Suite à l'attaque au couteau de mercredi dernier, les syndicats sécuritaires se sont insurgés et ont appelé, dans un communiqué rendu public, les élus à débloquer la situation et à examiner de manière urgente le projet de loi relatif à la répression des atteintes contre les forces sécuritaires, menaçant de lever la protection des députés et des présidents de parti si leur appel n'est pas entendu. Jour de colère hier pour les forces sécuritaires qui ont rendu un dernier hommage, portant le brassard rouge dans toutes les régions du pays, à leur collègue de la police de la circulation, le commandant martyr Riadh Barrouta, tué au couteau, mercredi dernier au Bardo, par « un terroriste takfiriste », de ses propres aveux, et inhumé au cimetière du Jellaz dans le carré des martyrs, laissant trois orphelins et un quatrième qui va naître dans quelques mois. La colère des sécuritaires ne date pas d'hier. Les attaques terroristes contre les forces sécuritaires et armées sont notoires et les plus sanglantes remontent au Ramadan 2014 au mont Chaambi (14 soldats égorgés et 20 autres blessés) et à l'opération kamikaze du 24 novembre 2015 contre un bus de la garde présidentielle stationné à l'avenue Mohamed-V (12 morts et 17 blessés). La demande insistante des sécuritaires auprès des autorités de tutelle de renforcer leur protection face aux menaces terroristes est restée sans suite. Le projet de loi n°25/2015 relatif à la répression des atteintes contre les sécuritaires est bloqué à l'ARP et fait encore l'objet de grandes controverses : des ONG internationales, dont Amnesty International et Human Rights Watch, s'y opposent farouchement, le qualifiant de répressif. Hormis les déclarations à chaud des officiels, suite aux attaques sanglantes contre des sécuritaires, valorisant leur bravoure et leur patriotisme, aucune décision politique n'est venue à ce jour satisfaire la requête des sécuritaires. Le sentiment d'être la cible, souvent visible, de menaces terroristes ainsi que d'injustices diverses dont la déconsidération de leur travail en première ligne face au terrorisme et de leur rôle dans la sécurisation et la stabilité du pays les a contraints à s'organiser en syndicats, une première en Tunisie, et à hausser le ton pour revendiquer leurs droits. Outre les droits sociaux, ils revendiquent la protection de leur vie et celle des membres de leurs familles Devant la commission de législation générale la semaine prochaine Suite à l'attaque au couteau de mercredi dernier, les syndicats sécuritaires se sont insurgés et ont appelé, dans un communiqué rendu public, les élus à débloquer la situation et à examiner de manière urgente ledit projet, menaçant de lever la protection des députés et des présidents de parti si leur appel n'est pas entendu. Ils se sont dits prêts au dialogue pour améliorer le texte tout en déplorant le refus d'être entendus au sein de l'ARP par les élus de la nation. Après une première déclaration publique du président de l'ARP, M. Mohamed Ennacer, annonçant la tenue d'une prochaine rencontre avec la société civile pour discuter du projet de loi en question, et qui a suscité l'ire des sécuritaires, le bureau de l'ARP a décidé, hier, de présenter une demande urgente à la commission de la législation générale pour l'examen de ce projet de loi. Selon le député Hassouna Nasfi d'Al Horra-Machrou Tounès, la commission se penchera de nouveau sur ce texte au début de la semaine prochaine et pourra même opérer des changements sur son ordre du jour afin d'accorder à la question toute l'attention nécessaire. La commission a entamé depuis juillet dernier l'examen du projet de loi sur la répression des agressions contre les sécuritaires. Plusieurs séances d'audition ont été organisées et une journée d'étude est programmée pour le 15 novembre avec la participation des composantes de la société civile. Le député a tenu à préciser que la décision du bureau de l'ARP n'est pas influencée par les pressions exercées par les syndicats sécuritaires mais intervient à la suite de la rencontre qui a eu lieu la veille entre le président de la République et de chef du gouvernement. La colère dans la rue Des appels « à mort, à mort » ont été lancés, hier, devant le domicile du martyr, par les proches, les voisins, les amis, à l'arrivée du président de la République venu présenter ses condoléances à la famille du martyr. Ces cris de colère ne devront pas être négligés ni par les politiques ni par la société civile. C'est la rue qui parle, qui se révolte. Le débat sur la peine de mort n'est pas clos. La société civile, nationale en l'occurrence, sentinelle des libertés et des droits de l'Homme, ne doit pas regarder la société d'un seul œil et les partis politiques sont appelés à assumer pleinement leurs responsabilités pour que les libertés soient respectées dans la sérénité. La reconnaissance des droits des victimes du terrorisme et de leurs familles doit être valorisée par les deux parties. Il y va de la dignité de tout un peuple. Les sécuritaires sont les sentinelles de la nation et non ses ennemis. La vague d'oppositions que suscite le projet de loi relatif à la répression des atteintes contre les forces armées peut être contenue au sein de l'ARP par des débats sereins et argumentés loin des calculs politiciens et des crises hégémoniques qui secouent le paysage politique et l'action parlementaire. L'intérêt de la nation en cette période où le pays est en lutte, notamment armée, contre le terrorisme n'est pas un vain mot. Et comme il a été jugé nécessaire d'user du consensus politique pour adopter la réconciliation administrative, il sera également possible d'en user pour garantir la sécurité de tous les Tunisiens.