricultrices. «Actuellement, on est en train de travailler à résoudre le problème lié à la commercialisation des produits terroirs pour ces femmes agricultrices. Notre projet consiste à ouvrir des points de vente dans les Crda. Jusqu'à maintenant, quatre points de vente sont en activité. Cette mesure sera généralisée à tous les gouvernorats. De surcroît, cette exposition sera périodique tous les trois mois pour que ces agricultrices puissent exposer et vendre leurs produits», déclare-t-il. Les stands s'alignent sous la tente. Chacun représente une coopérative féminine relevant de l'un des vingt-quatre gouvernorats et dans lesquels les artisanes agricultrices exposaient les produits terroirs de la région. De l'eau distillée, du thon biologique à l'huile d'olive, du couscous, des céréales moulus sous forme de ‘Bsissa', des épices, des plantes aromatiques... la liste est longue. Les visiteurs pullulent au fil du temps. Alléchés par les prix modiques et les denrées fraîches, ils n'hésitent point à acheter leurs coups de cœur de l'exposition. Femmes rurales indépendantes Pudiques en apparence mais ayant un cœur de lion, ces femmes font un travail de fourmi et créent de la richesse. Bousculant l'image de la femme rurale potiche et marginalisée, ces exposantes, dont la moyenne d'âge avoisine la quarantaine, font étalage de la bravoure et de l'autonomie de la gent féminine du milieu rural. Travaillant dans le cadre de coopératives agricoles, d'associations ou de GDA — peu importe la forme que revête leur union —, ces femmes sont rassemblées pour la réalisation du même rêve : entreprendre et investir d'une façon autonome et indépendante. Elles remuent la terre et la mer, pour créer des plus-values. Dans une approche semblable à celle de la permaculture, elles renouent avec la terre en la cultivant, l'exploitant et la préservant. La diversité patente des produits qu'elles fabriquent témoigne d'une richesse intarissable de l'agriculture en Tunisie. Latifa Jouini, 45 ans, présidente du groupement agricole, «Les agricultrices du Sers pour le développement», a expliqué que ledit groupement rassemble 35 femmes agricultrices de la région du Sers, du gouvernorat du Kef. «Nous nous sommes lancées dans diverses agricultures : la culture maraîchère, des céréales, les plantes aromatiques. La production agroalimentaire, telle que le couscous, les épices, les diverses pâtes se fait à la manière traditionnelle. Pour vendre et commercialiser nos produits, nous avons recours aux foires et expositions. Actuellement, on table sur un éventuel investissement dans les produits laitiers, dans le cadre d'une coopération allemande. Et on suit régulièrement des formations. La femme rurale et plus spécifiquement la femme agricultrice n'est plus le modèle de la femme ignorante et exclue. Elle participe, investit et dirige tout en ayant les connaissances nécessaires», confie-t-elle. Latifa n'est qu'un exemple parmi des milliers d'agricultrices faisant partie d'une nouvelle génération de femmes rurales entrepreneures, qui nécessite, quand même, davantage encadrement et financement