Avec le même vieux décor toujours planté sous la coupole du Bardo, s'est ouverte, hier matin, la quatrième session parlementaire 2017-2018, soit l'avant-dernière de la première législature 2014-2019. Avec une heure de retard, la séance inaugurale s'est déroulée dans une ambiance ordinaire, marquée, comme à l'accoutumée, par des versets du Coran et l'hymne national. Au perchoir, entouré de ses deux vice-présidents, M. Abdelfattah Mourou et Faouzia Ben Fodha, le président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), M. Mohamed Ennaceur, a commencé son discours solennel par rendre un hommage posthume au ministre de la Santé, Slim Chaker, demandant aux députés, ayant à peine pris leurs places, de réciter la Fatiha à sa mémoire. Et la séance d'ouverture a démarré en l'absence de 51 élus. Seulement 166 ont répondu présent, sur un total de 217 députés que compte l'ARP. Un nouveau départ sur fond de tension et d'un laisser-aller apparent. Presque le même topo des trois années précédentes. Un rendement pas assez suffisant Dans son allocution, sans être trop long, M. Ennaceur a souligné que cette nouvelle session parlementaire intervient dans un contexte politique délicat et transitoire. Au moment où le pays s'enlise dans une situation économique et sociale difficile qui exige de relever les défis de l'étape et mieux percevoir le destin commun. Et que le parachèvement des instances constitutionnelles apporte une pierre à l'édifice de la IIe République. Il est toujours bon de procéder à une évaluation législative à mi-parcours. Justement, le président de l'ARP n'a pas manqué de détailler ce qui a déjà été réalisé et celui, ultérieurement, programmé. « 80 plénières au cours desquelles 69 lois ont été adoptées», énumère-t-il. A titre indicatif, celles relatives au Conseil supérieur de la magistrature (CSM), des dispositions communes des instances constitutionnelles indépendantes, la dénonciation de la corruption, la lutte contre la violence faite à la femme et bien d'autres lois héritées de la défunte ANC, du temps de la Troïka. Et M. Ennaceur de rappeler que le palais du Bardo a tenu, lors de sa 3e session parlementaire, trois séances de dialogue avec le gouvernement, totalisant environ 400 questions écrites et orales, s'y ajoutant une trentaine de visites sur le terrain à l'intérieur des régions. Un rôle législatif qui, selon lui, cadre avec les attentes du peuple en matière de santé, de libertés, de réforme administrative. Il est doublé d'un contrôle sur l'exécutif qui n'était, semble-t-il, pas assez suffisant. Quelle image porte-on sur son rendement? Certes, les plateaux des médias peuvent nous édifier sur les débats au Parlement. « L'ARP, c'est l'assemblée du peuple et non des partis », défend-il ainsi, exhortant, par ailleurs, à intensifier le rythme du travail et rendre ce pouvoir au service du peuple. Pour lui, l'ouverture de l'Assemblée sur son environnement immédiat, en tissant des partenariats avec la société civile, est de mise. De même, la diplomatie parlementaire demeure de grande portée. «On a pu convaincre nos partenaires européens de convertir les dettes de la Tunisie en projets d'investissement », témoigne-t-il. Reste, au final, de braver les fautes et les difficultés du parcours pour mieux savoir continuer le processus de l'édification. Jeu des sortants et des rentrants Avant de finir, le président de l'ARP a fait part de la démission du député nidaiste Tahar Battikh, élu dans la circonscription de Ben Arous, qui vient d'être remplacé par sa collègue Amira Zoukari. Cette jeune avocate qui vient rejoindre le bloc de Nida Tounès a prêté, hier, serment devant le parlement. A noter que cette 4e session parlementaire a connu également des sortants et des rentrants. Sinon, un changement dans les rangs des groupes parlementaires : démission de Ahmed Khaskhoussi du bloc démocratique, cédant la place aux députés Rym Thayri et Mohamed El Hamdi. Ce bloc compte désormais 12 membres. De même, M. Mohamed Saidane est devenu vice-président du groupe parlementaire de Nida Tounès, remplaçant M. Ismail Ben Mahmoud. Le président du bloc de l'UPL, M. Tarek Ftiti, a été, lui aussi, remplacé par M. Noureddine Mrabti, M. Abdelkader Ben Dhifallah étant, alors, son nouveau vice-président au lieu de M. Taoufik Jomni. La composition du bureau de l'ARP fut, ensuite, annoncée. Alors que M. Abdelfattah Mourou et Mme Faouzia Ben Fodha, respectivement premier et deuxième vice-présidents, ont révélé la composition des nouveaux bureaux des commissions parlementaires législatives et spéciales, avec une légère modification au niveau de la répartition des responsabilités. Il s'agit de 9 commissions législatives et 8 spéciales. Le discours de M. Ennaceur a été suivi d'un débat houleux, portant essentiellement sur la question brûlante de l'émigration clandestine qui a fait plusieurs victimes au large de Kerkennah. L'effondrement de l'immeuble menaçant ruine à Sousse, ainsi que le passage en force du projet de loi sur la réconciliation administrative au président Caïd Essebsi ont aussi suscité autant d'interventions.