Les produits chimiques, dont la production dépasse 400 millions de tonnes annuellement dans le monde, représentent un véritable risque favorisant le développement des maladies professionnelles. L'un des objectifs de ce congrès est de trouver les outils de prévention et de gestion de ces dangers Organisé par la Société tunisienne de médecine de travail (Stmt) et la Société méditerranéenne de médecine du travail (Sommet), le BIT et l'OMS, le congrès méditerranéen de médecine de travail était une occasion pour aborder des thématiques liées aux risques psycho-sociaux en milieu de travail, aux risques professionnels toxiques et biologiques émergents et aux pathologies professionnelles... La seconde partie de la première journée a été consacrée aux tables rondes, pour débattre, en présence de spécialistes internationaux, de la question de « la prévention du risque professionnel et la promotion de la santé globale, un vrai dilemme pour le médecin du travail » et « comment adopter la formation en santé et sécurité du médecin du travail aux besoins actuels et futurs du monde du travail ». Les travaux du congrès ont été inaugurés par le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, qui a donné un aperçu sur la situation de la santé et la sécurité professionnelle en Tunisie. Il en ressort que le taux d'accidents de travil enregistré en 2012 a été de l'ordre de 64.488, contre 35.900 en 2016, alors que le nombre d'accidents de travail mortels a atteint 141 en 2012 contre 98 en 2016. En ce qui concerne le nombre de maladies professionnelles, il a rapidement évolué : en 2012, 1.306 maladies ont été déclarées comme des maladies professionnelles, contre 1.583 en 2016. Le ministre a encore précisé que les produits chimiques, dont la production dépasse les 400 millions de tonnes annuellement dans le monde, représentent un véritable risque favorisant le développement des maladies professionnelles. D'ailleurs, l'un des objectifs de ce congrès serait de trouver les outils de prévention et de gestion contre ces dangers. Lors de la première journée du congrès, le docteur Hatem Ben Mansour, relevant de la direction santé au travail à l'Institut de santé et de sécurité au travail (Isst), a précisé que les risques psycho-sociaux dans le milieu du travail sont considérés comme un phénomène nouveau et ce n'est qu'à partir des années 90 que les effets du stress sur la santé physique et mentale (troubles hormonaux, diabète ,tension....) ont été médiatisés en France, avec la création d'outils et de méthodes de diagnostic des facteurs de risques psycho-sociaux. Comment prévenir une maladie professionnelle ? «Pour prévenir ce genre de maladies, il faut une intervention multidisciplinaire au niveau de l'entreprise (les médecins, les ingénieurs, les psychologues, les ergonomes...) ainsi qu'une politique de santé et de sécurité au travail (SST) axée sur la prévention (aspiration à la source, changer les substances dangereuses par d'autres non dangereuses, la surveillance de la santé des personnes à risques....),sachant que le taux annuel d'accidents de travail est estimé à 42 mille cas par an et au moins 1.000 déclarations de maladies professionnelles par an. Par contre, les maladies mentales ne sont pas reconnues comme maladies professionnelles indemnisables », déclare-t-il. Et de renchérir, «les accidents de travail et les maladies professionnelles ont un impact financier très important aussi bien sur l'entreprise que sur le revenu du salarié, la Cnam, la Cnss et le budget de l'Etat». Le professeur à la faculté de médecine de Sousse, Néjib Mrizak, a expliqué quant à lui que l'un des axes de recherche de la médecine de travail en Tunisie est les cancers. On enregistré 13 mille nouveaux cas de cancers en Tunisie, y compris les cancers professionnels, qui ne sont pas déclarés et recensés. Et on estime qu'environ 10% de l'ensemble de ces nouveaux cas sont dus à leur profession. « On note d'ailleurs le cancer du sang ou leucémie, le cancer des voies aériennes supérieures (nez, larynx...), le cancer de peau, certains cancers pulmonaires...font partie des cancers les plus déclarés en tant que maladie professionnelle et de prise en charge. Néanmoins, les déclarations des maladies engendrées par la profession restent très faibles, probablement par une sous-estimation de ces cancers », nous a expliqué le professeur lors du congrès. Le professeur ajoute que les moyens de prévention contre ces maladies sont techniques et médicales à l'instar du contrôle de l'exposition aux risques cancérigènes dans l'entreprise et le développement d'une stratégie de protection des personnes exposées (visites médicales régulières, les victimes de ces cancers doivent être déclarés dans le secteur privé à la Caisse nationale d'assurance maladie pour la reconnaissance de la maladie et sa prise en charge et indemnisation des victimes).