«Les matches truqués dans le football impliquent de nombreux criminels, mais le sport-roi doit également avoir ses héros. Un joueur qui se voit offrir une somme importante pour influencer le résultat d'un match est libre non seulement de refuser le pot-de-vin mais doit aussi dénoncer la chose aux autorités pour porter un coup à tous ceux qui essayent de corrompre le sport». Les «faits divers» sont nombreux concernant ce sujet. Rien que cette année, le phénomène ou plutôt la gangrène a touché une brochette d'instances, de clubs et d'organismes, qu'ils soient TV (bouquets) ou autres. Nous allons aborder le sujet en survolant l'actualité internationale pour revenir par la suite aux textes de loi appelés à combattre et résorber le mal, sans oublier bien sûr de revenir sur les cas enregistrés en Tunisie. Récemment, les enquêteurs de la police italienne auraient identifié une villa sarde comme moyen de corruption utilisé par Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG, envers Jérôme Valcke, ancien numéro deux de la Fifa. C'est forcément chaud comme dossier, sachant que le président du club francilien est rattaché à un fonds souverain qui lui a permis d'acquérir le Paris Saint-Germain. N'oublions pas aussi que Nasser Al-Khelaïfi est aussi PDG de beIN Media. Il se retrouve donc sous les feux croisés de la police italienne, pour une villa en Sardaigne, offerte à l'ancien numéro deux de la Fifa afin de «l'acheter». L'instance de Zurich a elle-même ouvert une enquête visant le Qatari. La villa en question, située à Porto Cervo, et dont la valeur est estimée à 7 millions d'euros a constitué le moyen de corruption utilisé par Nasser Al-Khelaïfi à l'encontre de Jérôme Valcke pour acquérir les droits télévisés relatifs à plusieurs Coupes du Monde ! Est-ce que Valcke a payé la location de la villa sarde ? La police n'y croit pas et enquête à ce sujet. Et ce n'est pas fini ! Car cet épisode n'est que le prolongement spectaculaire de l'affaire qui a récemment éclaté quand la justice suisse a révélé l'ouverture d'une enquête pour «corruption privée» présumée dans l'attribution des droits médias du Mondial visant Al-Khelaïfi, boss de beIN Media, corrupteur présumé, et Valcke, corrompu présumé. C'est donc une opération coordonnée, sachant qu'outre le fait que les bureaux parisiens de la chaîne de télévision Qatarie ont été perquisitionnés, l'épouse de Valcke a été auditionnée, et une troisième personne, active dans le domaine des droits sportifs est également visée, soit l'homme d'affaires grec Konstantinos Nteris. La police grecque a bien entendu été saisie de l'affaire. En gros, le PSG va au-devant de gros ennuis. Aussi, en France, même la Ligue 2 est touchée par la corruption actuellement. Des soupçons de matches arrangés visent le président de Caen. Ce dernier a d'ailleurs été renvoyé en correctionnelle dans le cadre de cette affaire». Formation Fifa-Interpol pour contrer la manipulation «Vous savez, l'instance de Zurich a créé plusieurs mécanismes, organisé maintes sessions et noué des alliances pour contrer ce fléau. Exemple, le cours Fifa-Interpol dont l'objectif est de préparer des responsables intègres chargés d'établir les faits et d'étudier les rapports de manipulation et de trucage de matches dans le monde entier. Cette formation exhaustive et novatrice a été créée en réponse aux problèmes auxquels la communauté du football est actuellement confrontée dans le cadre des enquêtes sur les allégations de manipulation de matches. Elle vise aussi à donner aux associations membres de la Fifa plus de pouvoir à l'échelle nationale pour mener des enquêtes efficaces et permettre ainsi une réaction coordonnée et complète face aux suspicions de manipulation de matches. En partenariat avec l'Uefa surtout, cette coopération sous forme de cours a été élaboré en tant que projet pilote pour former le réseau de responsables Intégrité de diverses associations membres à travers l'Europe. C'est forcément l'un des éléments essentiels de l'initiative lancée antérieurement et mise en place sur dix ans entre la Fifa et Interpol, qui vise à élaborée et mettre en œuvre un programme de formation, d'éducation et de prévention afin de sensibiliser à la manipulation de matches et à la corruption dans le football. Et en collaboration avec la division Sécurité de la Fifa, l'unité Intégrité dans le Sport d'Interpol a créé un programme à multiples facettes visant à aider les fédérations