La situation des finances publiques reste difficile en Tunisie, avec un déficit budgétaire qui devrait avoisiner, cette année, les 6% du PIB et une dette publique qui devrait se situer à près de 70%, a affirmé Robert Blotevogel, représentant du Fonds monétaire international (FMI) en Tunisie Prenant part à une table ronde tenue par la Commission des finances à l'Assemblée des représentants du peuple, le Réseau parlementaire du FMI et de la Banque mondiale, Blotevogel a, par la même occasion, souligné que l'inflation constitue également un souci pour les mois à venir. Tempérant ses propos, le représentant du FMI a fait part de prémices tangibles d'une relance économique qui peut dépasser 2% cette année après avoir été de l'ordre de 1%, l'année dernière. Cette reprise de la croissance est due au redémarrage de la production des phosphates, à la reprise de l'activité touristique et à une bonne année agricole, a-t-il précisé. S'attardant sur les perspectives économiques pour l'année prochaine, le même responsable de l'instance financière internationale a appelé à un meilleur partenariat public-privé en vue de relancer la croissance, à contenir le déficit budgétaire, à repenser le déficit commercial, à réformer l'administration et à opérer des réformes fiscales permettant au pays de mieux s'acquitter de ses obligations. Dans leur intervention, les représentants de la Commission des finances ont, tour à tour, indiqué que le gouvernement a présenté une loi de finances qui vise à amorcer une consolidation budgétaire afin de stabiliser les finances publiques. Revenant sur les réformes entamées par le gouvernement, ils ont mis l'accent sur la fonction publique, les entreprises publiques et le système de sécurité sociale, entre autres. Olfa Soukri, membre de la commission des finances à l'ARP, a évoqué des difficultés relatives au recouvrement fiscal, soulignant que le levier fiscal doit être bien étudié. «Il n'y a pas de visibilité dans les réformes. On est dans une course effrénée de réforme après réforme, mais on ne voit pas d'impact sur les finances publiques. Si on veut s'attaquer à la masse salariale, il faut tenir compte des vrais indicateurs de performance et de redéploiement», a-t-elle précisé. Le salut du pays pour la création de l'emploi et des richesses reste tributaire de la relance de l'investissement et du partenariat public-privé, a indiqué la députée. Cette table ronde intervient peu après le séjour d'une délégation du FMI du 26 juillet au 3 août dernier. Cette délégation avait appelé pour des ajustements importants en 2017 et 2018, afin de compenser les dérapages et fixer la masse salariale à un taux de 12 % du PIB en 2020. La masse salariale était à 14,1 % du PIB l'an dernier. La même équipe du FMI avait estimé que des réformes structurelles étaient nécessaires pour assurer une croissance inclusive et un relèvement des niveaux de vie pour l'ensemble de la population. Parmi ces réformes, la modernisation de la fonction publique, la viabilité du régime de retraite et l'élargissement de l'accès au crédit. L'objectif étant de doper la croissance, de réduire les déséquilibres et de dégager des ressources pour financer les investissements prioritaires dans les infrastructures, l'éducation et la santé.