La rentrée scolaire 2017-2018 n'en finit pas de nous révéler ses mauvaises surprises. Hatem Ben Salem, ministre de l'Education, a beaucoup de travail à faire pour que nos écoliers apprennent la langue française auprès d'instituteurs qui savent rédiger correctement une phrase dans la langue de Molière et pour que nos lycées soient protégés contre les «descentes» aventureuses d'une députée qui fait la justicière Avec la rentrée scolaire 2017-2018 effectuée sous la supervision du nouveau ministre de l'Education, Hatem Ben Salem, qui est revenu au poste qu'il occupait jusqu'au 14 janvier 2011 sous Ben Ali, on s'attendait à ce que les erreurs commises sous la houlette de Néji Jalloul soient réparées, que les syndicalistes du secondaire et du primaire aient de nouveaux rapports avec leur ministère et manifestent plus de compréhension, voire de souplesse, à l'égard de leur nouveau ministre (un revenant que beaucoup estimaient du temps de Ben Ali comme l'un des rares ministres qui écoutaient les syndicalistes) et que les établissements éducatifs souffrant d'insuffisances intolérables, comme à titre d'exemple l'absence de toilettes et pour les élèves et pour les instituteurs, allaient bénéficier d'une attention plus accrue de la part du ministère. Malheureusement, nos enfants ont retrouvé leurs écoles dans un piètre état et sont aujourd'hui obligés, eux et leurs institueurs, de payer les frais de la nonchalance et de la démission des responsables du ministère de l'Educations qui ont passé la saisons estivale à attendre que Youssef Chahed trouve un remplaçant acceptable à Slim Khalbouss qui assurait l'intérim de Néji Jalloul durant plus de quatre mois. Et comme l'infrastructure défaillante et le manque d'instituteurs et de professeurs dans plusieurs écoles et lycées ne suffisaient pas, voilà que la télévision, plus précisément la chaîne «Al Hiwar Ettounsi», nous ouvre les yeux lors de son émission «Wahed Minna» (quelqu'un parmi nous) sur une situation le moins qu'on puisse dire dramatique, scandaleuse et inquiétante : «Un instituteur exerçant dans une école primaire rurale dans la région de Jendouba, enseignant la langue française, ne sait pas rédiger correctement une phrase dans la langue indiquée, et la caméra de montrer longuement «la phrase de la honte» bourrée de fautes et en dépit des observations de l'animateur qui a procédé à la correction des fautes en question, l'instituteur responsable de ces fautes était convaincu que celles-ci n'avaient pas d'importance puisque «moi, je suis chargé d'apprendre aux enfants la langue française et peu importe si un S manque ou s'il y a un S de plus», souligne-t-il. Pour le responsable du recrutement et de la formation au sein de la délégation régionale de l'éducation à Jendouba, le problème se situe au niveau «des enseignants suppléants, qu'ils soient instituteurs ou professeurs, qui sont recrutés à la dernière minute pour occuper des postes vacants, essentiellement dans les écoles rurales». «Oui, reconnaît-il, ils manquent d'expérience et aussi de formation pédagogique bien qu'ils soient diplômés de l'université. D'ailleurs, nous allons profiter des vacances de novembre prochain pour organiser à l'intention des suppléants une session de formation pédagogique». Et pour se dédouaner, il souligne : «Le phénomène n'est pas nouveau. Il date de l'ère Ben Ali et nous en subissons les dégâts depuis la fermeture des écoles normales chargées de former les instituteurs et les professeurs». Quand une députée se trompe de terrain Encore un dépassement ou une anomalie ayant pour théâtre notre école. Leïla Hamrouni, la députée du bloc patriotique, s'est rendue au collège «El Bousten» à La Soukra pour «constater un grand nombre de dépassements ainsi que les actes commis par la directrice du collège qui agit comme si elle dirigeait un henchir personnel et traite les élèves comme des serfs à son service». Elle précise avoir répondu à certains parents venus lui demander d'intervenir et de découvrir ce qui se passe au sein du collège : «Vente de cannabis aux élèves, état déplorable des équipements sanitaires, comportement inadmissible de la part de la directrice qui interdit aux filles de s'habiller en short lors des séances d'éducation physique, etc.». Malheureusement pour Leïla Hamrouni et le représentant de la Ligue des droits de l'Homme qui l'accompagnait dans sa visite-inspection, les enseignants du lycée n'ont pas apprécié l'ingérence de la députée justicière et ont décidé une interruption des cours de deux heures dans tous les collèges et lycées de la délégation, en signe de protestation contre le comportement d'une députée «qui s'est trompée de terrain où intervenir, s'arrogeant le droit de violer l'intégrité d'une école, espace où seuls les enseignants et les élèves ont le droit d'y accéder. Une députée a d'autres espaces où elle a le droit d'exercer son droit de contrôle, principalement à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) où elle peut interpeller le ministre de l'Education et dénoncer toutes les erreurs ou insuffisances dont elle est informée», comme le précisent les observateurs interrogés par La Presse. D'ailleurs, l'acte commis par Leïla Hamrouni a déjà produit ses effets : les syndicalistes de l'enseignement secondaire ont pris la décision d'une grève générale, le 9 novembre prochain, dans tous les établissements scolaires de l'Ariana.