Après les ferveurs mondialistes, brutal retour sur terre avec les rigueurs du championnat national qui reprend cet après-midi. Le 5e Mondial auquel va participer l'équipe de Tunisie va-t-il servir de cache-misère ou d'anesthésiant ? Il ne risque pas de tout résoudre, l'éclaircie que chacun est en droit d'attendre n'étant que celle d'un jour, brève et relative. Par gros temps, la Ligue 1 revient au galop. Elle nous a abandonnés le temps d'un rêve, d'un sourire redessiné sur le visage des Tunisiens. Mais on va vite devoir affronter la réalité amère de notre foot de tous les jours. Les quatre grands animateurs du championnat sont tous en butte à des soucis d'entraîneur. Leur élimination africaine a provoqué l'effet d'un séisme. Si le Club Sportif Sfaxien a réglé ce problème en installant à la tête de sa barre technique, à la place du Portugais José Da Mota, un jeune coach qui perce et qui n'a pas fini d'étonner, Lassaâd Dridi, les trois autres membres de la Bande des quatre hésitent encore. A l'Espérance Sportive de Tunis, Faouzi Benzarti est de plus en plus contesté. Y compris dans les matches amicaux. Il est clair que le courant ne passe plus avec les supporters. L'Etoile Sportive du Sahel tergiverse et prend un temps fou à trancher quant à l'avenir du Français Hubert Velud. Elle installe un entraîneur adjoint (Ali Boumnijel), un président de section FB (Mehdi Laâjimi), un président de la commission consultative des recrutements (Zoubeir Beya) sans que l'on puisse savoir exactement s'ils vont pouvoir travailler avec Velud ou avec son éventuel successeur. Au Club Africain, la situation est encore plus compliquée. Le club de Bab Jedid n'a ni président ni entraîneur. D'ailleurs, tout le monde est d'avis que Marco Simone est condamné et que s'il est encore là, c'est tout juste parce qu'il n' y a plus personne pour prendre la décision de son remerciement. Et la loi des associations sportives ? Les problèmes d'infrastructure reviennent régulièrement au premier plan. Dès que le stade de Radès est fermé comme c'est le cas aux lendemains du match Tunisie-Libye, on se rabat sur le stade d'El Menzah dont on connaît la situation puisqu'il ne sert plus que pour quelques rencontres à huis clos, ou pour les besoins des matches amicaux livrés par les clubs ou les sélections des jeunes. C'est ainsi que le Club Africain va s'y produire demain vendredi à huis clos contre l'Union Sportive de Ben Guerdane. Les petits clubs vivent, eux, une situation financière dramatique, n'arrivant plus à payer leurs joueurs. Du coup, ceux-ci recourent de plus en plus à l'arme de la grève des entraînements. Les plaintes déposées par les joueurs et entraîneurs devant les juridictions sportives (commission nationale des litiges relevant de la FTF, chambre de résolution des litiges relevant de la Fifa...) ne se comptent plus. Le football tunisien bat par ailleurs tous les records en matière de plaintes et de recours devant le Tribunal arbitral du Sport. La violence dans les stades passe désormais pour être un fidèle compagnon de route de nos dimanches de foot. Tout cela, ce n'est pas le joli pactole de plus de 20 millions de dinars, montant de la dotation revenant à chaque pays participant à la Coupe du monde, qui va le résoudre. C'est au contraire la conséquence d'une accumulation de retards en profondeur touchant les indispensables réformes et le travail de réflexion, notamment pour transformer et adapter aux contraintes actuelles le statut juridique des associations sportives et du sport. La loi actuelle des associations sportives a fait son temps. Puisse cette qualification donner un coup de fouet à cette réforme tant attendue ! Le reste suivra...