Par Jalel Mestiri Jouer en équipe nationale ou en club est une perpétuelle remise en question. Le seul moment où un joueur n'a plus rien à prouver, c'est quand il arrête... Lorsque l'on soulève le couvercle de la sélection, l'on ne peut se retenir devant le travail qui reste encore à faire. La qualification au Mondial ne peut, ne doit constituer l'arbre qui cache la forêt. Il convient de souligner à cet effet l'importance de l'ambiance et de la sérénité qui doivent prévaloir au sein du groupe. La sélection a aujourd'hui ses certitudes. Mais au-delà des constats et des jugements, ceux qui font comme toujours de l'équipe nationale un sujet de réflexion, il devrait y avoir forcément des priorités autour de l'équipe, de la définition des rôles et des exigences stratégiques. On le sait déjà, la sélection sait retenir l'attention. Elle sait aussi maîtriser son sujet. Mais elle n'est pas encore en mesure de gagner par K-O. Il lui arrive aussi de dominer, sans pour autant trancher. Elle suscite autant le respect que la crainte. Elle est bonne à prendre, mais son rayonnement n'est pas écrit d'avance. Telle qu'elle se revendique aujourd'hui, elle devrait pouvoir répondre aux contraintes et aux exigences bien spéciales. A ce niveau, elle peut des fois aller loin, aussi loin que pourrait lui permettre son intérêt pour le jeu, pour l'inspiration, pour la créativité. Comme elle peut à tout moment lâcher ses fondamentaux... La question qui ne cesse de revenir et sur laquelle les interprétations divergent concerne l'effectif et l'hypothèse de le renforcer, notamment avec de nouveaux expatriés. Il faut dire que cette notion de dualisme entre les joueurs locaux et ceux évoluant à l'étranger n'est pas nouvelle en sélection. Depuis quelques années, l'on ne manquait pas de la considérer comme étant l'une des principales singularités de l'équipe nationale. Y a-t-il un risque dans la convocation de nouveaux joueurs après la qualification au Mondial ? La réponse la plus évidente, et surtout celle qui s'applique aussi bien au pour et contre, fait état de règle générale et absolue : pas de sentiment dans le sport. Cela veut dire que si la sélection a vraiment besoin de renfort, on ne peut ignorer le concours de n'importe quel joueur. Qu'il soit expatrié ou local. Le contraire est aussi valable. « Deux poids, deux mesures » n'a jamais servi l'intérêt de n'importe quelle équipe. Cette règle n'a jamais manqué de validité empirique dans le football. Même s'il est arrivé parfois à certains sélectionneurs de succomber à une sorte de différenciation qui a touché ce qu'on a pris l'habitude d'appeler communément les locaux et les «étrangers», au moment où certains étaient frappés au sceau des appréciations démesurées et effrénées d'un côté comme de l'autre. Même si on parvient à trancher à ce sujet, il serait quand même impératif d'assurer un certain équilibre pour que telle ou telle décision ne puisse pas masquer une autre réalité ; celle des laissés-pour-compte comme tous ces joueurs ayant pris part à la campagne du Mondial et qui risquent de se voir écarter du groupe à la dernière minute. Il faut dire qu'évoluer en club n'a pas parfois la même vocation que celle de la sélection. Pour certains, on leur reconnaît le talent, mais on attend encore la confirmation. D'ailleurs, s'ils n'avancent pas, ils risquent de céder leur place. Jouer en équipe nationale ou en club est une perpétuelle remise en question. Le seul moment où un joueur n'a plus rien à prouver, c'est quand il arrête.