Alors que l'Organisation tunisienne pour informer le consommateur (Otic) vient de lancer un appel au boycott du zgougou, allant jusqu'à avertir qu'il pourrait provoquer des maladies cancéreuses, nous avons interrogé Foued Ajroudi, porte-parole de l'Otic, pour comprendre si la psychose, que cette annonce va créer, est justifiée. Ce produit qui semble au centre de toutes les spéculations, précisément en cette période, est pourtant très anodin. Ce pin d'Alep n'est rien d'autre que la base de ‘'assidat zgougou'', ce dessert tunisien au goût de résine préparé à l'occasion de la fête du Mouled, une sorte de crème brun-gris en plus de farine, lait concentré, sucre, essence de fleur d'oranger puis décorée de toutes sortes de fruits secs et de minuscules bonbons colorés. Alors, pourquoi un tel avertissement de la part de l'Organisation tunisienne pour informer le consommateur (Otic) qui crie à la spéculation et au cancer ? Foued Ajroudi, son porte-parole, nous répond. En vérité, c'est un communiqué rendu public il y a deux jours qui a mis le feu aux poudres, en appelant au boycott du zgougou pour deux raisons essentielles : la hausse spectaculaire des prix à l'approche de la fête du Mouled, et la présence d'aflatoxine qui pourrait provoquer des maladies cancéreuses. C'est sur cette dernière allégation que nous interrogeons Foued Ajroudi, porte-parole de l'Otic, qui nous répond clairement : «Les stocks vieux de 18 mois pourraient contenir de l'aflatoxine qui est un facteur cancérigène. Il faut comprendre que la quantité actuelle de zgougou dépasse de 40% la demande nationale, et cela veut clairement dire qu'une partie importante de ce qui est proposé au Tunisien provient de l'ancienne récolte. Et c'est un grave problème, car nous savons tous, et nous en avons les preuves aussi, que ces quantités cueillies depuis dix-huit mois ont été entreposées dans des conditions chaotiques, exposées à l'humidité et pire encore». Selon M. Ajroudi, ces conditions sont le vivier qui pourrait générer de l'aflatoxine ; qui est une mycotoxine produite par des champignons proliférant sur des graines conservées en atmosphère chaude et humide et qui est nuisible aussi bien à l'homme qu'à l'animal, et possède un pouvoir cancérigène élevé. «Il est absolument nécessaire que les organes de contrôle des ministères du Commerce et de la Santé assument pleinement leurs responsabilités et multiplient les contrôles sur la totalité du segment conditionnement/transport/distribution. Des prélèvements doivent cheminer immédiatement vers le laboratoire central pour que nous puissions en avoir le cœur net. On ne doit pas rigoler avec la santé des Tunisiens», regrette M. Ajroudi. Spéculation, origine du mal Selon notre interlocuteur, l'origine du mal se situe dans les grands cercles de la spéculation qui tenaillent désormais la Tunisie et qui ne laissent nulle place où leur cupidité et leur mépris des lois ne passent et repassent. «Il s'agit de réseaux de monopole qui ponctuent la hausse injustifiable des prix de vente et qui semblent largement profiter de la situation actuelle qui a transformé les mécanismes de régulation en mécanismes de spéculation. Nous venons, à l'Otic, de constater qu'à la date du 8 novembre (hier), le prix du kilo de zgougou est en hausse franche de pas moins de 7 dinars comparé au prix de 2016. De 14 à 15 dinars le kilo, nous voici au prix de 22 à 25 dinars. L'Etat doit agir, il en a les moyens, à commencer par sa latitude à octroyer les licences ad hoc, son devoir est de réactiver les sanctions administratives et de fermer carrément les commerces qui se révèlent impliqués dans n'importe quel monopole, il doit également intensifier les contrôles d'hygiène dans les différents circuits de stockage, de transport et de distribution», commente M. Ajroudi. Ce ne sont pas les seuls reproches que l'on pourrait faire au zgougou, car cette mixture traditionnelle n'est pas conseillée à tous, notamment pour ses teneurs sucrées car, selon l'Institut national de la consommation, 100 grammes fournissent près de 595 calories, soit 25% de l'énergie quotidienne nécessaire à un adulte, et 275 calories sans les ornements.