Donner un cap et une épaisseur à l'équipe Comme attendu depuis le match héroïque disputé au Congo, notre sélection nationale a fini le job face à la Libye, se qualifiant pour le Mondial sans trop forcer, tout en étant sujette à interrogation. Un chantier attend forcément Nabil Maâloul pour que son équipe soit compétitive en Russie. Récemment, face à la Libye, cela aurait dû être une fête. Une communion. Il n'en a rien été. Hormis une grosse clameur, quelques drapeaux agités et un rapide «clapping», le passage au Mondial n'a pas été accueilli par un enthousiasme débordant dans les travées du Stade de Radès où les supporters étaient tiraillés entre plusieurs sentiments. D'abord la joie de voir leurs protégés se qualifier pour le Mondial 2018, puis la frustration d'avoir encore assisté à une prestation bien terne et enfin de l'agacement et un goût d'inachevé au coup de sifflet final. Quels joueurs pour la Coupe du monde 2018? La question revient actuellement sur toutes les lèvres. S'il faut évidemment se réjouir de voir la Tunisie composter son billet pour la Russie, il est tout aussi légitime de s'interroger sur son niveau dont les résultats plaident toutefois en sa faveur. Après avoir remis sur pied un collectif antérieurement traumatisé et grippé par le passage du Franco-Polonais Henri Kasperczak, Nabil Maâloul eut le mérite de guider ses hommes jusqu'à la prochaine Coupe du monde. Le tout en terminant en tête d'un groupe plutôt relevé où il a fallu batailler jusqu'au bout avec la RDC. Des Aigles en pilotage automatique! Maintenant, il ne faut pas faire la fine bouche. La qualification est en poche sans sueurs froides et c'est l'essentiel, mais c'est à peu près tout ! Hormis face à la RDC, les Tunisiens n'ont jamais donné l'impression d'avoir progressé lors des éliminatoires et Maâloul continue de tâtonner. Car face à la Libye, l'équipe de Tunisie nous a donné très peu d'occasions de nous réjouir. Même contre les Libyens à l'aller, il ne faut pas oublier que l'adversaire a joué à dix la plupart du temps, alors que les nôtres n'ont fait la différence que grâce à un penalty litigieux provoqué par Khenissi et transformé par Khazri. Les puristes attendent donc que Maâloul donne un style à son équipe. Car les observateurs ont le sentiment que l'équipe est en pilotage automatique. Il y a des individualités qui peuvent faire la différence à tout moment, mais on manque encore de certitudes sur le plan collectif. Sur ce, il n'y a pas vraiment de joueur « fuoriclass » au sein de notre sélection. Et, en Russie, les nôtres vont s'attaquer à du lourd. D'où la question relative aux éventuels renforts. Des joueurs tels que Larry Azouni, Moez Hassan (gardien), Hamza Younes, Dylan Broon (La Gantoise), Saber Hraiech, Ben Othman (qui a déjà été sélectionné un temps), Harbaoui, Issam Jebali, Idriss Mhirsi, Haikel Chikhaoui, Karim Laribi, Nidhal Said, Jordan Amavi, Seif Khaoui, Karim Rekik, pour ne citer que ceux-là, peuvent apporter le plus escompté, quoique leur convocation pourrait faire jaser... Il faut comprendre que les présents en sélection verraient d'un mauvaise œil l'appel de joueurs qui n'ont pas participé aux éliminatoires du Mondial. Ce faisant, malgré tous ces outils à sa disposition, Maâloul n'est pas encore arrivé à trouver la bonne formule surtout en attaque. Sur le papier, les attaquants tunisiens n'ont pourtant pas grand-chose à envier à ceux du Nigeria et du Maroc. Mais forcément, sans être prétentieux, Maâloul doit s'activer à faire de son équipe un onze compétitif, solide et surtout efficace. L'objectif est de construire un onze porté vers l'avant et qui s'attache à produire un jeu léché. Au vu de leur potentiel, les Tunisiens peuvent être dans la position d'un outsider en quête de repères. Mais avec des renforts, elle gagnerait en assurance. Un style bien défini On ne peut pas enlever à Maâloul sa culture de la gagne, ni le fait