L'heure est venue aujourd'hui de se poser de bonnes questions. A-t-on vraiment les joueurs de la situation? Le jeu de la sélection peut-il briller sous la bagatelle des joueurs choisis? La relève est-elle prête? Les hommes vont, les hommes viennent, mais l'équipe de Tunisie continue à jamais. Voilà en clair un exercice obligé pour la sélection: promener à la fois l'encensoir autour de son cher passé et le télescope en direction de son avenir. On ne sait jamais le visage que prennent les partants, mais la vie et l'intelligence du vécu survivront à tout. L'équipe de Tunisie tourne la page de la CAN et ouvre aujourd'hui une autre où l'on découvre de nouvelles prérogatives, et certainement de nouvelles priorités. Cela nous offre inéluctablement de nouveaux trajets de pensées et de stratégies, de nouveaux trajets de parcours. Il y a certainement des leçons à retenir du passé. On ne saura en effet ignorer le fait d'avoir fait un fort mauvais usage des notions de jeu. Une équipe peut gagner quelques matches en jouant le contre, mais pas en permanence. Le contre, on peut l'utiliser de temps en temps, mais pas au point d'en créer un système. L'on remarquera en passant qu'on ne fait pas disparaître magiquement les réalités auxquelles correspondent cependant certaines exigences de jeu. Aussi, le choix des joueurs et la répartition des rôles qui nuisent au jeu ne sont en aucun cas un phénomène naturel. Ils résultent des effets conjugués d'inspirations tactiques insuffisantes, de modalités et de stratégies mal pensées. Au fond, le mérite auquel peut aspirer la sélection ne peut pas être seulement lié aux résultats, ou encore à une régularité dans le rendement. C'est une philosophie de jeu,. Une vocation. Un style plus qu'un mode de comportement. Les deux matches, respectivement face au Japon et à la Chine, peuvent servir pour annoncer la renouveau d'une sélection en pleine évolution. Une sélection capable d'épouser tous les styles, jouer tous les rôles. Que ce soit en match officiel, ou en amical, l'équipe de Tunisie aurait toujours besoin de s'imposer sur le terrain. Plus que dans les clubs, les joueurs n'ignorent pas, qu'au stade où ils sont et à travers leur statut, qu'ils sont constamment attendus. Chaque apparition constitue une perpétuelle remise en question et une nouvelle opportunité pour regarder devant. C'est une conscience au quotidien. De manière générale, le seul moment où un joueur n'a plus rien à prouver c'est quand il arrête. La fin et le commencement... Dans sa nouvelle phase, la sélection n'a plus d'autres alternatives que d'améliorer son fond de jeu. Sa manière de jouer ne peut réellement prendre forme que lorsqu'on sent sur le terrain qu'il y a onze capitaines, même s'il y a un seul désigné pour cela. Tous les joueurs sont là pour s'entraider. Chacun aurait besoin forcément de l'autre. C'est ce qui fait incontestablement avancer l'équipe. Des fois et à travers certaines options tactiques, cette dernière a lâché ses fondamentaux et commis l'énorme erreur de penser que l'impératif du résultat entraîne des obligations dans le jeu. L'heure est venue aujourd'hui de se poser de bonnes questions. A-t-on vraiment les joueurs de la situation? Le jeu de la sélection peut-il briller sous la bagatelle des joueurs choisis? La relève est-elle prête? On a intérêt à y voir de près, pour faire le point et peut-être aussi les comptes. Rendre les choses à leur juste valeur et leur place réelle en commençant par les détacher de tout ce qui est de nature à les conditionner outre mesure. C'est l'impératif de cette équipe, pas seulement de jouer, mais aussi et surtout de redevenir elle-même. Elle n'est pas appelée à révolutionner son football, le temps n'est peut-être pas encore venu, mais à inventer un genre qui lui soit propre. Le mythe de la sélection va-t-il survivre à sa vérité? L'esprit de jeu et l'incarnation d'un moment historique sont de mise. Une équipe qui reste de toujours et de partout. Avec notamment la capacité pour réussir. Surtout quand elle place le contexte dans le jeu plus que l'enjeu. L'idée est que la réforme en acte soit nourrie à la fois d'expérience et de stratégie. Un convulsif, compromettant certes, mais compromis. L'important aussi dans tout cela est que le sélectionneur et ses joueurs puissent travailler en étant moins traqués, et qu'ils ne soient pas surtout au centre des critiques destructives. Réduire le sort de la sélection à celui d'une rencontre ou d'une prestation a pour effet de transformer les matches en absurde quitte ou double, faisant oublier l'essentiel: l'équipe sur le terrain. Notre souhait le plus ardent est que l'on parle plus de l'équipe et moins des individualités. Il faut dépersonnaliser l'équipe de Tunisie. Il serait grand temps...