de football, les départements gouvernementaux, les services de répression et toute autre partie prenante à élaborer des stratégies coordonnées pour lutter contre la manipulation de matches à l'échelle nationale, au niveau des confédérations et à l'échelon international». Enfin, techniquement, volet Fifa, les articles 62 et 69 du Code disciplinaire sont là pour veiller à ce que tout dépassement soit fermement sanctionné. «Vous savez, il faut faire évoluer les mentalités et combattre le mal à la racine. Le problème des matches truqués dans le football implique de nombreux criminels, mais le sport-roi doit également avoir ses héros. Un joueur qui se voit offrir une somme importante pour influencer le résultat d'un match est libre non seulement de refuser le pot-de-vin mais doit aussi dénoncer la chose aux autorités pour porter un coup à tous ceux qui essayent de corrompre le sport. En Tunisie, il y a quelques années, ce fut le cas (l'exemple de Skander Becheikh, l'incorruptible). Et c'est à ce titre que la nécessité absolue d'une coopération totale avec la Fifa et Interpol dans leur lutte contre le trucage des matches prend tout son sens. Car il s'agit d'un problème international, dont l'ampleur dépasse les frontières, les clubs, les Ligues, les fédérations et autres Pour le bien du football (My game is fair play), il est vital d'entretenir une coopération de tous les instants avec la Fifa et Interpol, afin que le problème soit complètement résolu et que ce genre de scandales disparaisse totalement du football. Maintenant, la responsabilité incombe aux joueurs et aux officiels des clubs de football. Les dirigeants des clubs doivent agir et soutenir les joueurs et les autorités dans leurs enquêtes. Ils ne peuvent pas laisser les joueurs isolés ou dans la peur de parler lorsque ces derniers sont contactés par des individus malintentionnés. Les joueurs doivent se sentir dans leur bon droit et soutenus afin de pouvoir dire ce qu'ils ont à dire quand ils sont contactés par le milieu du crime organisé. Les matches truqués n'ont pas de place dans le football. Ils sont un fléau pour ce sport et pour l'avenir du beau jeu». «La Tunisie s'active à éradiquer le fléau» «Venons-en maintenant au dossier qui a secoué le microcosme sportif tunisien. Concernant l'affaire SG-ASG, il est encourageant de souligner que la FTF ait pris les devants, se saisissant de l'affaire des soupçons de corruption. Responsables de club et joueur visé par l'enquête ont ainsi été déférés devant une commission qui statuera en ce sens. Je sais aussi que le vice-président du Stade Gabésien a été suspendu de toute activité liée au football jusqu'à la fin des investigations. Vous savez, il n'y a pas de fumée sans feu. Rappelez-vous, quelques années auparavant, la demande expresse du comité directeur de l'Espérance Sportive de Zarzis à propos de la présumée affaire de corruption qui avait émaillé l'avant-match JSK-CAB. Les preuves étaient quasiment irréfutables avec des conversations téléphoniques entre certains joueurs, ainsi que des aveux écrits montrant qu'il y a bien eu une tentative de corruption ! Aussi, la saison passée, le président du FC Hammamet a même parlé de corruption au sein même de l'instance nationale de notre football. Il a tenté de divulguer des preuves qui montrent la manipulation du score du match ASK-EGSG. Finalement, il a également porté l'affaire auprès de la Fifa et du TAS (ambiance!). Enfin, il est important de mentionner la batterie de mesures arrêtées par la FTF pour combattre le fléau. D'ailleurs, récemment, l'Union internationale pour la lutte contre la corruption sportive a accepté les dossiers de candidature de la Tunisie pour l'organisation d'une conférence africaine sur la gouvernance et la lutte contre la corruption sportive qui se tiendra en 2018. L'acceptation du dossier tunisien est en soi une preuve de confiance envers notre instance. D'ailleurs, signalons là aussi que l'article 36 du Code disciplinaire de la FTF, ainsi que les articles 55 et 56 de la loi N°104 (du 3 août 1994) sont là pour servir de «garde-fous» contre tout dépassement. Dans cette droite ligne, rappelons à ce sujet que notre pays a organisé un conférence nationale sur la lutte contre la corruption sportive vers la mi-septembre dernier sous l'égide de l'Inlucc et de l'Union internationale pour la lutte contre la corruption sportive, et ce, en présence de plusieurs experts internationaux ».