qu'il réponde présent dans les grands rendez-vous. Mais sur la durée, pour avoir des résultats, c'est mieux d'avancer avec une équipe qui s'appuie sur un style bien défini. Car si on a de l'ambition et qu'on a envie que notre équipe retrouve une certaine grandeur footballistique, ce ne sera possible qu'avec de grands joueurs. Bref, il faut que Maâloul ait un objectif de résultat et de qualité de jeu. Point positif actuellement, le sélectionneur tunisien a semblé prendre conscience que son équipe avait effectivement du travail devant elle pour pouvoir jouer un rôle intéressant en Russie. Reste maintenant à savoir si les quelques mois qui séparent les Tunisiens du Mondial seront suffisants pour que le coach règle les problèmes qu'il n'a pas su résoudre jusqu'à présent. Et les chantiers sont nombreux puisqu'il lui faudra notamment trancher à tous les niveaux, toutes les lignes de jeu. Disposer d'un grand gardien (Moez Hassan), dénicher des alternatives pointues, trouver des milieux complémentaires à la récupération, déterminer le meilleur poste de Youssef Msakni, bref, donner un cap et une épaisseur à son équipe. Une nécessité pour espérer atteindre le second tour en Russie. Pour montrer qu'il ne navigue pas à vue et faire des nôtres des candidats crédibles au rêve, Maâloul doit s'atteler à renforcer son groupe. Sans oublier aussi qu'au cours de l'année, certains internationaux auront besoin de souffler. Enfin, volet matchs amicaux, il faudra se mesurer à des adversaires de qualité pour savoir où se positionner sur l'échiquier mondial. Faire honneur au pays Grosso modo, en clair, à quelques mois du début du Mondial en Russie, certains joueurs sont déjà assurés qu'ils seront du voyage. Pour d'autres, la route s'annonce encore longue. Et maintenant que la campagne des éliminatoires est à peine terminée, Maâloul doit déjà penser à la suite. Le sélectionneur doit s'activer à concocter la liste des 23 joueurs qui fera honneur au pays. Cependant, même si l'échéance peut sembler lointaine, certains noms apparaissent d'ores et déjà comme des évidences. D'autres le deviendront dans les prochaines semaines. Des tauliers, il y en aura toujours. Et même si certains ont une longueur d'avance sur leurs principaux rivaux, ils devront rester réguliers pour conserver leur statut. Exemple en défense. Si l'on considère qu'il y a huit places à prendre derrière, quatre semblent déjà réservées, quoique personne ne soit intouchable, à part Ali Maâloul et Mehdi Meriah. Pour les autres, s'ils sont quelque peu nombreux, aucun ne s'est encore détaché. Il y a parfois des choix par défaut mais ce n'est pas forcément courant au sein du Team Tunisie. Certes, certains expatriés livrent de bonnes copies dans leurs championnats respectifs. Il faudra garder un œil sur eux, car la page n'est jamais fermée. Au milieu, la configuration est assez simple puisque trois joueurs peuvent déjà préparer leurs bagages pour la Russie. À moins, là encore, d'un pépin physique, ou de grosses contre-performances de Ferjani Sassi, Châalali ou Wahbi Khazri. Certes, Badri monte en grade et Ben Amor et son coéquipier Naguez sont des piliers depuis un temps déjà. Mais il faudra s'affirmer sur la durée pour devenir un indéboulonnable de l'équipe de Tunisie. Au sein du groupe Tunisie, personne ne peut se targuer d'avoir les faveurs du sélectionneur. Certains ont certes pris de l'avance mais le onze flanqué de l'étoile et du croissant, ça se mérite. Chez les attaquants, Maâloul n'a pas vraiment l'embarras du choix. Il commencera évidemment par retenir Sliti, le fer de lance et le tandem Touzghar-Ben Youssef pour l'épauler. Derrière, l'artificier Youssef Msakni est quant à lui intouchable. Le choix du lutin qui évolue au Qatar apparaît comme évident. Bref, Msakni n'a pas trop de soucis à se faire. Les Tunisiens ne peuvent pas se passer de sa technique, de son explosivité et de son sens du but.