Les actes liés à la violence ont augmenté entre 2016 et 2017. Début novembre, des actes de braquage dans des quartiers huppés et sécurisés de la capitale ont inquiété la population locale, sur fond de regain de la délinquance urbaine. Une dame âgée a été braquée par de jeunes délinquants qui l'ont agressée et volé sa voiture. La même semaine, une série de voitures ont été saccagées par des délinquants au Lac 2, près du complexe commercial Tunisia Mall. La liste n'a cessé de s'allonger au fil des jours, pour ce qui est devenu une semaine noire, dépassant les simples fait divers. Un témoignage retrouvé sur les réseaux sociaux raconte les dégâts : «Sept voitures ont été attaquées, dont la mienne, avec vol de roues de secours, de crics, ainsi que les effets à l'intérieur, les papiers, l'argent». Des efforts louables Sur un ton plus rassurant, on apprend que des mesures seront prises pour renforcer la sécurité, de l'aveu de Khalifa Chibani, porte-parole du ministère de l'Intérieur, dans les quartiers sensibles et les cités. Il affirme que la violence existe, partout, dans le monde, de façon transversale. Elle est devenue monnaie courante. Pour autant, il ne faut pas renoncer à rétablir la sécurité et « prendre le taureau par les cornes ». Ces quatre dernières années, les vols et les braquages sont en expansion, c'est un fait indéniable. Les crimes à l'arme blanche aussi, comme en témoigne la dernière agression sur les deux agents de police en début de mois ayant causé la mort de feu commandant Riadh Barrouta, mortellement blessé au couteau, par un takfiriste. Cependant, M Chibani demeure serein en pensant qu'il arrive qu'un fait divers prenne une ampleur considérable et disproportionnée, dépassant le cadre du simple phénomène de braquage, d'agression ou de petit crime. Il se veut rassurant. « Il y aura, de toute évidence, d'autres situations de ce genre lié à la criminalité, quand bien même cela ne devrait exister nulle part, quels que soient le standing et le niveau de vie du quartier. Il y a eu des campagnes, dans les métros, dans le transport public, dans les écoles, alors que cela n'existait pas auparavant. Aujourd'hui nous avons même une charte qui prévoit le renforcement et le déploiement du dispositif sécuritaire». La violence a grimpé de 60% La Presse a, par la suite, contacté par téléphone, M. Walid Lahkim, porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale, rattaché au ministère de l'Intérieur, pour obtenir plus d'éclaircissements. La police, qui rafle à tour de bras et qui place en taule, les plus redoutables délinquants, se retrouve esseulée dans son noble exercice de maintien de la paix sociale. C'est que sans concours et l'appui d'un progrès économique, d'une amélioration sur le plan social, d'une meilleure vie dans les familles et les quartiers urbains, leurs efforts restent parfois vains. Dans un cri de colère, M. Lahkim déplore le fait de voir les instances sécuritaires, systématiquement pointées du doigt, lors de nouvelles vagues de violence ou de recrudescence des agressions et braquages alors que les efforts se sont intensifiés au niveau du ministère pour garantir la sécurité des citoyens. «Nous sommes partis en guerre, depuis plus d'un mois, contre toutes les formes de criminalité. Il faut signaler que nous avons enregistré une hausse de 60% des actes de violence entre 2016 et 2017». Le taux de violence ne fléchira point, selon ses dires. Il considère que la solution n'est pas entre les mains des forces de sécurité qui vise à réduire la criminalité. Les braquages et les vols ne vont pas s'arrêter. Malgré la présence de la police, pas d'arrêt de la spirale de la violence. «Il y a des semaines, où ça s'embrase et des semaines de calme absolu». Selon le responsable, la société civile doit agir et réagir. «Je me demande où est l'implication des associations de lutte contre la violence. Quand on voit ce qui se passe pour la protection des femmes, contre le harcèlement dans les transports publics, ou la lutte contre le cancer du sein, le décalage est grand». Pour justifier le phénomène de la violence urbaine dans nos villes, il l'explique en adoptant le jugement, d'un esprit cartésien, d'un criminologue, par analogie avec le mathématicien. En période de crise économique, comme actuellement en Tunisie, le banditisme monétaire prend de l'appétit. Vols, braquages, chèques en bois ou sans provision sont le lot du quotidien d'un pays, en récession économique. Les fléaux du chômage, de la violence de rues, de quartiers, la pauvreté et la mendicité rejaillissent par désenchantement. M. Lahkim a raconté une anecdote, qui prouve que le mal est ailleurs... «A Médenine, une ville du sud tunisien, connue pour son conservatisme et son esprit traditionnaliste, qui y règne, on a vu un collégien agresser, au couteau son enseignant. Ce qui est chose nouvelle». Il termine en appelant la population à arrêter, sine die, de harceler les forces de l'ordre, sous prétexte qu'elles manqueraient à leurs devoirs alors que ce n'est pas le cas.