Même si la Tunisie est pionnière en Afrique en matière d'industrie pharmaceutique, elle a du pain sur la planche pour faire évoluer ce secteur vers une meilleure compétitivité et bien se positionner dans le marché international. Le secteur pharmaceutique présente une véritable opportunité de croissance qui reste encore sous-exploitée. Il couvre actuellement environ 49% des besoins du pays en médicaments, essentiellement en génériques. Selon le diagnostic sur la compétitivité sectorielle, réalisé par la Banque mondiale en 2014, l'industrie pharmaceutique emploie 6.000 personnes dont 38 % sont hautement qualifiées, avec des salaires parmi les plus élevés en Tunisie. Notre pays compte désormais 40 laboratoires pharmaceutiques qui produisent des médicaments à usage humain et vétérinaire. La production des médicaments humains est en perpétuelle croissance depuis l'année 2000, avec un rythme annuel soutenu qui avoisine en moyenne 15%. En 2015, l'investissement étranger dans le secteur pharmaceutique s'est élevé à 14,3 millions de dinars. Cependant, en dépit de ce remarquable potentiel, l'exportation des médicaments génériques demeure encore insuffisante. C'est un manque à pallier pour la croissance économique tunisienne. 17% distribués dans les officines En effet, 6% seulement des médicaments produits localement sont destinés à l'export et 17% sont distribués dans les officines tunisiennes. Un taux d'exportation faible par rapport à d'autres pays de la région Mena telle la Jordanie dont le taux d'export s'élève à 48 % des médicaments produits localement. Pourtant, la Tunisie est pionnière en Afrique, en matière de production pharmaceutique générique. «La Tunisie a été le premier pays à développer l'industrie pharmaceutique en Afrique. Nous étions parmi les pionniers en la matière et il est grand temps d'aller de l'avant pour faire de cette industrie un moteur de croissance et de développement», a déclaré Inès Fradi, directrice générale de la Direction de la Pharmacie et du médicament (DPM), lors de la tenue des travaux du Dialogue public privé (DPP) sectoriel. Le tissu économique dans le secteur pharmaceutique présage une croissance considérable, qui est, toutefois, tributaire d'une relance de l'exportation. A cet égard, le Dialogue public privé a été lancé en janvier 2016 pour élaborer de nouvelles politiques qui renforcent la compétitivité du secteur pharmaceutique. Les travaux du DPP sont toujours en cours. Délai de l'autorisation réduit Durant plus d'un an et demi, 40 réunions public-privé ont été organisées impliquant près de 15 institutions. Ces travaux ont abouti à un plan d'action qui vise essentiellement à optimiser les procédures d'Autorisation de mise sur le marché (AMM), la condition sine qua non de la commercialisation d'un nouveau produit pharmaceutique dans le marché local mais également à l'étranger. Les procédures des dossiers d'AMM ont été longtemps un véritable ralentisseur à la commercialisation et à l'exportation des nouveaux médicaments produits. Cependant, grâce au plan d'action élaboré suite aux travaux des DPP, le ministère de la Santé a pu réduire les délais du traitement et de réponse des dossiers d'AMM de 3 ans à une année seulement, en mai dernier. Le ministère vise actuellement à baisser davantage les délais du traitement des dossiers d'AMM jusqu'à 6 mois. Dr Hanène Hachicha, responsable du service marketing au sein du laboratoire Opalia Pharma, affirme, pour sa part, que la numérisation du secteur de la santé est primordiale pour le passage à un niveau supérieur dans le secteur pharmaceutique. «Réduire l'importation des dispositifs médicaux, qui sont classés comme des produits de confort, moderniser et numériser l'administration, notamment celle de la santé, sont les principaux points à traiter dans l'immédiat pour promouvoir la production des médicaments génériques en Tunisie et booster l'exportation vers les pays de l'Afrique subsaharienne et ceux de la région Mena», a-t-elle précisé. Ainsi, pour une meilleure compétitivité des médicaments génériques tunisiens sur les marchés mondiaux, la Tunisie doit miser sur la qualité de son produit pharmaceutique. Cela ne peut se faire qu'en révisant le cadre réglementaire et institutionnel pour se conformer aux standards internationaux.